« Un instant avant l’aube. Chroniques de guerre et d’espérance à Alep »: c’est le titre du livre que frère Ibrahim Alsabagh, curé de la paroisse latine Saint-François d’Alep (Syrie), publie aux éditions Terre Sainte et qu’il a présenté mercredi 28 cotobre 2016, à Rome, au théâtre Saint-François. Il a accordé une interview à Radio Vatican à cette occasion.
Le franciscain raconte jour après jour la vie à Alep où, malgré le désespoir et la mort, ses frères essaient d’aider comme ils peuvent ceux qui sont restés, leur apportant vivres, médicaments et un peu de réconfort humain et spirituel.
Il a voulu raconter l’horreur de la guerre en Syrie comme dans un Journal de bord, pour faire connaître les souffrances des habitants mais aussi les signes qui permettent d’espérer bientôt une aube de paix.
« La situation est dramatique, explique le franciscain. Il n’y a pas assez de mots pour décrire ce qui se passe à Alep. Vivre sans électricité, tout un peuple ; tant de fois sans eau ; avec 80% des personnes au chômage, sans travail, et le prix des matières premières monté en flèche. Et puis les bombes qui tombent sur les écoles, sur les hôpitaux, les églises, les mosquées, mais aussi sur les habitations et les routes. Et les dégâts sont énormes, pour les structures et pour les hommes. On ne voit pas d’issue et il n’y a pas de solution militaire pour Alep. Mais toutes les parties sont convaincues d’arriver à bout de tout ça militairement. »
Il raconte le bombardement survenul’explosion d’un missile alors qu’il célébrait la messe: « Au moment de la communion, à la messe la plus bondée du dimanche soir, un missile est tombé : il avait été lancé pour toucher la coupole, et il aurait pu provoquer un massacre, laissant une centaine de cadavres au sol. Mais, par miracle, la coupole a résisté au missile qui a explosé sur le toit, l’endommageant complètement. Nous étions terrifiés, amers, il y a eu des blessés légers. Puis nous avons aussitôt repris le chemin de la foi et de l’espérance. »
Il évoque la « mission » des chrétiens au Moyen Orient: « Notre nombre est en diminution. Il y a la plaie de l’émigration en général, mais aussi celle des minorités dont les chrétiens, bien entendu. Il manquerait un élément très important pour édifier la paix, le partage, la cohabitation entre les peuples. Et c’est pourquoi nous luttons nous aussi: nous ne voulons pas, mais encourageons les gens par le geste ; en les aidant sur le plan humanitaire, afin qu’ils ne soient pas obligés de quitter leurs maisons, leur pays, et leur culture, mais restent là. Car nous croyons, nous les chrétiens, que nous avons encore aujourd’hui une mission spéciale au Moyen Orient. Nous voulons être des médiateurs de paix, de charité, et créer des ponts de réconciliation entre toutes les parties. »
Il a souligné l’importance décisive de la proximité du pape François: « Nous sentons le pape François comme s’il vivait là, avec nous, chaque jour. Nous le sentons très proche, à travers ses interventions, très nombreuses jusqu’à aujourd’hui: nous le sentons aussi à travers l’aide humanitaire qui est offerte au nom de toute l’Eglise à toute la population, pas seulement aux chrétiens. Nous le sentons comme s’il était parmi nous, souffrait avec nous, partageait avec nous tout ça. Nous sentons tant de compassion, tant de solidarité de la part des peuples dans le monde entier. »
Traduction d’Océane Le Gall
Alep - Courtoisie de l'AED
Pour le Fr Ibrahim, curé à Alep, l’espérance est plus grande que la guerre
«Un instant avant l’aube. Chroniques de guerre et d’espérance à Alep», publication