Mgr Ignace Youssef III Younan © ZENIT - HSM

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La situation en Syrie et en Irak, par le patriarche Younan

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Les chiffres de l’exode

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« Les deux tiers des chrétiens au moins sont partis » de Syrie, en cinq ans de conflit, déplore le patriarche  syro-catholique Ignace Youssef III Younan, actuellement en Italie pour une série de conférences organisées par l’œuvre internationale « Aide à l’Eglise en détresse » (AED). Il se confie à Radio Vatican.
Il dit malgré tout son espérance dans les négociations de Genève: « Espérons que ces discussions sur la Syrie – Genève 3 – commencent au plus vite. Cinq ans après le début de la crise en Syrie, je vois que les pays occidentaux commencent finalement à changer d’avis et d’attitude : cinq années de destructions, de massacres… après des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés. »
Il constate que les chrétiens de Syrie partagent la détresse de toute la population: « La situation des chrétiens n’est pas différente de celle de tous ceux qui subissent ce cauchemar, mais ils commencent à perdre confiance, au plan matériel, pour des raisons humanitaires, mais psychique aussi, leur moral est en train de s’écrouler. Dans certaines zones, ils ont tout perdu, sont devenus des réfugiés dans leur propre pays et sans avoir rien fait de mal. Ils tâchaient de vivre tranquillement et pacifiquement, dans la tolérance, avec tous les autres. Mon confrère, le patriarche syro-orthodoxe, s’est rendu à Qamishli, après les trois attentats à l’explosif qui ont tué une vingtaine de jeunes chrétiens. Un message vraiment lugubre, très triste. Les gens se demandent : « Jusqu’à quand pourrons-nous rester ? Jusqu’à quand devrons-nous subir ce chaos ? ». »
Mais il reconnaît en même temps l’exode massif qui vide le pays de la présence chrétienne, qui fait partie de l’identité du pays: « Ici, c’est notre destin qui se joue, car quand nous parlons d’Eglises orientales, nous parlons de petites entités, et si cette crise continue, les chrétiens s’en iront et s’ils partent ce ne sera pas parce qu’ils subissaient des persécutions mais parce que toute la communauté les subissait. Ce serait une grande perte non seulement pour les Eglises orientales mais pour toute l’Eglise universelle, car c’est ici qu’est née notre foi. Jésus parlait araméen, ne parlait ni grec ni latin ! C’est donc toute une culture religieuse, une culture civile, qui disparaitrait! »
Il donne des chiffres de l’exode pour l’Irak: « Je vais toujours dans le nord de l’Irak, à Bagdad aussi. Eh bien ! En Irak, ça n’est pas difficile, on peut dire que les deux tiers des chrétiens au moins sont partis ! Et si nous voulons être optimistes, disons qu’il doit y avoir encore à peu près 300 000 chrétiens dans tout l’Irak. En Syrie, la situation est différente, parce qu’il y a des réfugiés à l’intérieur du territoire qui peuvent aller de l’intérieur jusqu’aux montagnes et jusqu’aux côtes, voire au Liban tout proche. Mais les grandes villes comme Alep ont sûrement perdu beaucoup de chrétiens, au moins 50 %. La situation est vraiment dramatique : la nourriture est devenue plus chère, pas de chauffage, pas d’eau, pas d’électricité. Cela fait déjà trois ans que les gens sont dans ces conditions et personne n’en parle, c’est bien le problème. Ici en Occident on n’en parle pas suffisamment. Nous pouvons dire qu’au moins un tiers de la population syrienne sont des réfugiés, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. »

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Océane Le Gall

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