Conférence de presse dans l'avion © L'Osservatore Romano

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"Pardon", un mot trop oublié, déplore le pape François

Conférence de presse sur le vol Erevan-Rome (8/9)

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N’oubliez pas le mot « pardon », a demandé le pape François : « En tant que chrétiens, nous devons beaucoup nous excuser. »
Il a rappelé que le pardon était au centre de la vie du chrétien et que les chrétiens devaient « s’excuser de ne pas avoir accompagné de nombreux choix ». Le pape a répondu ainsi à une question d’une journaliste américaine, lors de la conférence de presse sur le vol Erevan-Rome le 26 juin, sur « la marginalisation de la communauté gay ».
« Je crois que l’Église ne doit pas seulement s’excuser … auprès de cette personne qui est gay qu’elle a offensée, a dit le pape, mais elle doit aussi s’excuser auprès des pauvres, des femmes et des enfants exploités dans le travail ; elle doit s’excuser d’avoir béni tant d’armes… »
En même temps, a-t-il souligné, dans l’Église aujourd’hui il y a de nombreux « saints » : « Mais ceux-ci ne se voient pas, parce que la sainteté est « pudique », a ajouté le pape. « Nous, chrétiens, nous avons aussi une Teresa de Calcutta et beaucoup de Teresa de Calcutta ! a-t-il affirmé. Nous avons beaucoup de sœurs en Afrique, beaucoup de laïcs, beaucoup de couples de saints époux ! »
Il faut savoir distinguer entre « le blé et les mauvaises herbes, a souligné le pape François. Jésus dit que le Royaume est comme cela. Nous ne devons pas nous scandaliser d’être ainsi. »
Voici notre traduction de la réponse du pape François donnée en italien.
M.D.
Question de Cindy Wooden (CNS, Etats-Unis)
Merci, Sainteté. Ces jours derniers, le cardinal allemand Marx, parlant à une conférence très importante à Dublin, sur l’Église dans le monde moderne, a dit que l’Église catholique devait s’excuser auprès de la communauté gay pour avoir marginalisé ces personnes. En ces jours qui suivent le massacre d’Orlando, beaucoup ont dit que la communauté chrétienne avait quelque chose à voir avec cette haine contre ces personnes. Qu’en pensez-vous ?
Réponse du pape François
Je vais répéter ce que j’ai dit pendant mon premier voyage, et je répète aussi ce que dit le Catéchisme de l’Église catholique : qu’ils ne doivent pas être discriminés, qu’ils doivent être respectés, accompagnés personnellement. On peut condamner, non pas pour des raisons idéologiques, mais pour des motifs disons, de comportement politique, certaines manifestations un peu trop offensives pour les autres. Mais ces choses-là n’ont pas de rapport avec le problème : si le problème est une personne qui a cette condition, qui est de bonne volonté et qui cherche Dieu, qui sommes-nous pour la juger ? Nous devons bien accompagner, selon ce que dit le Catéchisme. Le Catéchisme est clair ! Ensuite il y a des traditions dans quelques pays, dans quelques cultures qui ont une mentalité différente sur ce problème. Je crois que l’Église ne doit pas seulement s’excuser – comme l’a dit le cardinal « marxiste » [Cardinale Marx] – auprès de cette personne qui est gay, qu’elle a offensée, mais elle doit aussi s’excuser auprès des pauvres, des femmes et des enfants exploités dans le travail ; elle doit s’excuser d’avoir béni tant d’armes… L’Église doit s’excuser de ne pas s’être comportée si souvent, si souvent…- et quand je dis « l’Église », je veux dire « les chrétiens ; l’Église est sainte, les pécheurs, c’est nous ! – les chrétiens doivent s’excuser de ne pas avoir accompagné de nombreux choix, tant de familles… Je me souviens, enfant, de la culture de Buenos Aires, la culture catholique fermée – j’en viens ! – on ne pouvait pas rentrer chez une famille divorcée ! Je parle d’il y a quatre-vingt ans. La culture a changé, grâce à Dieu.
Comme chrétiens, nous devons beaucoup nous excuser, pas seulement sur ce point. Pardon, et pas seulement des excuses ! « Pardon, Seigneur ! » C’est un mot que nous oublions – maintenant, je fais le pasteur et je fais le sermon ! Non, c’est vrai, souvent le « prêtre patron » et non le prêtre père, le prêtre « qui donne des coups de bâton » et non le prêtre qui embrasse, pardonne, console… Mais il y en a beaucoup ! Beaucoup de chapelains d’hôpitaux, des chapelains de détenus, beaucoup de saints ! Mais ceux-ci ne se voient pas, parce que la sainteté est « pudique », elle se cache. En revanche, le manque de pudeur est un peu insolent ; il est insolent et se fait voir. Beaucoup d’organisations, avec des gens bien et des gens pas si bien ; ou des gens à qui tu donnes un « sac » un peu gros et qui regardent de l’autre côté, comme les puissances internationales avec les trois génocides. Nous aussi, chrétiens – prêtres, évêques – nous avons fait cela ; mais nous, chrétiens, nous avons aussi une Teresa de Calcutta et beaucoup de Teresa de Calcutta ! Nous avons beaucoup de sœurs en Afrique, beaucoup de laïcs, beaucoup de couples de saints époux ! Le blé et les mauvaises herbes, le blé et les mauvaises herbes. Jésus dit que le Royaume est comme cela. Nous ne devons pas nous scandaliser d’être ainsi. Nous devons prier pour que le Seigneur fasse en sorte que ces mauvaises herbes finissent et qu’il y ait plus de blé. Mais c’est la vie de l’Église. On ne peut pas mettre une limite. Nous sommes tous saints parce que nous avons tous l’Esprit Saint à l’intérieur de nous mais nous sommes – nous tous – des pécheurs. Moi le premier. D’accord ? Merci. Je ne sais pas si j’ai répondu… Pas seulement des excuses, mais le pardon !
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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