« J’ai décidé de rassembler les enfants orphelins pour les aimer et les éduquer, les voir grandir et, à travers eux, construire une nouvelle génération capable de briser ce cycle de violence », témoigne Marguerite Barankitse, du Burundi.
La fondatrice de l’organisation « Maison Shalom » (Maison de la Paix) s’est confiée au cours de l’Evénement œcuménique à Malmö, en Suède, en présence du pape François et de Mgr Munib A. Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), le 31 octobre 2016.
«Tout le monde pense que je suis folle et que j’ai perdu la raison, même ma famille! dit Marguerite Barankitse. Je dis oui, je suis folle, mais vous êtes aussi fous parce que vous avez commencé à tuer. Qui a perdu davantage la raison : quelqu’un qui tue ou quelqu’un qui essaie de sauver des vies? »
« Lorsque la guerre civile a éclaté au Burundi en 1993, poursuit-elle, j’ai décidé d’adopter 7 enfants et c’était le début d’une mission. Quand le génocide a commencé, j’ai caché ces derniers et 25 autres enfants orphelins… »
« Tu as dit que tous ceux qui te connaissent pensent que ce que tu fais une folie, a commenté le pape François. Évidemment, c’est la folie de l’amour pour Dieu et pour le prochain ! Vivement que cette folie puisse se propager, éclairée par la foi et la confiance dans la Providence ! Va de l’avant et que cette voix de l’espérance que tu as entendue au début de ton aventure continue de stimuler ton cœur et le cœur de beaucoup de jeunes ! »
« Les enfants représentent environ 41% des 43 millions de réfugiés dans le monde », a ajouté Mgr Munib A. Younan. Il faut « mettre de côté les intérêts politiques, a-t-il dit, et travailler non seulement pour la dignité de votre propre nation, mais aussi pour la dignité de chaque enfant de Dieu dans ce monde que Dieu aime ».
Le travail que Marguerite Barankitse a commencé toute seule il y a 23 ans et maintenant soutenu par un groupe des enfants orphelins sauvés: « Aujourd’hui, ces enfants d’il y a 23 ans, ont grandi, ont élevé leurs propres familles, dit-elle, et maintenant nous formons une solide équipe pour activer cette lumière de l’espoir. » « Des milliers d’enfants sont passés chez nous, poursuit la fondatrice, la plupart ont été témoins d’atrocités et beaucoup ont perdu leurs parents ou se sont séparés d’eux. »
Aujourd’hui, la situation au Burundi s’est aggravée et « est devenue très dangereuse », dit Marguerite Barankitse, pour les activistes de la Maison Shalom: « Il y a eu des menaces de mort et même des tentatives d’assassinats sont devenues des événements quotidiens. Nous avons donc emprunté le chemin de l’exil au Rwanda où nous accompagnons nos frères et sœurs réfugiés. »
« Ce que tu considères comme une mission, a dit le pape François, a été une semence qui a porté des fruits abondants, et aujourd’hui, grâce à cette semence, des milliers d’enfants peuvent étudier, grandir et recouvrer la santé. Je te remercie du fait que maintenant, même en exil, tu continues de délivrer un message de paix. »
Marguerite Barankitse, témoin à Malmö (Suède), capture CTV
Suède: «La folie de l’amour pour Dieu et pour le prochain", au Burundi
Témoignage de la fondatrice de la Maison Shalom, Marguerite Barankitse