Le Saint-SIège invite au dialogue pour résoudre les malentendus autour de la « suspension » du Grand chancelier de l’Ordre de Malte, révèle The Tablet (Christopher Lamb) dans son édition du 5 janvier 2017. Une suspension qui doit être « suspendue » demande le Vatican qui a institué une Commission pour examiner le cas.
Le quotidien britannique affirme avoir lu deux lettres du cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin à propos de la suspension pour laquelle le pape a demandé une enquête le 22 décembre 2016.
« Dans sa sollicitude pour l’Ordre souverain militaire de Malte », qui compte parmi ses fins « le service de la foi et du Saint-Père », pouvait-on lire dans un communiqué, le pape François a constitué un groupe de cinq membres « faisant autorité ». Il s’agit de Mgr Silvano M. Tomasi, ancien représentant du Saint-Siège à l’ONU à Genève, du jésuite Gianfranco Ghirlanda, un canoniste, tous deux italiens, et de trois laïcs : Jacques de Liedekerke (Belgique), Marc Odendall (Genève) et Marwan Sehnaoui (Liban).
Ils sont chargés de « recueillir des éléments aptes à informer le Saint-Siège de manière complète et dans les meilleurs délais sur l’affaire qui a récemment concerné le Grand chancelier Albrecht von Boeselager ».
Ce dernier a cessé d’occuper son poste le 8 décembre 2016, après une procédure disciplinaire déclenchée à son encontre le 6 décembre par le Grand Maître Matthew Festing qui estimait, en accord avec le cardinal Raymond Burke, Patron de l’Ordre de Malte depuis 2014, – toujours selon Te Tablet – répondre à un vœu du Saint-Siège en limogeant le Grand Chancelier : une décision que ce dernier conteste comme anticonstitutionnelle et comme relevant d’un régime « autoritaire ».
Dans un communiqué publié le 13 décembre dernier, le Grand Maître de l’Ordre, Fra’ Matthew Festing (Royaume-Uni), faisait état de « graves problèmes ayant eu lieu pendant le mandat de Boeselager en tant que Grand Hospitalier » de l’Ordre. Selon Fra’ Matthew Festing, une « situation extrêmement grave et insoutenable concernant la position d’Albrecht von Boeselager », avait exigé la démission du Grand Chancelier, « ministre des Affaires étrangères » et « ministre de l’Intérieur » de l’Ordre, celui-ci ayant refusé, une procédure disciplinaire a été lancée pour le suspendre.
Lors d’une réunion à Rome le 14 décembre, le Souverain Conseil de l’Ordre hospitalier a nommé Fra’ John Edward Critien (Malte) Grand Chancelier par intérim.
Le litige serait survenu, explique The Tablet, après la découverte d’une distribution de préservatifs dans trois projets humanitaires de l’Ordre, en Birmanie (Mayanmar). Le Grand chancelier s’en est expliqué en disant que la distribution s’est faite à l’insu de l’Ordre de Malte et que quand la chose a été révélée par un audit de routine, l’Ordre a immédiatement mis fin à deux de ces projets. Le troisième projet concernait des services médicaux dans une région très pauvre : la question a été soumise à un comité d’éthique de l’Ordre de Malte. Le projet a finalement été également abandonné.
Or, toujours selon la même source, le cardinal Parolin a écrit au Grand Maître Festing juste avant la mise en place de la commission, indiquant que le pape n’avait en aucune manière voulu le limogeage de M. von Boeselager. Le quotidien cite, en anglais, une lettre du Secrétaire d’Etat en date du 21 décembre: « Je souhaite tout d’abord réitérer que ces mesures [la suspension, ndlr] ne doivent pas être attribuées à la volonté du Pape ou à ses directives. »
Une lettre qui renvoie à un courrier précédent, du 12 décembre : « Comme je vous l’ai exprimé dans ma lettre du 12 décembre 2016, « pour ce qui concerne l’utilisation et la diffusion de méthodes et de moyens contraires à la loi morale, Sa Sainteté a demandé le dialogue comme une voie pour gérer et résoudre d’éventuels problèmes. Mais il n’a jamais parlé de renvoyer quelqu’un ». » C’est pourquoi il invite à considérer les mesures contre le Grand Chancelier comme « suspendues » jusqu’à ce que la commission papale fasse la lumière.
Or, dans une déclaration du 23 décembre, le Grand Maître Matthew Festin estimait que l’affaire était « interne » et que le Vatican en devait pas intervenir. Cependant le cardinal Parolin fait observer que les Chevaliers appartiennent à un Ordre qui inclut « le service de la foi et du Saint-Père » ce qui suppose que le Saint-Siège ait autorité dans ce cas.
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Ordre de Malte: le Saint-Siège veut privilégier le dialogue
Le pape François n’a pas voulu le limogeage du Grand Chancelier