Quand les riches « exploitent le travail des gens et que les pauvres deviennent esclaves » « c’est un péché mortel », affirme le pape.
Il a parlé de l’exploitation et de l’esclavage moderne dans son homélie prononcée ce jeudi 19 mai lors de la messe matinale en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican.
Les riches qui « affament les gens » en utilisant « leur travail » pour leur « profit », qui vivent « du sang du peuple » commettent « un péché mortel », avertit le pape François : « Et il faut beaucoup de pénitence, tant de restitution pour se convertir de ce péché. »
Il invite à un examen de conscience : « Pensons à ce drame d’aujourd’hui, l’exploitation du peuple, le sang de ces personnes qui deviennent esclaves, les trafiquants d’êtres humains et non seulement ceux qui font le trafic des prostituées et des enfants pour le travail des mineurs », mais ceux qui font ce trafic soi-disant « civilisé » : « Je vais vous payer jusque là, pas de vacances, pas d’assurance santé, non … tout au noir … Mais je deviens riche! »
L’exploitation des gens « aujourd’hui est un véritable esclavage », répète le pape : «Nous avons pensé que les esclaves n’existaient plus : ils existent. Il est vrai que les gens ne vont pas les prendre en Afrique pour les vendre en Amérique: non. Mais c’est dans nos villes. Et il y a ces trafiquants, ceux qui traitent les gens avec le travail sans justice. »
Le pape décrit la situation présente « partout dans le monde » : « Je veux travailler » – « Eh bien: tu fais un contrat. De septembre au juin. Sans la possibilité de la retraite, sans assurance maladie… En juin, juillet et août, tu es suspendu et dois manger de l’air. Et en septembre je te reprends » : « Ceux qui font cela sont de véritables sangsues, affirme le pape François, et ils vivent du sang des gens dont ils rendent les esclaves de l’emploi. »
Le pape a commenté la lettre de saint Jacques qui avertit les exploiteurs: « Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs, le voici qui crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers. »
Le pape François a cité l’exemple d’une jeune fille qui avait trouvé un emploi de 11 heures par jour à 650 euros, au noir, à qui on avait dit: « Si tu le souhaites, fais-le, sinon, pars. Il y en a d’autres, derrière toi ». Ces riches, note le pape, « s’engraissent dans les richesses ».
La richesse n’est pas une chose « absolue », fait observer le pape : les gens qui prônent la soi-disant « théologie de la prospérité» selon laquelle «Dieu vous fait voir que vous avez raison s’il vous donne tant de richesses », ont tort, car « vous ne pouvez pas servir Dieu et la richesse. »
Le pape évoque la mort et l’enterrement d’un homme avare : « ils ne pouvaient pas fermer le cercueil », car « il voulait prendre avec lui tout ce qu’il avait, et il ne pouvait pas » : « Personne ne peut emporter ses richesses. »
Le pape a conclu, comme à son habitude par la « grâce à demander » : « Que le Seigneur nous fasse comprendre aujourd’hui, cette simplicité que Jésus nous dit dans l’Évangile de ce jour: un verre d’eau au nom du Christ est plus important que toute la richesse accumulée par l’exploitation des gens. »
Messe à Sainte-Marthe, L'Osservatore Romano
Le péché mortel des exploiteurs, homélie
Le pape dénonce les esclavages modernes