Mgr Ivan Jurkovic, © wikipedia

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Désarmement: "la complaisance d'aujourd'hui est la catastrophe de demain"

Intervention de Mgr Jurkovic sur les armes biologiques (Traduction intégrale)

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« Les instruments de désarmement et de non-prolifération ne réussissent que si les États parties s’engagent à les mettre en œuvre. La complaisance d’aujourd’hui est la catastrophe de demain ». C’est ce qu’a affirmé Mgr Ivan Jurkovic, représentant permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations unies à Genève, lors de la 8e Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques (BWC), le 7 novembre 2016.
Intervention de Mgr Jurkovic
Convention sur les armes biologiques – 8e Conférence d’examen
Monsieur le Président,
Monsieur l’Ambassadeur Molnár, permettez-moi tout d’abord de vous féliciter pour votre élection à la présidence de cette 8e Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques (BWC). La délégation du Saint-Siège vous apporte son plein appui en faveur d’une issue fructueuse et efficace.
La Convention sur les armes biologiques a été le premier traité multilatéral à interdire toute une catégorie d’armes de destruction massive. En stigmatisant les armes biologiques, la BWC a réussi à créer une norme internationale claire qui doit être continuellement renforcée.
Nous sommes confrontés aujourd’hui à une complexité sans précédent dans le système de la sécurité internationale : les percées dans les sciences de la vie posent des défis de plus en plus difficiles pour la mise en œuvre de la Convention sur les armes biologiques ; les menaces traditionnelles et non traditionnelles contre la sécurité sont de plus en plus étroitement liées ; la menace de l’acquisition, de la production et de l’utilisation illégales d’agents biologiques par les terroristes augmente ; la propagation fréquente de pandémies menace la santé et la sécurité mondiales.
Monsieur le Président,
La délégation du Saint-Siège souhaite ajouter sa voix pour aborder les questions les plus importantes à l’ordre du jour, en particulier celles concernant l’efficacité de la Convention.
La Convention sur les armes biologiques est un pilier essentiel du désarmement et de la sécurité internationale, et son Préambule affirme que l’utilisation d’armes biologiques « serait contraire à la conscience de l’humanité et qu’il ne faudrait épargner aucun effort pour minimiser ce risque ». Utiliser la vie pour détruire indistinctement la vie, utiliser la science pour répandre la mort au lieu de guérir les maladies et atténuer les souffrances est contraire à la dignité humaine.
La nature même et le but du cadre de la Convention sur les armes biologiques sont une occasion de souligner et de comprendre le lien direct entre le désarmement et le développement et leur relation de renforcement mutuel. Le droit de participer à un échange aussi complet que possible d’équipements, de matériels et d’informations scientifiques et technologiques sur l’utilisation d’agents bactériologiques et de toxines à des fins pacifiques est énoncé à l’article X de la Convention, étant entendu que la sécurité et la non-prolifération sont une partie essentielle de l’équation. À cet égard, une mise en œuvre efficace de l’art. X pourrait également constituer une bonne incitation à l’universalisation des membres de la BWC.
Les récentes manifestations naturelles de maladies  sont un exemple de la relation entre le désarmement et le développement: elles soulignent les limites de la riposte nationale et internationale. Nous savons à quelle vitesse ces épidémies peuvent se propager à travers les frontières et combien les systèmes de santé publique sont vulnérables, en particulier dans les pays les plus pauvres. Une réponse qui serait probablement encore plus difficile et tendue dans le cas d’une utilisation intentionnelle d’armes biologiques, en particulier si elle se produisait pendant un conflit armé.
Pour ces raisons, il est important que les États parties continuent de renforcer leurs capacités dans les États parties qui ont besoin d’assistance par le biais de la coopération internationale, tout en assurant la coordination et la création de synergies avec les organisations internationales et régionales et les parties prenantes. Étant donné leur nature même, les maladies ne respectent pas les frontières, il est donc dans l’intérêt de tous que nos voisins puissent compter sur des systèmes de santé nationaux robustes. À cet égard, le développement est vraiment un autre nom pour la paix et la justice.
En outre, l’absence d’un mécanisme institutionnel d’assistance au titre de la Convention sur les armes biologiques doit être réévaluée : il faut des procédures claires pour présenter des demandes d’assistance ou pour répondre à un cas d’utilisation présumée d’armes biologiques ou toxiques. Ceci est d’une importance capitale, étant donné qu’il n’y a pas de dispositions directes spécifiques pour les victimes de telles attaques.
Les progrès de la science et de la technologie ainsi que la coopération et l’assistance internationales sont étroitement liés et sont au cœur même de la Convention sur les armes biologiques. Alors que nous assistons à des percées remarquables en sciences de la vie grâce à un génie génétique plus sophistiqué et à la biologie synthétique, la BWC se trouve dans un contexte scientifique et technologique en évolution rapide. Ces progrès apportent des possibilités positives pour des utilisations pacifiques, pour de nouveaux traitements et remèdes contre les maladies ou pour l’amélioration de l’environnement ; mais les mêmes connaissances et les mêmes équipements peuvent être trop facilement détournés à des fins hostiles. En raison de cette nature à double usage, il est nécessaire de procéder à un examen systématique et périodique de la science et de la technologie en relation avec la Convention sur les armes biologiques si nous voulons éviter que notre Convention devienne inutile.
À cet égard, l’éducation joue un rôle crucial en abordant la question de l’abus à ses racines. Il faudrait élaborer et respecter des codes de conduite et des formations éthiques nationaux. Toutes les parties prenantes devraient unir leurs forces : les scientifiques, les universités, les industries, le gouvernement et les organismes internationaux devraient tous se sentir responsables de l’utilisation de la biotechnologie pour promouvoir la vie et un développement humain intégral. Comme le rappelle le pape François : « … il nous faut constamment repenser les buts, les effets, le contexte général et les limites éthiques de cette activité humaine, qui est une forme de pouvoir comportant des risques considérables » (Laudato Si, 131).
Les capacités de production d’armes biologiques sont accessibles à un plus grand nombre d’acteurs, comme en témoigne la croissance de la biologie de bricolage et des laboratoires de garage. Aucun État seul ne peut gagner la guerre contre la prolifération des armes biologiques. Les efforts visant à empêcher les acteurs non étatiques d’acquérir, de produire ou d’utiliser des armes chimiques et biologiques exigent une volonté collective et une action conjointe dans les domaines de la sécurité et de la biosécurité, ainsi qu’une coopération et une assistance internationales accrues et un renforcement des capacités.
Enfin, la délégation du Saint-Siège tient à exprimer sa reconnaissance pour le dévouement et le bon travail de l’ISU. L’ISU devrait être renforcée, notamment par l’ajout d’expertise technique concernant des aspects cruciaux de la Convention sur les armes biologiques : l’assistance et la coopération internationales et le processus d’examen de la science et de la technologie.
Monsieur le Président,
Les instruments de désarmement et de non-prolifération ne réussissent que si les États parties s’engagent à les mettre en œuvre. La complaisance d’aujourd’hui est la catastrophe de demain. Le Saint-Siège souhaite la réussite de cette 8ème Conférence d’examen, grâce à notre engagement commun à protéger notre population des risques réels auxquels nous sommes confrontés dans le domaine de la biologie.
Merci, Monsieur le Président!
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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