Le pape François a nommé le cardinal Christoph Schönborn O.P., archevêque de Vienne (Autriche) et président de la Conférence épiscopale autrichienne, comme son “envoyé extraordinaire” en Biélorussie, à Budslau, les 1er et 2 juillet.
Le cardinal est chargé par le pape François de le représenter aux célébrations du 25e anniversaire de la création de l’archidiocèse diocèse de Minsk-Mohilev.
Il sera accompagné du P. Aliaksandr Baryla, curé de la paroisse de l’Exaltation de la Sainte-Croix de Vileyka (archidiocèse de Minsk-Mohilev) et du P. Viktar Haidukevich, salésien de don Bosco (SDB), de la délégation salésienne en Biélorussie.
Dans sa lettre de mission, en latin, le pape François rappelle la fondation du diocèse il y a 25 ans par le saint pape Jean-Paul II.
Il souligne que ces célébrations ont lieu dans le cadre du Jubilé extraordinaire de la miséricorde.
Il envoie le cardinal viennois non seulement de célébrer la messe, mais de transmettre sa salutation à tous.
Le pape évoque les “vexations” dont été victimes les chrétiens de Biélorussie sous le joug communiste, saluant leur “très beau témoignage d’amour du Christ et de l’Eglise”. Et il cite le cardinal Swiatek.
Le pape François souhaite que ce bref passage du cardinal Schönborn soit fructueux pour l’Eglise locale et soit l’occasion de faire le point sur son histoire, et lui redonne des « forces nouvelles » pour leur vie quotidienne.
C’est l’archevêque, Mgr Thaddée Kondrusiewicz, qui avait demandé au pape François de bien vouloir nommer un envoyé pour ces célébrations.
Le card. Swiatek, dix ans de goulag
Dans sa lettre, le pape François cite spécialement le premier archevêque, le défunt cardinal Casimir Swiatek (1914-2011,) comme un “défenseur de la foi intrépide » qui n’a pas cessé jusqu’à sa mort d’annoncer l’Evangile.
Ordonné prêtre en 1939, il avait échappé à une condamnation à mort après son arrestation par la KGB, dans la confusion qui accompagne l’avancée nazie en 1941. Arrêté de nouveau en 1944, il est déporté dans un camp de travail en Sibérie. Quand il est libéré, en 1954, il attire, à Pinsk des fidèles qui n’hésitent pas à faire de nombreux kilomètres pour l’entendre.
Aux travaux forcés, il souffrit d’épuisement, de la faim et du froid, des mauvais traitements: « On ne pouvait survivre que par la foi », a-t-il confié.
En effet, comment fait-on pour résister au goulag? C’est ce que lui a demandé l’officier soviétique: « L’officier du KGB m’a posé cette question avant d’autoriser ma sortie de prison. J’ai répondu: ma vie, je la dois à Dieu, c’est lui mon salut! C’est le message que je répète chaque jour, et que je veux laisser à vous aussi: Dieu, comme tu es grand! Comme tu es bon! »
L’Occident nous avait oubliés
Il est revenu chez lui au milieu des églises détruites: « Chaque jour était une lutte très dure, je me sentais comme David contre le géant Goliath, à une différence près: je n’avais pas même une fronde! », écrit-il dans son « Journal ». « Je souffrais, ajoute-t-il, parce que l’Occident nous avait oubliés, en cherchant la paix et la sécurité en embrassant nos tortionnaires. Alors qu’ici, on détruisait les églises, les prêtres étaient emprisonnés et les croyants persécutés ».
A la chute du Mur de Berlin, le pape Jean-Paul II l’a nommé évêque (1989) puis archevêque (1991) et il l’a « créé » cardinal en 1994. Il lui a remis le Prix de l’Institut Paul VI de Brescia (Italie) de « témoin de la foi », « Fidei Testis » en 2004 à Castel Gandolfo.
