Le mot « miséricorde » revient huit fois dans le discours du pape François au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, ce lundi, 11 janvier 2016. Le pape conjugue miséricorde avec réconciliation, famille, nations, dialogue et paix, à partir du don de Dieu et en interpellant la liberté humaine.
Méditant sur le mystère de Noël, le pape François explique en effet ce que signifie la venue de Dieu qui se fait petit enfant : « Le mystère de l’Incarnation nous montre le vrai visage de Dieu, pour qui puissance ne signifie pas force et destruction, mais bien amour ; justice ne signifie pas vengeance, mais bien miséricorde. C’est dans cette perspective que j’ai voulu proclamer le Jubilé extraordinaire de la miséricorde, inauguré exceptionnellement à Bangui. »
Plus loin, le pape souligne que la paix implique la miséricorde, antidote au terrorisme : « Là où l’on a abusé du nom de Dieu pour commettre l’injustice, j’ai voulu rappeler, avec la communauté musulmane de la République centrafricaine, que « celui qui dit croire en Dieu doit être aussi un homme, une femme de paix », et donc de miséricorde, puisqu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu. Seule une forme idéologique et déviée de la religion peut penser rendre justice au nom du Tout-Puissant, en massacrant délibérément des personnes sans défense, comme cela est arrivé dans les attentats terroristes sanglants des mois derniers en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. »
Ebauchant un bilan de l’année 2015, il souligne que « la miséricorde a été comme le « fil conducteur » » de ses voyages apostoliques, citant notamment Sarajevo où la miséricorde passe par le dialogue : « Un tel carrefour de cultures, nations et religions s’efforce, avec des résultats positifs, de construire toujours de nouveaux ponts, de valoriser ce qui unit et de regarder les différences comme des opportunités de croissance dans le respect de tous. Cela est possible grâce au dialogue patient et confiant, qui sait faire siennes les valeurs de la culture de chacun et accueillir le bien provenant des expériences d’autrui. » Il a rappelé le travail de « rapprochement et de réconciliation » de Cuba et des Etats-Unis.
A Philadelphie, il avait souligné que la famille est une « école de miséricorde » et de « fraternité ».
Le pape voit aussi dans l’Année de la miséricorde une chance pour guérir les blessures entre les nations et favoriser la réconciliation, grâce au dialogue : trois réalités qu’il tricote ensemble.
En Afrique, le pape avait souhaité « que cette Année sainte de la miséricorde soit aussi une occasion de dialogue et de réconciliation orienté vers l’édification du bien commun au Burundi, en République démocratique du Congo et au Sud Soudan ».
« Qu’elle soit surtout un temps propice pour mettre définitivement un terme au conflit dans les régions orientales de l’Ukraine. Le soutien que la Communauté internationale, chaque État et les organismes humanitaires, pourront offrir au pays à de multiples points de vue afin qu’il résolve la crise actuelle, est d’une importance fondamentale », a ajouté le pape.
Et puis il a indiqué « le défi qui, plus que tout autre, nous attend » : « celui de vaincre l’indifférence pour construire ensemble la paix, qui demeure un bien à poursuivre sans cesse ».
Il a souligné le paradoxe qui est une espérance, à savoir que la Terre sainte où Dieu a manifesté sa miséricorde et où deux peuples aspirent à la paix sans réussir à la construire : « Malheureusement, parmi les nombreuses parties du monde bien-aimé qui la désirent ardemment, il y a la Terre que Dieu a aimée et choisie pour montrer à tous le visage de sa miséricorde. Mon souhait est que cette nouvelle année puisse guérir les blessures profondes qui séparent Israéliens et Palestiniens et permettre la cohabitation pacifique de deux peuples qui – j’en suis sûr – du fond du cœur, ne demandent rien d’autre que la paix ! »
Anita Bourdin
Les huit miséricordes du pape François pour les nations
Et les corollaires de dialogue, réconciliation et paix