Champignon nucléaire, Etats-Unis © Wikimedia Commons

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AIEA: le Saint-Siège alerte sur la protection des matières nucléaires et des données informatiques

La Sécurité nucléaire, conférence de l’AIEA

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Le Saint-Siège diagnostique deux domaines où la sécurité nucléraire doit être améliorée: la « protection physique des matières nucléaires » et la protection des donénes informatiques sensibles.
Le sous-secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États, Mgr Antoine Camilleri, est en effet intervenu lors de la Conférence internationale sur la sécurité nucléaire de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), qui se tient à Vienne (Autriche) sur le thème « Engagements et actions », du 5 au 9 décembre 2016.
« Parmi les domaines où des efforts supplémentaires sont nécessaires », Mgr Camilleri indique tout d’abord « La protection physique des matières nucléaires : s’assurer que les matières nucléaires et autres matières radioactives sont stockées en toute sécurité doit rester au centre de la sécurité nucléaire, car le non-contrôle des matières nucléaires pourrait avoir des conséquences catastrophiques. »
Il invite ensuite à « contrecarrer les menaces d’initiés et prévenir les cyber-attaques sur des données et installations sensibles : une attention accrue doit être accordée au renforcement de la sécurité de l’information et de la sécurité informatique ainsi qu’à la confidentialité des informations relatives à la sécurité nucléaire ».
Voici notre traduction intégrale de l’intervention du représentant du Saint-Siège.
AB
Intervention de Mgr Antoine Camilleri
Monsieur le Président, j’ai l’honneur de vous transmettre, ainsi qu’à tous les participants à la deuxième Conférence internationale sur la sécurité nucléaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique, les meilleurs vœux et les salutations cordiales de Sa Sainteté le pape François.
Dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 septembre 2015, le pape François a exhorté la communauté internationale à « œuvrer pour un monde exempt d’armes nucléaires, en appliquant pleinement l’esprit et la lettre du Traité de non-prolifération, en vue d’une prohibition totale de ces instruments ». Le Saint-Siège est donc très heureux d’assister à cette Conférence, lui prêtant ainsi son appui pour l’avancée de la sécurité nucléaire.
Monsieur le Président,
La promotion de la sécurité nucléaire – la prévention, la détection et la réponse aux actes criminels ou intentionnels non autorisés concernant des matières nucléaires, d’autres matières radioactives, des installations associées ou des activités associées, ou dirigées contre celles-ci – revêt une importance considérable pour le Saint-Siège. D’une part, la sécurité nucléaire favorise la paix et la sécurité en contribuant à renforcer le régime de non-prolifération et à accomplir les progrès nécessaires en matière de désarmement nucléaire. D’autre part, la sécurité nucléaire – si étroitement liée à la sûreté nucléaire et à une plus large « culture de la sécurité » – favorise le développement social et scientifique par l’application pacifique des technologies nucléaires pour promouvoir le développement durable en améliorant l’agriculture, la gestion de l’eau, la nutrition et la sécurité alimentaire, le contrôle des maladies infectieuses et les efforts de lutte contre le cancer.
Des progrès considérables ont été réalisés dans le renforcement de la sécurité et de la sûreté nucléaires : la résolution 1540 du Conseil de sécurité des Nations unies, les Sommets de la sécurité nucléaire, la Convention sur le terrorisme nucléaire et les Codes de conduite de l’AIEA sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives et des réacteurs de recherche font partie des importants mécanismes déjà en place. L’existence même et l’activité professionnelle de l’Agence internationale de l’énergie atomique constituent également des aspects cruciaux du travail en matière de sûreté nucléaire et le Saint-Siège saisit cette occasion pour remercier le Directeur général et l’ensemble du personnel de l’Agence pour leur travail à cet égard.
En même temps, nous ne devrions pas être complaisants. La promotion de la sécurité nucléaire fait face à des défis importants, notamment les efforts limités, insuffisants et souvent bloqués pour empêcher la prolifération et aller vers un monde exempt d’armes nucléaires. C’est pourquoi le Saint-Siège estime qu’il est essentiel que la communauté internationale adopte une éthique de responsabilité afin de favoriser un climat de confiance et de renforcer la sécurité coopérative par un dialogue multilatéral.
La logique de la peur et de la méfiance, incarnée par la dissuasion nucléaire, doit être remplacée par une nouvelle éthique mondiale. Nous avons besoin d’une éthique de la responsabilité, de la solidarité et de la sécurité coopérative adéquate pour contrôler le pouvoir de la technologie nucléaire. Les menaces contre la sécurité nucléaire représentent de sérieux défis techniques et diplomatiques. Celles-ci doivent être abordées en s’attaquant aux dynamiques plus larges de sécurité, politiques, économiques et culturelles qui incitent les acteurs étatiques et non étatiques à rechercher la sécurité, la légitimité et le pouvoir dans les armes nucléaires. Par conséquent, le travail de renforcement de la sécurité nucléaire, d’une importance critique, doit s’inscrire dans le cadre d’efforts beaucoup plus vastes visant à promouvoir le développement socioéconomique, la participation politique, le respect des droits fondamentaux de l’homme et l’état de droit et la coopération et la solidarité aux niveaux régional et international.
Parmi les domaines où des efforts supplémentaires sont nécessaires, ma délégation tient à en souligner deux:
1) La protection physique des matières nucléaires : s’assurer que les matières nucléaires et autres matières radioactives sont stockées en toute sécurité doit rester au centre de la sécurité nucléaire, car le non-contrôle des matières nucléaires pourrait avoir des conséquences catastrophiques.
2) Contrecarrer les menaces d’initiés et prévenir les cyber-attaques sur des données et installations sensibles : une attention accrue doit être accordée au renforcement de la sécurité de l’information et de la sécurité informatique ainsi qu’à la confidentialité des informations relatives à la sécurité nucléaire.
Sur ces deux questions, il convient de rappeler que, bien que la responsabilité de maintenir une sûreté nucléaire effective de toutes les matières nucléaires et radioactives dans un État incombe principalement à cet État, la coopération entre États est essentielle car de nombreuses menaces contre la sécurité nucléaire ne respectent pas les frontières et sont facilitées par l’instabilité politique et les crises qui affligent tristement de nombreuses parties de notre monde. Le Saint-Siège se félicite donc que l’AIEA et ses États membres aient fait de grands efforts pour renforcer le régime de sécurité, y accorder une haute priorité et pour améliorer et compléter la réglementation et le cadre juridique. Ces efforts doivent être poursuivis.
Monsieur le Président,
Une grande partie du succès de l’AIEA dans l’exercice de ses responsabilités dépend de l’engagement des États Membres à respecter leurs obligations juridiques et éthiques. Par conséquent, les responsabilités des États membres doivent rester au cœur de nos discussions. Ce poids de la responsabilité incombe surtout aux États membres qui possèdent des capacités nucléaires, en particulier ceux dotés d’armes nucléaires.
En conclusion, le Saint-Siège tient à souligner qu’il ne se fait pas d’illusions sur les défis qui se posent à la communauté internationale. Cependant, c’est justement à cause de ces défis liés à la sécurité nucléaire que le Saint-Siège souhaite réaffirmer son soutien à l’AIEA dans la mesure où elle s’efforce de remplir, de manière toujours plus efficace, son rôle indispensable pour assurer la sécurité nucléaire dans le cadre d’un effort plus large pour renforcer la sécurité coopérative. Comme l’a dit le Pape François, « la sécurité de notre avenir dépend de l’assurance de la sécurité pacifique des autres, car si la paix, la sécurité et la stabilité ne sont pas établies à l’échelle mondiale, elles ne sont d’aucun bénéfice ». Conférence de Vienne susmentionnée, 2014)
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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