Le pape reçoit Martin Scorsese, réalisateur de "Silence" © L'Osservatore Romano

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Martin Scorsese et les vertus du silence

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Il se confie à L’Osservatore Romano après l’audience avec le pape

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A l’occasion de l’avant-première de son film Silence au Vatican, Martin Scorsese évoque les vertus du silence dans L’Osservatore Romano daté du 1er décembre 2016. Au fil de l’entretien, le réalisateur américain souligne que « répéter ‘j’ai peur, j’ai peur, j’ai peur’ en s’adressant à Dieu, (…) c’est prier ».

Silence, film éponyme du roman de l’écrivain japonais Shusaku Endo (1966), évoque la question des « lapsi » – littéralement ceux qui « sont tombés » – ayant renié leur foi sous les persécutions au 17e siècle, au Japon. Il suit notamment la figure de Cristóvão Ferreira (1580-1650), supérieur religieux des jésuites sous l’oppression du shogunat Tokugawa, qui abjura après avoir été torturé.

A la sortie du tournage, Martin Scorsese évoque des mois éprouvants « comme une sorte de pèlerinage ». Il confie son attachement au silence : « J’ai toujours eu l’habitude de vivre dans des contextes où s’entremêlaient les cris des vendeurs ambulants, le rémouleur qui cherchait des clients dans la rue, des voisins qui se disputaient en tant de langues. (…) C’est pourquoi quand j’en avais besoin je me réfugiais dans une petite église catholique. Ou dans l’obscurité d’un cinéma. (…) Le silence permet de retenir les choses, de les comprendre, de les savourer, de ne pas les voir disparaître dans les bruits de fond. Dans certaines occasions, une chambre vide peut être le meilleur allié ».

Sur les plateaux aussi, il exige le silence des troupes : « Je demande à tout le monde d’être le plus silencieux possible. Il y a toujours du bruit sur un plateau; les techniciens, des gens qui déplacent les meubles et plantent des clous, les figurants. Je veux (…) que la troupe travaille le plus silencieusement possible pour permettre aux acteurs, qui sont les outils du film, de bien ‘s’accorder’. Un plateau devrait être traité comme un lieu sacré ».

Répéter « j’ai peur » en s’adressant à Dieu, c’est prier

Le réalisateur, qui a été reçu par le pape François le 30 novembre, remercie aussi les jésuites qui l’ont conseillé durant le tournage : « Ils nous ont aidé à éviter des erreurs naïves, des erreurs de mise en scène, des erreurs dans le comportement de chaque personnage. Et ils nous ont aidé aussi à affronter des questions délicates comme le rapport entre ‘espoir’ et ‘désespoir’, ‘terreur’ et ‘force intérieure’, ‘chute’ et ‘renaissance’.

« Au fond, estime Martin Scorsese, répéter ‘j’ai peur, j’ai peur, j’ai peur’ en s’adressant à Dieu, sans cesser de parler avec Lui, c’est prier ».

Et de rendre hommage aussi aux acteurs japonais : « ils ne sortaient jamais de leurs personnages, même à caméras éteintes. Totalement présents à eux-mêmes, totalement concentrés ».

Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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