Le Jubilé des prisonniers, les 5 et 6 novembre 2016, comptera parmi les derniers grands événement de l’Année sainte de la miséricorde qui sera conclue le 20 novembre. Des représentants de toutes les branches du monde carcéral viendront à Rome pour l’occasion, a expliqué Mgr Rino Fisichella l’avant-veille, soulignant la sollicitude du pape François pour les détenus.
Le président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation a inscrit ce jubilé particulier dans la préoccupation constante du pape François : « Nous savons que le pape tient beaucoup aux personnes détenues ; dans ses voyages apostoliques il a désiré à maintes reprises visiter les prisons et laisser un message de proximité et d’espérance ».
C’est d’ailleurs l’objectif de ce jubilé, a poursuivi l’archevêque : « offrir un avenir et une espérance au-delà de la condamnation et de la durée de la peine ». D’autant que les conditions des détenus dans le monde sont parfois « à la limite du supportable », a-t-il dénoncé. Et de rappeler que visiter les prisonniers est l’une des sept œuvres de miséricorde corporelles.
Ce sera une première à Rome : plus de 4.000 personnes du monde pénitentiaire – détenus et familles, membres de la police pénitentiaire, aumôniers de prison, associations de soutien des prisonniers – se rassembleront autour du pape. Parmi eux, plus de 1000 détenus, provenant de 12 pays : Angleterre, Italie, Lettonie, Madagascar, Malaisie, Mexique, Pays-Bas, Espagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Suède et Portugal.
Les différentes personnes condamnées par la justice seront des mineurs, des personnes purgeant une peine alternative ou une peine de prison ferme, condamnées à perpétuité ou encore en détention domiciliaire. En revanche, pas de condamné à mort, a précisé Mgr Fisichella, même si « le pape a été en contact téléphonique avec des condamnés [à mort] plusieurs fois ces derniers mois ».
L’évènement aura une dimension œcuménique : une délégation luthérienne y participera.
Au programme de ces deux journées : pèlerinage vers la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre samedi ; messe avec le pape à 10h dimanche. La célébration sera précédée par quatre témoignages : un détenu converti en prison, qui parlera avec sa victime avec laquelle il s’est réconcilié ; le frère d’une personne tuée devenue instrument de pardon ; un jeune mineur purgeant sa peine ; un agent pénitentiaire.
Messe animée par les prisonniers
La célébration sera animée par le Choeur « Papageno », composé de volontaires et de détenus de la prison “Dozza” de Bologne. Le service liturgique sera également accompli par des prisonniers. De même les hosties ont été produites par des prisonniers de Milan.
Durant cette messe, un crucifix du XIVe siècle récemment restauré sera exposé : l’objet sacré a vu tous les Jubilés de l’histoire depuis le premier inauguré en 1300 par le pape Boniface VIII. La statue de Notre Dame de Merci, protectrice des prisonniers, sera également exposée : « l’Enfant Jésus tient entre ses mains des menottes ouvertes, en signe de libération et de confiance », a expliqué Mgr Fisichella.
Le jubilé sera aussi vécu au niveau des Eglises particulières : « Il y a quelques mois, a précisé le président du dicastère organisateur, nous avons écrit à toutes les Conférences épiscopales du monde, invitant les évêques à vivre ce dimanche en visitant les prisons et en célébrant ce jubilé avec les détenus ».
Dans une lettre à Mgr Fisichella publiée en septembre 2015, le pape François écrivait : « Ma pensée va aussi aux détenus, qui font l’expérience de la restriction de leur liberté. Le Jubilé a toujours constitué l’opportunité d’une grande amnistie, destinée à toucher de nombreuses personnes qui, bien que méritant une peine, ont toutefois pris conscience de l’injustice qu’elles ont commise, et désirent sincèrement s’insérer à nouveau dans la société en apportant leur contribution honnête. Qu’à toutes ces personnes parvienne de façon concrète la miséricorde du Père qui désire être proche de ceux qui ont le plus besoin de son pardon. Dans les chapelles des prisons, elles pourront obtenir l’indulgence et, chaque fois qu’elles passeront par la porte de leur cellule, en adressant leur pensée et leur prière au Père, puisse ce geste signifier pour elles le passage de la Porte sainte, car la miséricorde de Dieu, capable de transformer les cœurs, est également en mesure de transformer les barreaux en expérience de liberté ».