Mama Antula © ordendesanignaciodeloyoa

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Argentine: Mama Antula, promotrice de l’œuvre des jésuites par monts et par vaux

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Elle organisa des exercices spirituels ignaciens pour plus de 100 000 personnes

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María Antonia de Paz y Figueroa (1730-1799), laïque consacrée argentine qui sera béatifiée le 27 août 2016, a organisé des exercices spirituels ignaciens pour plus de 100 000 personnes en continuant l’œuvre des jésuites expulsés du pays en 1767. L’Osservatore Romano publie les extraits d’un article de La Civiltà Cattolica présentant la future bienheureuse connue sous le surnom de « Mama Antula », diminutif d’Antonia.
« Cette femme forte, vêtue d’un habit semblable à celui des jésuites, remplaça l’action des jésuites, disait l’évêque de Tucuman, au Nord-Ouest argentin. Les jésuites furent expulsés, mais pas leur esprit. Jamais, comme du temps de Mère Antula, les exercices spirituels de saint Ignace ne furent l’aliment solide et fortifiant des multitudes à Buenos Aires comme à Montevideo, dans le Tucuman, à Santiago del Estero et à Cordoba.  »
En organisant des groupes de deux cents à quatre cents personnes pour les dix jours des Exercices de saint Ignace de Loyola passés en silence, en prière et en service réciproque, Maria Antonia prenait soin de tous avec une affection maternelle qu’elle savait exprimer de mille façons.
Missionnaire infatigable qui cheminait pieds-nus, Mama Antula se présentait dans chaque nouvelle ville aux autorités, pour demander l’autorisation de faire découvrir les Exercices. Puis elle distribuait des billets d’invitation dans les différents quartiers ; elle demandait à quelque prêtre de prêcher les exercices; elle cherchait une grande maison en mesure d’héberger beaucoup de monde. En outre, elle recueillait des aumônes et des provisions et se chargeait du nécessaire pour les repas de tous, pendant les dix jours d’exercices.
Sans gaspillage, elle faisait en sorte que tout marche bien : elle offrait une nourriture goûteuse et parfois un gâteau pour réjouir ceux qui suivaient les exercices ; et une partie de ce qui était cuisiné allait toujours aux pauvres.
Le vice-roi et les serviteurs, les évêques, les prêtres et les laïcs se côtoyaient dans ses maisons de retraite spirituelle. Les autorités se mêlaient aux gens ordinaires.
Cependant, au début de son activité Maria Antonia rencontra plusieurs difficultés. En arrivant à Buenos Aires en 1780 (elle y restera jusqu’à sa mort en 1799), elle connut de fortes oppositions mais son ton maternel ainsi que sa persévérance l’ont aidé à surmonter tous les obstacles.
Dans une lettre au père Gaspar Juarez (1731-1804), exilé à Rome, avec lequel elle entretenait une constante amitié spirituelle, Maria Antonia écrivait, au sujet de sa mission : « Je ne sais que dire des débuts, Dieu seul saura comment cette inspiration m’est entrée si fortement ».
Elle l’a raconté elle-même au vice-roi Cevallos, en 1777, en ces termes : « Votre Excellence doit savoir que dès l’année où les pères jésuites furent expulsés, voyant la carence de ministres de l’Évangile et de doctrine qui régnait, et les moyens à promouvoir, je me suis dévouée à quitter ma retraite et je suis sortie – bien que je sois une femme de peu d’importance, mais avec confiance dans la divine Providence – dans les juridictions et dans les circonscriptions (…) pour recueillir des aumônes en vue de maintenir les saints exercices spirituels du grand saint Ignace de Loyola, afin que ne périsse pas son œuvre si utile aux âmes et de tant de gloire pour le ciel. »
Elle organisa les Exercices pour quelque 100 000 personnes. Un chiffre spectaculaire si on se souvient que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la population du territoire entier où vécut Maria Antonia était d’environ 400 000 habitants. Les villes des vastes territoires de l’Amérique méridionale étaient petites : Buenos Aires comptait 37 679 habitants (d’après le premier recensement de 1778) ; Cordoba en avait 40 000 ; Santiago del Estero plus ou moins 30 000.
L’activité de Maria Antonia comportait des risques dans un pays d’où les jésuites ont été expulsés par un décret royal de Charles III d’Espagne (La Sanction pragmatique).  Les articles 13-19 du décret imposaient des châtiments sévères à ceux qui maintenaient des liens avec les jésuites, même simplement épistolaires.
C’est le pape jésuite et argentin qui a reconnu un miracle dû à l’intercession de Mama Antula, ouvrant ainsi la voie à sa béatification, le 4 mars dernier. Il faudra ensuite un second miracle pour sa canonisation.
Avec une traduction de Constance Roques

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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