Résumé de l’épisode précédent : Un ami, professeur de philosophie, me pose une question technique fondamentale : cette méthode d’enquête ne risque-t-elle pas de confondre les ordres de la connaissance ? La connaissance scientifique n’est elles pas présentée comme supérieure à la connaissance théologique et philosophique ?
Bonne question ! Justement nous l’abordons dans le tome 7* qui sera en librairie à la mi-octobre.
Mais sans attendre, voici quelques repères pour préciser les choses.
En fait, les enquêtes des indices pensables ne peuvent étudier que le domaine physique. C’est pourquoi nous insistons toujours sur ce point lors des conférences, en utilisant la petite explication d’Aristote relatée dans le Tome 4 (pages…)
Nos enquêtes en effet, s’appuient sur les connaissances de l’Univers apportées par les sciences expérimentales. Physique, chimie, biologie, astrophysique, etc. C’est aussi la raison pour laquelle nos enquêtes sont récentes et ne pouvaient avoir lieu dans les siècles précédents : ces sciences qui « lisent » le domaine physique n’étaient pas encore assez développées pour permettre de trouver suffisamment d’indices.
En revanche, nos enquêtes sont incompétentes dans le domaine métaphysique ou théologique.
C’est pourquoi les Indices pensables se garderont de faire des déclarations sur des questions appartenant au domaine de la théologie, comme par exemple : l’existence des anges et des démons, la validité des sacrements, la divinité de Jésus, la sainte Trinité, l’infaillibilité pontificale et le péché originel. Ces questions ne sont pas du ressort des indices pensables.
Pourtant me direz-vous, n’avez-vous pas abordé une de ces questions dans le tome 6** la question du péché originel ?
Réponse : vous pourrez vérifier que la question du péché originel n’est pas abordée en tant que telle. Ce qui a attiré notre attention et que nous avons pu étudier c’est une question non pas théologique mais historique et littéraire : le fait que cette expression courante « péché originel » a connu dans l’histoire et connait encore deux définitions très différentes qui conduisent à des confusions considérables. Car ces deux définitions sont non seulement différentes mais opposées et contradictoires. Cela, nous pouvons l’étudier pour essayer d’y voir clair.
Comme nous l’avons vu et comme chacun peut le vérifier, une de ces définitions affirme que l’être humain est entièrement et totalement corrompu, suite à une chute.
C’est la définition qui appartient au groupe « janséniste».
L’autre définition appartient à l’Eglise catholique Romaine qui a toujours refusé une définition aussi catastrophique et qui a affirmé la dignité de la raison et de l’intelligence capables de connaître Dieu.
Pourtant, comme chacun le sait, l’Eglise enseigne elle aussi, ce qu’elle appelle depuis saint Augustin le peccatum originale. Mais comme on le voit, la même expression n’a pas effectué les mêmes ravages chez l’Homme Janséniste (entièrement ruiné) et l’Homme chrétien (blessé).
C’est aussi la raison pour laquelle le concile Vatican I a déclaré :
» La Sainte Église, notre mère, tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées « (Cc. Vatican I : DS 3004 ; cf. 3026 ; DV 6).
Le texte poursuit :
Sans cette capacité, l’homme ne pourrait accueillir la révélation de Dieu.
L’homme a cette capacité parce qu’il est créé » à l’image de Dieu «
(Gn 1, 27). (CEC, III. La connaissance de Dieu selon l’Église.)
On notera au passage que cette affirmation de la dignité de la raison humaine capable de connaitre Dieu à partir de la Création ressemble à un encouragement très clair et à une bénédiction très précise pour la démarche d’enquête des indices pensables…
Puisque c’est précisément la mission de ces enquêtes de travailler « à partir des choses créées pour que la lumière naturelle de la raison humaine » puisse s’exercer sur la question de l’existence de Dieu.
Inutile de dire que cet encouragement à exercer la raison humaine dans ce sens et pour une si noble recherche est absolument inaudible pour le « clan janséniste » pour qui il n’y a rien à attendre de la raison après la chute, car « la raison est la prostituée du diable.»
Les indices pensables ne sont pas habilités pour déclarer qui a raison et qui a tort dans ce conflit
à propos des ravages plus ou moins importants du PO, en particulier sur la raison humaine.
En revanche, les indices pensables peuvent poursuivre leur enquête d’investigation et chercher quelles sont les sources des deux partis en présence.
C’est donc le grand exégète Richard Simon** qui nous conduit dans cette dimension historique de l’enquête qu’il a lui-même menée pour comprendre les motivations jansénistes de son ami Malebranche. Nous avons donc pu constater que les sources jansénistes ne sont pas du tout scripturaires : elle ne sont ni dans la Bible , ni dans les Evangiles. Où sont-elles donc ?
Il apparaît clairement qu’elles sont dans les gnoses, qui elles-mêmes, puisent chez Platon, qui lui-même s’inspire de l’orphisme et de ses mythes archaïques… C’est problématique.
La semaine prochaine nous aborderons l’autre partie de la question…
(A suivre…)
Brunor
*Voir le nouvel album des indices pensables : Les jours effacés
en librairies dès le 16 octobre 2016
**Voir le Tome 6 : Le secret de l’ADAM inachevé.
Le secret de l'Adam inachevé © Brunor
«Connaître Dieu en observant la Création…», par Brunor
Les indices pensables… Episode 82