Audience du 15 juin 2016, L'Osservatore Romano

Audience du 15 juin 2016, L'Osservatore Romano

Double guérison à Jéricho: Jésus guérit l’aveugle et la foule

«L’indifférence et l’hostilité rendent aveugles et sourds» (traduction complète)

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Dans le récit de la guérison de l’aveugle de Jéricho, le pape François souligne la double guérison obtenue par la miséricorde de Jésus : celle de l’aveugle et celle de la foule agacée par ce mendiant, par manque de compassion : « l’indifférence et l’hostilité rendent aveugles et sourds ».
Le pape a en effet choisi comme exemple de miséricorde la guérison de l’aveugle relatée ici par l’évangile de Luc (Lc 18,35-43), lors de l’audience générale de ce mercredi 15 juin, place Saint-Pierre, en présence de quelque 25 000 personnes.
« Tandis que l’aveugle invoque Jésus en criant, les gens le réprimandent pour le faire taire, comme s’il n’avait pas le droit de parler, fait observer le pape. Ils n’ont pas de compassion pour lui, au contraire, ils sont agacés par ses cris. »
Il actualise immédiatement la situation évangélique : « Combien de fois, quand nous voyons toutes ces personnes dans la rue – des gens dans le besoin, malades, qui n’ont pas de quoi manger – nous nous sentons agacés. Combien de fois, lorsque nous nous trouvons devant tous ces réfugiés, nous sommes agacés. C’est une tentation que nous avons tous. Tous, moi aussi ! »
L’aveuglement et la surdité sont fruits de cette indifférence, de cette hostilité, continue le pape : « C’est pour cela que la parole de Dieu nous avertit en nous rappelant que l’indifférence et l’hostilité rendent aveugles et sourds, empêchent de voir nos frères et ne permettent pas de reconnaître le Seigneur en eux. Indifférence et hostilité. Et parfois cette indifférence et cette hostilité deviennent aussi une agression et une insulte : ‘Mais chassez-les tous, ceux-là ! Mettez-les ailleurs !’ Cette agression, c’est ce que faisaient les gens quand l’aveugle criait : ‘Mais va-t-en, allez, tais-toi, ne crie pas !’ »
C’est pourquoi le pape fait observer que non seulement Jésus guérit l’aveugle, mais il guérit aussi la foule de son aveuglement, la libère de son hostilité : « Il se produit un second miracle : ce qui s’est passé pour l’aveugle fait que les gens aussi finissent par voir. La même lumière les illumine tous, les rassemblant dans la prière de louange. »
« Ainsi Jésus répand sa miséricorde sur tous ceux qu’il rencontre, il les appelle, les fait venir à lui, les rassemble, les guérit et les éclaire, créant un peuple nouveau qui célèbre les merveilles de son amour miséricordieux. Laissons-nous, nous aussi, appeler par Jésus, et laissons-nous guérir par Jésus, pardonner par Jésus et marchons à la suite de Jésus en louant Dieu », a conclu le pape.
Voici notre traduction intégrale de la catéchèse du pape François.
A.B.
Catéchèse du pape François en italien
Chers frères et sœurs, bonjour !
Un jour, approchant de la ville de Jéricho, Jésus accomplit le miracle de redonner la vue à un aveugle qui mendiait au bord de la route (cf. Lc 18,35-43). Aujourd’hui, nous voulons saisir la signification de ce signe parce qu’il nous touche nous aussi directement. L’évangéliste Luc dit que cet aveugle mendiait, assis au bord de la route (cf. v.35). Un aveugle, en ces temps-là – mais aussi jusqu’à il n’y a pas si longtemps – ne pouvait vivre que d’aumône. La figure de cet aveugle représente de nombreuses personnes qui, aujourd’hui encore, se retrouvent marginalisées à cause d’un désavantage physique ou d’une autre sorte. Il est séparé de la foule, il est là, assis tandis que les gens passent, affairés, absorbés dans leurs pensées et dans beaucoup d’autres choses… Et la route, qui peut être un lieu de rencontre, est pour lui au contraire le lieu de la solitude. Toute la foule passe… Et lui est seul.
Cette image d’une personne marginalisée est triste, surtout sur le fond de la ville de Jéricho, la splendide et luxuriante oasis dans le désert. Nous savons que c’est justement à Jéricho que le peuple d’Israël est arrivé à la fin de son long exode d’Égypte : cette ville représente la porte d’entrée dans la terre promise. Souvenons-nous des paroles que Moïse prononce dans cette circonstance : « Se trouve-t-il chez toi un malheureux parmi tes frères, dans l’une des villes de ton pays que le Seigneur ton Dieu te donne ? Tu n’endurciras pas ton cœur, tu ne fermeras pas la main à ton frère malheureux… Certes, le malheureux ne disparaîtra pas de ce pays. Aussi je te donne ce commandement : tu ouvriras tout grand ta main pour ton frère quand il est, dans ton pays, pauvre et malheureux. » (Dt 15, 7.11) Le contraste est saisissant entre cette recommandation de la loi de Dieu et la situation décrite par l’Évangile : tandis que l’aveugle invoque Jésus en criant, les gens le réprimandent pour le faire taire, comme s’il n’avait pas le droit de parler. Ils n’ont pas de compassion pour lui, au contraire, ils sont agacés par ses cris. Combien de fois, quand nous voyons toutes ces personnes dans la rue – des gens dans le besoin, malades, qui n’ont pas de quoi manger – nous nous sentons agacés. Combien de fois, lorsque nous nous trouvons devant tous ces réfugiés, nous sommes agacés. C’est une tentation que nous avons tous. Tous, moi aussi ! C’est pour cela que la parole de Dieu nous avertit en nous rappelant que l’indifférence et l’hostilité rendent aveugles et sourds, empêchent de voir nos frères et ne permettent pas de reconnaître le Seigneur en eux. Indifférence et hostilité. Et parfois cette indifférence et cette hostilité deviennent aussi une agression et une insulte : « Mais chassez-les tous, ceux-là ! Mettez-les ailleurs ! ». Cette agression, c’est ce que faisaient les gens quand l’aveugle criait : « Mais va-t-en, allez, tais-toi, ne crie pas ! »
Nous notons un détail intéressant. L’évangéliste dit que quelqu’un dans la foule a expliqué à l’aveugle la raison de tout ce monde : « C’est Jésus qui passe, le Nazaréen ! » (v.37). Le passage de Jésus est indiqué par le même verbe que celui qui, dans le livre de l’Exode, parle du passage de l’ange exterminateur qui sauve les Israélites en terre d’Égypte (cf Ex 12,23). C’est le « passage » de la Pâque, le début de la libération : quand Jésus passe, il y a toujours une libération, il y a toujours le salut ! Pour l’aveugle, par conséquent, c’est comme si on lui annonçait sa pâque. Sans se laisser intimider, l’aveugle crie plusieurs fois vers Jésus, le reconnaissant comme le Fils de David, le Messie attendu qui, selon le prophète Isaïe, ouvrirait les yeux des aveugles (cf. Is 35,5). À la différence de la foule, cet aveugle voit avec les yeux de la foi. Grâce à celle-ci, sa requête a une efficacité puissante. En effet, en l’entendant, « Jésus s’arrêta et ordonna qu’on le conduise à lui » (v.40). Ce faisant, Jésus enlève l’aveugle du bord de la route et le place au centre de l’attention de ses disciples et de la foule. Pensons nous aussi, quand nous avons été dans une mauvaise situation, même des situations de péché, que c’est précisément Jésus qui nous a pris par la main et nous a retirés du bord de la route pour nous donner le salut. Ainsi se réalise un double passage. Premièrement, les gens avait annoncé une bonne nouvelle à l’aveugle mais ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui ; maintenant Jésus les oblige tous à prendre conscience que la bonne nouvelle implique de placer au centre de son propre chemin celui qui en était exclu. Deuxièmement, à son tour, l’aveugle ne voyait pas, mais sa foi lui a ouvert la voie du salut et il se retrouve au milieu de ceux qui étaient descendus dans la rue pour voir Jésus. Frères et sœurs, le passage du Seigneur est une rencontre de miséricorde qui nous unit tous autour de lui pour permettre de reconnaître qui a besoin d’aide et de consolation. Dans notre vie aussi, Jésus passe ; et quand Jésus passe, et que je m’en aperçois, c’est une invitation à m’approcher de lui, à être meilleur, à être un chrétien meilleur, à suivre Jésus.
Jésus s’adresse à l’aveugle et lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (v.41). Ces paroles de Jésus sont impressionnantes : le Fils de Dieu se tient maintenant devant l’aveugle comme un humble serviteur. Lui, Jésus, Dieu, dit « Mais que veux-tu que je te fasse ? Comment veux-tu que je te serve ? ». Dieu se fait serviteur de l’homme pécheur. Et l’aveugle répond à Jésus non plus en l’appelant « Fils de David », mais « Seigneur », le titre que l’Église, depuis les débuts, applique à Jésus ressuscité. L’aveugle demande de pouvoir voir à nouveau et son désir est exaucé :  « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé » (v.42). Il a montré sa foi en invoquant Jésus et en voulant absolument le rencontrer, et cela lui a apporté en cadeau le salut. Grâce à la foi, il peut maintenant voir et surtout, il se sent aimé par Jésus. C’est pourquoi, le récit se termine en racontant que l’aveugle « se mit à le suivre en glorifiant Dieu » (v.43) :  il se fait disciple. De mendiant à disciple, c’est aussi notre route : nous sommes tous mendiants, tous. Nous avons toujours besoin du salut. Et tous, tous les jours, nous devons faire ce pas : de mendiants à disciples.  Et ainsi, l’aveugle se met en chemin derrière le Seigneur, commençant à faire partie de sa communauté. Celui qu’on voulait faire taire, témoigne maintenant à voix haute de sa rencontre avec Jésus de Nazareth et « tout le peuple, en le voyant, rendait grâce à Dieu » (v.43). Il se produit un second miracle : ce qui s’est passé pour l’aveugle fait que les gens aussi finissent par voir. La même lumière les illumine tous, les rassemblant dans la prière de louange. Ainsi Jésus répand sa miséricorde sur tous ceux qu’il rencontre, il les appelle, les fait venir à lui, les rassemble, les guérit et les éclaire, créant un peuple nouveau qui célèbre les merveilles de son amour miséricordieux. Laissons-nous, nous aussi, appeler par Jésus, et laissons-nous guérir par Jésus, pardonner par Jésus et allons derrière Jésus en louant Dieu. Ainsi soit-il !
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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