Le pape rencontre les enfants malades de l'hôpital Bambino Gesù, capture CTV

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"Une vie sans rêves n’est pas digne de Dieu"

Texte du discours préparé pour la communauté de l’Hôpital Bambino Gesù

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« Une vie sans rêves n’est pas digne de Dieu ; une vie fatiguée et résignée, où l’on se satisfait, l’on vivote sans enthousiasme, à la journée, n’est pas chrétienne ». C’est l’encouragement du pape François à la communauté de l’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù du Vatican, qu’il a rencontrée le 15 décembre 2016, dans la Salle Paul VI du Vatican.
Après les salutations de la présidente de l’hôpital, Mariella Enoc, et les témoignages de représentants du Bambino Gesù, le pape a mis de côté son texte préparé à l’avance pour improviser un discours. Nous publions ci-dessous notre traduction du texte préparé et publié par le Saint-Siège après la rencontre qui a vu la présence de 7000 personnes : personnel, volontaires, associations, familles, patients dont 150 enfants d’une vingtaine de pays.
Dans ce texte, le pape exprime sa tristesse face à la souffrance des enfants : « Je n’ai pas de réponse, je crois que c’est bien que cette question reste ouverte ». Il souligne que Jésus « n’a pas expliqué pourquoi on souffre mais, en supportant la souffrance avec amour, il nous a montré pour qui on l’offre ».
Aujourd’hui, constate-t-il par ailleurs, « il y a un grand besoin de temps et d’espaces plus humains » : « On court beaucoup et on trouve moins d’espace : pas seulement des parkings pour les voitures, mais aussi des lieux pour se rencontrer ; pas seulement du temps libre mais du temps pour s’arrêter et se retrouver ».
Aux jeunes chrétiens qui accèdent au monde du travail, le pape conseille « deux ingrédients » : « garder vivants ses rêves » et « suivre l’intuition de servir, donner, aimer » plus que de « faire quelque chose pour mes intérêts, pour le succès, pour être reconnu ».
AK
Discours du pape François
Chers amis, bonjour !
Je suis content de vous rencontrer ; je vous remercie d’être venus et pour vos témoignages. Je remercie la présidente, la doctoresse Mariella Enoc, pour ses aimables paroles.
Valentine, ta question sur les enfants qui souffrent est grande et difficile ; je n’ai pas de réponse, je crois que c’est bien que cette question reste ouverte. Jésus non plus n’a pas donné de réponse en paroles. Devant certains cas, qui se produisaient alors, d’innocents qui avaient souffert dans des circonstances tragiques, Jésus n’a pas fait de prédication, de discours théorique. On peut certainement en faire, mais lui ne l’a pas fait. Vivant au milieu de nous, il ne nous a pas expliqué pourquoi on souffre. Jésus, en revanche, nous a montré la voie pour donner du sens à cette expérience humaine : il n’a pas expliqué pourquoi on souffre mais, en supportant la souffrance avec amour, il nous a montré pour qui on l’offre. Pas pourquoi, mais pour qui. Il a offert sa vie pour nous et par ce don, qui lui a tellement coûté, il nous a sauvés. Et qui suit Jésus fait la même chose : plutôt que de chercher des « parce que », il vit tous les jours « pour ».
Valentine a été exigeante et a aussi demandé un « médicament » pour ceux qui sont au contact de la souffrance. C’est une belle demande ; je dirais seulement une petite chose, que l’on peut apprendre des enfants : redécouvrir chaque jour la valeur de la gratitude, savoir dire merci. Nous l’enseignons aux enfants et ensuite nous ne le faisons pas, nous les adultes. Mais dire merci, simplement parce que nous sommes devant une personne, est un médicament contre le refroidissement de l’espérance qui est une mauvais maladie contagieuse. Dire merci alimente l’espérance, cette espérance dans laquelle, comme le dit saint Paul, nous avons été sauvés (cf. Rm 8,24). L’espérance est le « carburant » de la vie chrétienne, qui nous fait aller de l’avant tous les jours. Alors c’est beau de vivre en personnes reconnaissantes, en enfants de Dieu simples et joyeux, petits et joyeux.
Toi, Dino, tu nous as parlé justement de la beauté des petites choses. Cela peut sembler une logique perdante, surtout aujourd’hui, avec la mentalité de l’apparence qui exige des résultats immédiats, le succès, la visibilité. Au contraire, pensez à Jésus : la majeure partie de sa vie sur cette terre, il l’a passée caché ; il a grandi dans sa famille sans hâte, apprenant chaque jour, travaillant et partageant les joies et les douleurs des siens. Noël nous dit que Dieu ne s’est pas fait fort et puissant, mais fragile et faible comme un enfant.
Dino, tout en nous parlant de comment vivre en restant petit, demandait cependant des espaces plus grands. C’est une demande juste. Nous vivons à une époque où les espaces et les temps rétrécissent toujours plus. On court beaucoup et on trouve moins d’espace : pas seulement des parkings pour les voitures, mais aussi des lieux pour se rencontrer ; pas seulement du temps libre mais du temps pour s’arrêter et se retrouver. Il y a un grand besoin de temps et d’espaces plus humains. D’après ce que je sais, au cours de son histoire, l’Hôpital Bambino Gesù s’est développé pour justement répondre à beaucoup d’exigences qui se présentaient petit à petit ; on a ouvert d’autres sièges et les services se sont délocalisés pour offrir précisément de nouveaux espaces aux patients, pour les familles, pour les chercheurs. Il faut se souvenir de cette histoire, c’est la meilleure prémisse pour l’avenir ! Malgré les espaces étroits, les horizons se sont élargis : le « Bambin Gesù » n’a pas regardé ses étroitesses, mais a créé de nouveaux espaces et beaucoup de projets, y  compris au loin, sur d’autres continents. Cela nous dit que la qualité des soins ne dépend pas seulement des aspects logistiques, mais des espaces du cœur. C’est essentiel d’élargir les espaces du cœur : et puis la Providence ne manquera pas de penser aussi aux espaces concrets.
Toi, Luca, en revanche, tu demandais quelle devait être la marque de fabrique du « Bambin Gesù » au-delà de ses capacités professionnelles, certainement indispensables. À un jeune chrétien qui, comme Luca après ses études, se présente au monde du travail – qui doit être ouvert aux jeunes, pas seulement au marché – je conseillerai deux ingrédients. Le premier est de garder vivants ses rêves. Les rêves ne doivent jamais être anesthésiés, ici l’anesthésie est interdite. Dieu lui-même, nous l’entendrons dans l’Évangile de dimanche, communique parfois à travers des rêves ; mais il invite surtout à réaliser de grands rêves, même si c’est difficile. Il nous pousse à ne pas nous arrêter de faire le bien, à ne jamais éteindre notre désir de vivre de grands projets. J’aime penser que Dieu lui-même a des rêves, y compris en ce moment, pour chacun de nous. Une vie sans rêves n’est pas digne de Dieu, une vie fatiguée et résignée, où l’on se satisfait, l’on vivote sans enthousiasme, à la journée, n’est pas chrétienne.
J’ajouterais un second ingrédient, après les rêves : le don. Toi, Serena, tu nous as témoigné de la force de celui qui donne. Au fond, on peut vivre en suivant deux objectifs différents : en mettant au premier plan l’avoir ou le don. On peut travailler en pensant surtout au gain, ou bien chercher de donner le meilleur de soi au bénéfice de tous. Alors le travail, malgré toutes les difficultés, devient une contribution au bien commun, parfois carrément une mission. Et nous sommes toujours devant cette bifurcation : d’un côté, faire quelque chose pour mes intérêts, pour le succès, pour être reconnu ; de l’autre, suivre l’intuition de servir, donner, aimer. Souvent les deux aspects se mêlent, vont ensemble, mais il est important de reconnaître lequel vient en premier. Tous les matins on peut dire : maintenant, je dois aller là, faire ce travail, rencontrer des personnes, affronter des problèmes ; mais je veux vivre cette journée comme le voudrait le Seigneur : non comme un poids – qui ensuite pèse surtout sur les autres qui doivent me supporter – mais comme un don. C’est à mon tour de faire un peu de bien, d’apporter Jésus, de témoigner non par des mots mais par les œuvres. Chaque jour, on peut sortir de chez soi le cœur un peu plus renfermé sur lui-même ou bien le cœur ouvert, prêt à rencontrer, à donner. Cela donne plus de joie de vivre le cœur ouvert que le cœur fermé ! Vous êtes d’accord ? Alors je vous souhaite un Noël comme cela, à vivre le cœur ouvert, en gardant ce bel esprit de famille et je vous remercie beaucoup.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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