Mgr Francesco Follo au Vatican © Mgr Follo

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"La puissance de la foi est puissance d’amour", par Mgr Francesco Follo

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Lectures de la messe du dimanche 2 octobre 2016

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« La puissance de la foi est puissance d’amour », explique Mgr Francesco Follo dans son commentaire des lectures de la messe de dimanche prochain, 2 octobre 2016 (XXVIIIe Dimanche du Temps ordinaire – Année C)
Ce sont les lectures du prophète Abdias (1,2-3;2, 2-4), le psaume Ps 94, la seconde épître de Paul à Timothée (1,6-8.13-14) et l’évangile de Luc (17,5-10): « Pourquoi, dans l’évangile d’aujourd’hui, les disciples demandent-ils au Christ « Augmente en nous la foi » (Lc 17, 5)? », s’interroge Mgr Follo.
Mgr Follo propose aussi une lecture patristique tirée d’un sermon de saint Augustin (354 -430).
 
La puissance de la foi est puissance d’amour
1) La foi n’est pas une question de quantité.
Pourquoi, dans l’évangile d’aujourd’hui, les disciples demandent-ils au Christ « Augmente en nous la foi » (Lc 17, 5)? Parce que la demande de Le suivre en quittant tout (cf. Lc 16, 13) et de pardonner sans compter (cf. Lc 17, 3-4), leur a fait comprendre combien leur foi était petite.
Cela fait longtemps qu’ils ont reconnu le Fils de Dieu, l’Amour miséricordieux et fidèle,  en Jésus Christ. Maintenant ce qu’ils demandent c’est d’avoir de plus en en plus confiance en cet amour miséricordieux et fidèle de Dieu.
En effet, seule une foi tenace et pleine permet de mettre toute leur vie sous le signe de la miséricorde et de la fidélité.
Les disciples d’hier nous font comprendre à nous disciples d’aujourd’hui que nous sommes appelés à avoir confiance en cette fidélité de Dieu, qui est l’engagement persévérant et total avec lequel Dieu s’est livré, une fois pour toutes,  à l’humanité, dans sa Parole. Croire à la Parole n’est pas un problème de quantité, c’est donner « parole » à la Parole, c’est s’engager sans réserve auprès de Celui qui s’est engagé pour nous, sans plus y réfléchir.
Pour faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’avoir une foi « en grande quantité » mais une foi « de qualité »,  authentique  et tenace, le Christ fait une comparaison très convaincante: L’arbre est bien accroché à la terre et même les tempêtes n’arrivent pas à le déraciner.  Eh bien,  il suffit d’un brin de foi – petit comme un grain de moutarde – pour le déraciner. Avoir la foi c’est faire confiance en Dieu humblement et totalement, c’est accepter un projet calculé sur les possibilités de Dieu et non sur les nôtres. Les possibilités de réussite ne sont pas dues à la grandeur de nos capacités mais à l’ampleur de l’amour de Dieu envers nous et auquel nous croyons.
Un exemple actuel nous vient de Sainte Thérèse de Calcutta, qui n’a certes pas eu de gestes spectaculaires, mais une foi vaillante montrant que de la puissance de la foi s’écoule la puissance de l’amour. Cette sainte a fait bien plus que d’aller planter l’arbre dans la mer. Commençant par s’occuper des moribonds de Calcutta, elle a soigné et sauvé une foule  innombrable de pauvres, aidée par des milliers de sœurs qui l’ont suivie et la suivent toujours. Grâce à ses yeux –purs comme ceux des anges – Mère Teresa a su reconnaître le Christ  dans tous les Lazare qu’elles rencontraient sur terre, et grâce à sa foi qui est « une source d’amour », elle a su soigner les plus pauvres des pauvres de ses mains saintes et pures, pour lesquelles toucher les plaies d’un malade était comme toucher celles du Christ. La Mère des pauvres avait une foi d’une si grande « qualité »  qu’un courant d’amour totalement gratuit et désintéressé s’est déclenché,  qui est encore aujourd’hui parlant, multilingue, et destiné à durer.
Sainte Teresa de Calcutta a montré que dans l’Eglise il y a le ministère de la charité, car l’Eglise ne doit pas seulement annoncer mais vivre la Parole qui est charité.
La foi solide de M. Teresa lui a permis de s’abandonner totalement au Christ, dans une confiance amoureuse pour celui à qui elle avait «  simplement » fait de la place, devenant sa sainte demeure. Cette foi, elle l’exprime bien dans la prière suivante : «  Seigneur, donne-moi la foi qui soulève des montagnes, mais avec amour. Enseigne-moi cet amour qui trouve sa joie dans la vérité, toujours prêt à pardonner, à croire, à espérer, à supporter. Enfin, quand toutes les choses finies se dissoudront et que tout sera clair, fais en sorte que j’aie été le reflet, faible mais constant, de ton amour parfait. »
Cette prière nous aidera à grandir d’une foi vaillante et charitable.
            2) Service gratuit.
Après l’enseignement sur la puissance de la foi (un brin suffit pour déraciner un arbre), l’Evangile d’aujourd’hui se  poursuit par une brève parabole, dans laquelle jésus n’entend pas décrire le comportement de Dieu envers l’homme mais celui du croyant envers Dieu: un comportement totalement disponible, sans calculs et sans prétention.
Le service et la gratuité sont les caractéristiques fondamentales du disciple qui, – comme tout le monde ici-bas – se trouve confronté au scandale et aux péchés mais vit avec la miséricorde et le pardon. C’est pourquoi il faut que la foi soit constamment renforcée, autrement dit notre connaissance de l’amour de Dieu, et vivre dans le service et la gratuité, car la charité et la justice ne sont pas seulement une question de bénévolat social, mais un acte spirituel effectué avec la grâce de l’Esprit Saint. Les saints – et Sainte Teresa de Calcutta en est l’exemple le plus moderne – ont expérimenté dans leur vie cette profonde unité entre la prière et l’action, entre l’amour de Dieu et la charité envers nos frères.
Cette sainte femme se fit Missionnaire de la charité car sa foi, si solide au point de résister à l’aridité et à l’absence de consolations spirituelles, lui permit de voir en Jésus la plus haute expression de l’amour de Dieu, mais également celui auquel nous nous unissons pour pouvoir croire.  Pour elle, avoir la foi ne consistait pas seulement à regarder vers Jésus, mais à le voir selon son point de vue. La foi, pour elle, comme cela doit  l’être pour nous,  doit être  « participation » au regard du Christ face à la vie.
Comme enseigne le pape François: «  la foi est écoute et vision, elle se transmet aussi comme parole et comme lumière » (Lumen fidei, 37), donc le plus difficile n’est pas d’accepter les doctrines, mais d’accueillir la foi comme un fait vital qui parle et éclaire la vie, autrement dit qui lui donne un sens.
Bref, la foi n’est pas une attitude purement intellectuelle, comme la simple acceptation de certaines vérités. Il ne s’agit pas simplement de professer mais de vivre la foi. Qui appelle à un témoignage courageux et au service gratuit. Ceux qui disent croire et demeurer en Jésus Christ, doivent se comporter comme lui (1 Je 2, 6). L’apôtre Jacques le rappelle lui aussi dans sa lettre: la foi sans les oeuvres (de charité) est une foi vaine et morte (Jc 2, 26).
Les vierges consacrées dans le monde sont un bel exemple de ce service gratuit qui devient « témoignage ». En se donnant totalement au Christ, elles montrent que la foi est «  un abandon raisonnable » dans les bras du Bien-Aimé. Elles montrent, de façon exemplaire, que nous sommes tous appelés à avoir confiance non pas en un mystère ennemi, mais amoureux,  à suivre non pas les ordres absurdes d’une divinité capricieuse, mais la loi d’une liberté donnée par un Dieu qui délivre.
Le Dieu que le Bible révèle est un Dieu
Qui demande confiance,
Qui a marché dans le désert et souffert,
Qui a accompagné et éclairé des tribus de bédouins, faisant d’eux un peuple d’espérance,
Qui a éclairé le roi d’Israël,
Qui a arraché des hommes du pré et de la terre pour en faire des prophètes,
Qui est le Verbe fait chair et demande d’être accueilli avec les oreilles mais également avec le cœur.
Ces femmes consacrées se sont faites épouses de ce Dieu qui, depuis surtout la Croix au mont Calvaire, a montré des millions de fois combien Il nous aime douloureusement et passionnément.
Par leur consécration, ces femmes témoignent que le grain de moutarde, le grain de foi:

  • C’est croire en l’amour d’un Dieu qui nous aime infiniment et ne faiblit jamais;
  • C’est aimer en servant concrètement l’autre, et non en se servant de lui.
  • C’est avoir confiance, confiance en sa Parole, puissance de l’amour qui est et donne la vie.

Donc une foi puissante c’est avant tout une puissance d’amour, cet amour incroyable pour l’homme, pour chaque homme, que Dieu a manifesté en son Fils, et qui rend le croyant capable lui aussi, d’aimer à son tour. C’est pour les faire grandir dans cette confiance que, lors de leur consécration – Prière eucharistique II , rituel de consécration des vierges- ,  l’Eglise prie : « …qu’elles ne faiblissent pas dans l’ardeur de leur foi et de leu charité, mais qu’elles te servent sans défaillance, toi et tout ton peuple, jusqu’au jour où viendra le Christ, leur époux ».
Traduction d’Océane Le Gall
Lecture patristique: saint Augustin (354 -430) 
Sermon 115, 1 (PL 38, 655)
Prier pour que grandisse notre foi
« La lecture du saint évangile fortifie notre prière et notre foi, et nous dispose à nous appuyer non sur nous-mêmes mais sur le Seigneur. Y a-t-il un moyen plus efficace de nous encourager à la prière que la parabole du juge inique qui nous a été racontée par le Seigneur ? Le juge inique, évidemment, ne craignait pas Dieu ni ne respectait les hommes. Il n’éprouvait aucune bienveillance pour la veuve qui recourait à lui et cependant, vaincu par l’ennui, il finit par l’écouter. Si donc il exauça cette femme qui l’importunait par ses prières, comment ne serions-nous pas exaucés par celui qui nous encourage à lui présenter nos prières ? C’est pourquoi le Seigneur nous a proposé cette comparaison tirée des contraires pour nous faire comprendre qu’il faut toujours prier sans se décourager (Lc 18,1). Puis il a ajouté : Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ! (Lc 18,8).
Si la foi disparaît, la prière s’éteint. Qui pourrait, en effet, prier pour demander ce qu’il ne croit pas ? Voici donc ce que l’Apôtre dit en exhortant à prier : Tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés. Puis, pour montrer que la foi est la source de la prière et que le ruisseau ne peut couler si la source est à sec, il ajoute : Or, comment invoquer le Seigneur sans avoir d’abord cru en lui (Rm 10,13-14) ? Croyons donc pour pouvoir prier et prions pour que la foi, qui est au principe de notre prière, ne nous fasse pas défaut. La foi répand la prière, et la prière, en se répandant, obtient à son tour l’affermissement de la foi.
D’ailleurs, pour que la foi ne faiblisse pas dans les tentations, le Seigneur a dit: Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation (Mt 26,41). Telles sont ses paroles: Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation. Qu’est-ce qu’entrer en tentation ? Simplement, sortir de la foi. Car la tentation est d’autant plus forte que la foi est plus faible, et la tentation est d’autant plus faible que la foi est plus forte. Oui, vraiment, mes bien-aimés, c’est pour que la foi ne s’affaiblisse pas et ne se perde pas que le Seigneur a dit : Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation. Afin que vous le compreniez mieux, il a dit au même endroit dans l’évangile : Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne sombre pas (Lc 22,31-32). Et celui que guette le danger ne ferait pas sienne la prière de son protecteur ?
Mais lorsque le Seigneur dit: Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?, il a en vue la foi parfaite, celle qu’on peut à peine trouver sur la terre. Voyez : l’église de Dieu est remplie. Qui y viendrait s’il n’avait aucune foi ? Mais si cette foi était parfaite, qui ne transporterait pas les montagnes ? Regardez les Apôtres eux-mêmes : s’ils n’avaient pas eu une grande foi, ils n’auraient pas renoncé à tout ce qu’ils avaient, ils n’auraient pas foulé aux pieds les espoirs terrestres pour suivre le Christ. Et pourtant, leur foi n’était pas parfaite, car ils n’auraient pas dit au Seigneur: Augmente en nous la foi (Lc 17,5). »
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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