(Zenit.org – Rome) Une Commission mixte serbo-croate pour étudier la vérité historique de la vie du bienheureux Alojzije Stepinac (1898-1960), cardinal croate déclaré martyr, a été instituée à l’initiative du pape François. Les experts catholiques et orthodoxes, a indiqué un communiqué du Saint-Siège le 13 juillet 2016, seront chargés d’étudier la vie de ce cardinal qui s’est opposé au fascisme et au communisme mais dont la mémoire est objet de controverses.
Evoquée depuis plus d’un an, la commission a été créée après diverses consultations entre représentants du Saint Siège, de l’Église orthodoxe serbe et de la Conférence épiscopale croate, pour « éclaircir quelques questions de l’histoire », notamment le rôle du cardinal durant la Seconde guerre mondiale. Sa première réunion, indique la note, s’est tenue les 12 et 13 juillet au Vatican.
Présidée par le père Bernard Ardura, président du Comité pontifical des sciences historiques, la commission est composée d’évêques et d’historiens. Au total, cinq représentants de l’Église catholique de Croatie et cinq représentants de l’Église orthodoxe serbe.
Celui qui fut archevêque de Zagreb de 1937 à 1960, a été condamné par le régime communiste, emprisonné pendant 5 ans puis assigné à résidence. Il mourut d’une maladie du sang contractée en prison.
Mais pendant plusieurs décennies, s’est propagée l’accusation selon laquelle le cardinal aurait collaboré avec la dictature oustachi d’Ante Pavelić, proche de Hitler et leader de l’Etat indépendant de Croatie durant la Seconde guerre mondiale. Pour l’Eglise de Croatie, il s’agit d’une calomnie lancée par le régime communiste. La reconnaissance de son martyre par Jean-Paul II en 1998 avait provoqué la polémique.
Déjà en 1952, lorsque Mgr Alojzije Stepinac avait été créé cardinal par Pie XII, la Yougoslavie avait rompu ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
Lors de son voyage en Croatie, en juin 2011, Benoît XVI avait clarifié le rôle historique du cardinal en affirmant « qu’il a su résister à tout totalitarisme, devenant au temps de la dictature nazie et fasciste le défenseur des juifs, des orthodoxes et de tous les persécutés, et puis, dans la période du communisme, ‘avocat’ de ses fidèles, spécialement de tant de prêtres persécutés et tués ».
La commission, chargée d’effectuer un travail de recherche historique « scientifique », n’interfèrera pas dans le procès de canonisation du bienheureux, précise cependant le Saint-Siège. Une série de rencontres sont prévues durant un an. La prochaine réunion se tiendra à Zagreb les 17 et 18 octobre.
Cette initiative survient trois mois après la rencontre entre le pape et le Premier ministre de Croatie, Tihomir Oreskovic, au Vatican. Durant cette visite, il avait été question de « la place importante que les catholiques croates accordent à la mémoire du bienheureux Alojzije Stepinac ».
Avec une traduction de Constance Roques
Cardinal Stepinac © Wikimedia commons
Croatie: une commission catholique-orthodoxe pour faire la vérité sur le card. Stepinac
Première réunion de cette commission d’étude historique à l’initiative du pape