Assise 2016, capture CTV

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A Assise, les religions envoient au monde un signal pour la paix

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Elles lancent un Appel d’une seule voix au terme d’une journée de rencontres

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Trente ans après la première rencontre interreligieuse pour la paix initiée par Jean-Paul II à Assise en 1986, des chefs religieux de toutes religions se sont à nouveau rassemblés pour envoyer au monde un signal en faveur de la paix, le 20 septembre 2016. Avec le pape François, quelque 500 représentants religieux ont vécu une journée de rencontres, avec un déjeuner commun, des temps de prière par confession et une cérémonie conclue par un « Appel pour la paix ».
Après un temps de prière œcuménique pour les chrétiens et par groupe de foi pour les autres religions dans l’après-midi, les représentants religieux ont rejoint un podium sur la place de la basilique Saint-François, à l’endroit même où Jean-Paul II a inauguré ces rencontres pour la paix, en 1986. C’est là qu’a eu lieu la rencontre conclusive de la journée.
Devant le parterre de dignitaires religieux et représentants du monde de la culture, Mgr Domenico Sorrentino, évêque du lieu, a salué « l’esprit prophétique d’Assise » qui montre qu’« il est possible que l’humanité croyante se sente une seule famille ». Le custode du Sacré Couvent d’Assise a quant à lui encouragé à être prêt à « mourir pour la paix ».
Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio – un des organisateurs de la rencontre – a assuré que la guerre était « folie de gens avides de pouvoir et d’argent » mais qu’elle pouvait être vaincue par l’humilité et la prière. Tamar, réfugiée syrienne de confession arménienne a témoigné des souffrances que son peuple endurait dans un pays où il n’y avait auparavant « pas de différences entre chrétiens et musulmans ».
Le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier a assuré que « la paix nécessite aussi la justice », en plaidant pour une nouvelle économie attentive aux plus pauvres et à la planète. Il a encouragé chaque famille religieuse à faire « une auto-critique » pour se purifier en vue de la paix.
Puis le rabbin David Brodman, rescapé de la Shoah, a rendu hommage au pape François son « très cher ami », saluant son exemple de « modestie » : « Je dis le ‘Saint-Père’, a-t-il insisté, car la modestie conduit à la sainteté ». Après lui, le président du Conseil des oulémas d’Indonésie a dénoncé la violence et le terrorisme. Et d’affirmer : « L’Islam est une religion de paix ».
Seule la paix est sainte
Après l’intervention en japonais d’un maitre du bouddhisme Tendai, le pape François a pris la parole en assurant que « jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence ». « Seule la paix est sainte, pas la guerre ! », a-t-il martelé.
« Nous n’avons pas d’armes, a poursuivi le pape. Mais nous croyons dans la douce et humble force de la prière ». « Il n’y a aucun avenir dans la guerre, et la violence des armes détruit la joie de la vie ».
Appelant à « faire face à la grande maladie de notre époque : le paganisme de l’indifférence », le pape a mis en garde contre diverses attitudes : l’attitude de « celui qui sait seulement protester et se fâcher » ou de « celui qui se lave les mains des problèmes » des autres, ou encore de « celui qui juge tout sur le clavier d’un ordinateur ».
Le pape a appelé les leaders des Nations à ne pas se lasser de « promouvoir des chemins de paix au-delà des intérêts de parti et du moment ». « Notre avenir est de vivre ensemble » en déposant les « lourds fardeaux de la méfiance, des fondamentalismes, de la haine », a-t-il ajouté. Et de donner l’exemple des participants d’Assise : « Nos traditions religieuses sont diverses. Mais la différence n’est pas pour nous un motif de conflit ».
Les religions lancent un Appel
Après le discours du pape, debout, les participants ont observé une minute de silence pour les victimes des guerres et de la violence. Puis a eu lieu la proclamation solennelle de l’Appel à la paix qui explique l’esprit d’Assise « Voilà l’esprit qui nous anime : réaliser la rencontre dans le dialogue, s’opposer à toute forme de violence et d’abus de la religion pour justifier la guerre et le terrorisme ».
« La paix est le nom de Dieu », déclarent les signataires de toutes religions, en affirmant « que la violence et le terrorisme s’opposent au véritable esprit religieux ». Il implorent les gouvernants « afin que soient désamorcés les mobiles des guerres ».
Des enfants originaires des quatre coins du monde sont alors venus recevoir des mains des chefs religieux un rouleau contenant l’Appel à la paix, avant de le brandir fièrement devant la foule qui applaudissait.
En un geste symbolique, les chefs religieux et les représentants culturels de nombreux pays ont allumé un par un une bougie sur un large candélabre avant de signer l’Appel d’Assise 2016. Les participants ont aussi prié pour les victimes des récents attentats en France et pour tous les réfugiés du monde.
Au terme de la rencontre, tous les participants ont échangé un geste de paix, s’embrassant ou se serrant les mains dans une joyeuse mêlée. Sans tarder, le pape François a ensuite rejoint sa voiture pour rentrer au Vatican en hélicoptère.
Il s’agissait de la cinquième rencontre de ce type en la présence d’un pape : après celle de 1986, le pape Jean-Paul II avait souhaité une autre journée interreligieuse en pleine guerre dans les Balkans, en 1993, puis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. La rencontre avait eu lieu le 29 janvier 2002. Benoît XVI ensuite proposa une rencontre à l’occasion du 25e anniversaire de la première, le 27 octobre 2011. Le pape allemand avait invité aussi des non-croyants à y participer.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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