Messe à Sainte-Marthe © L'Osservatore Romano

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Le pape François explique comment il prépare ses homélies

Entretien avec le père Antonio Spadaro

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Longue méditation sur la Bible et lectures littéraires pour « connaître le coeur » de l’homme. Le pape François explique la façon dont il prépare ses homélies, dans un entretien avec le jésuite Antonio Spadaro, directeur de La Civiltà Cattolica, rendu public le 10 novembre 2016.

Cet entretien figure dans l’ouvrage « Papa Francesco, Nei tuoi occhi è la mia parola », recueillant les homélies et discours de l’archevêque de Buenos Aires entre 1999 et 2013 (Editions Rizzoli 2016).

Durant cet échange dont le Corriere della Sera rapporte des extraits, le pape précise la différence entre une homélie et une conférence : « L’homélie est l’annonce de la Parole de Dieu, la conférence est l’explication de la Parole de Dieu. L’homélie c’est l’annonce, c’est faire l’ange. La conférence c’est faire le docteur ».

Pour le pape, l’homélie est liée à la mission du pasteur, à « la prière du pasteur » et à « la Parole de Dieu ». S’il manque ces éléments, prévient-il, « l’homélie n’en est pas une ».

L’évêque de Rome évoque la façon dont il prépare ses homélies : une préparation spirituelle d’une journée. « Je commence la veille à midi, explique-t-il. Je lis les textes du jour suivant et, en général, je choisis une des deux lectures. Puis je lis à voix haute le passage que j’ai choisi. J’en besoin d’entendre le son, d’écouter les paroles. Et puis je souligne dans le livret que j’utilise celles qui me touchent le plus (…). Puis durant le reste de la journée les paroles et les pensées vont et viennent tandis que je fais ce que je dois faire : je médite, je réfléchis, je goûte les choses ».

« Certains jours, confie le pape François, j’arrive au soir et rien ne me vient à l’esprit, je ne n’ai pas d’idée sur ce que je dirai le lendemain. Alors je fais ce que dit saint Ignace : je m’endors dessus. Et quand je me réveille, tout de suite l’inspiration me vient ».

Lire des auteurs de roman et de poésie peut aider à la préparation des homélies, assure encore le pape : « Dostoïevski m’a beaucoup aidé dans la prédication ». Et de citer les Frères Karamazov et les Carnets du sous-sol, un « bijou ». En poésie, le pape cite Nino Costa et son œuvre Rassa nostrana, dédiée aux piémontais, ainsi que Dante et son amour pour Marie. « La littérature lit le cœur de l’homme, aide à comprendre le désir, la splendeur et la misère, estime-t-il. Ce n’est pas de la théorie. Elle aide à prêcher, à connaître le cœur… ».

Au fil de cet entretien, le pape argentin souligne que « l’homélie est toujours ‘politique’ parce qu’elle se fait (…) au milieu d’un peuple. Tout ce que nous faisons a une dimension politique et concerne la construction de la civilisation. On peut dire que même dans le confessionnal, quand tu donnes l’absolution, tu construis le bien commun ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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