Le pape François se confesse, 4 mars 2016, Saint-Pierre, Capture CTV

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Liturgie: susciter le pardon face à la rancoeur

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Message pour la 67ème Semaine liturgique nationale italienne

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Le pape François appelle les chrétiens à susciter « le désir et la capacité du pardon », face à « la rancœur dans laquelle trop de personnes sont renfermées ». Dans un message pour la 67ème Semaine liturgique nationale italienne organisée à Gubbio du 22 au 25 août 2016, il souligne le « besoin de retrouver la joie de la sérénité intérieure et le goût de la paix ».
Par l’intermédiaire du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, le pape François a fait parvenir un message au président du Centre d’action liturgique (CAL), Mgr Claudio Maniago, évêque de Castellaneta.
Evoquant le thème de l’événement – « La liturgie, lieu de la miséricorde. Réconciliés pour réconcilier » – le pape assure que la liturgie est « le lieu où le grand mystère de la réconciliation est rendu présent, annoncé, célébré et communiqué ». Si tous les sacrements « déclinent l’unique grand don de la divine miséricorde en fonction des différentes circonstances de la vie », précise-t-il, ce don « resplendit de manière tout à fait particulière dans le sacrement de la pénitence ou de la réconciliation ».
La ville de Gubbio, en Ombrie, conserve une « Lettre-Décret » historique datant de 1600 ans, signée du pape Innocent Ier et fixant des normes liturgiques. En l’an 416, l’évêque Décence écrivit au pape pour résoudre certaines questions dans un contexte de flou liturgique répandu. Dans sa réponse, qui porte la date du 19 mars, Innocent Ier dicta des normes liturgiques précises, en particulier pour les sacrements et leur administration, qui devinrent normatives pour toute l’Église.
AK
Message du pape François
A l’occasion de la 67ème Semaine liturgique nationale qui se déroule cette année à Gubbio, sur la scène mystique et pacifiante de la terre d’Ombrie, le Saint-Père François est heureux de vous adresser ses meilleurs vœux, ainsi qu’à vos collaborateurs du CAL et à ceux qui participent à ces importantes journées d’étude.
Le choix du lieu, motivé par le 1600ème anniversaire de la Lettre du pape Innocent Ier à Décence, évêque de Gubbio (cf. PL 20, 551-561) est d’autant plus opportun dans le contexte de l’Année sainte extraordinaire de la miséricorde. Dans cet écrit, où le pontife romain offrait des réponses pour clarifier les questions posées par le pasteur de Gubbio, on trouve des informations intéressantes sur des aspects et des moments particuliers de la célébration de certains sacrements à cette époques historique précise. Parmi les nombreux thèmes traités, l’un d’eux s’impose particulièrement à notre attention : la réconciliation des pénitents en vue de la Pâque (cf. c. VII, 10).
La Semaine liturgique nationale a, pour cette raison, choisi de revenir sur un thème déjà abordé d’autres fois, réfléchissant sur la « liturgie comme lieu de la miséricorde », dans l’intention explicite d’offrir, dans le contexte de l’année jubilaire, une contribution particulière au cheminement de l’Église italienne. Lorsque nous nous efforçons de vivre chaque événement liturgique « le regard fixé sur Jésus et sur son visage miséricordieux, nous pouvons saisir l’amour de la Très Sainte Trinité (…). Cet amour est désormais rendu visible et tangible dans toute la vie de Jésus (…). Tout en lui parle de miséricorde. Rien en lui ne manque de compassion » (Misericordiae Vultus, 8). Ces paroles rappellent celles du pape saint Léon le Grand qui affirme, dans une homélie pour l’Ascension : « Ce qui était visible [et tangible] de notre rédempteur est passé dans les sacrements » (PL 54, 398). Un tel rapprochement aide à percevoir toute la liturgie comme le lieu de la miséricorde rencontrée et accueillie pour être donnée, le lieu où le grand mystère de la réconciliation est rendu présent, annoncé, célébré et communiqué. Les célébrations spécifiques de sacrements ou de sacramentaux déclinent l’unique grand don de la divine miséricorde en fonction des différentes circonstances de la vie.
Mais le don de la miséricorde resplendit de manière tout à fait particulière dans le sacrement de la pénitence ou de la réconciliation. On est réconcilié pour réconcilier. La miséricorde du Père ne peut être renfermée dans des comportements intimistes et auto-consolateurs parce qu’elle se montre puissante à renouveler les personnes et à les rendre capables d’offrir aux autres l’expérience vivante de ce même don. En partant de la conscience d’être pardonnés pour pardonner, il faut être des témoins de la miséricorde dans tous les environnements, suscitant le désir et la capacité du pardon. C’est un devoir auquel nous sommes tous appelés, spécialement face à la rancœur dans laquelle trop de personnes sont renfermées, qui ont besoin de retrouver la joie de la sérénité intérieure et le goût de la paix.
Le rite de la pénitence sacramentelle doit donc être perçu comme l’expression d’une « Église qui sort », comme une « porte », non seulement pour entrer à nouveau après s’être éloigné, mais tout autant comme le « seuil » ouvert vers les différentes périphéries d’une humanité toujours plus nécessiteuse de compassion. En lui, en effet, s’accomplit la rencontre avec la miséricorde recréatrice de Dieu d’où ressortent des femmes et des hommes nouveaux pour annoncer la vie bonne de l’Évangile à travers une existence réconciliée et réconciliatrice.
Sa Sainteté espère qu’à partir des réflexions et des célébrations de la Semaine liturgique, mûrisse toujours plus la compréhension de la liturgie comme source et sommet d’une vie ecclésiale et personnelle pleine de miséricorde et de compassion, parce que constamment formée à l’école de l’Évangile. Elle confie à la maternelle intercession de Marie, Mère de Miséricorde, les travaux et les attentes de cet important événement liturgique nationale. Demandant que l’on prie pour lui et pour son service de l’Église, le Saint-Père envoie de tout cœur à Votre Excellence, à l’évêque de Gubbio Mgr Mario Ceccobelli, aux évêques et prêtres présents, aux intervenants et à tous les participants une bénédiction apostolique particulière.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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