Fr Denis Metzinger with one of the photos of Pope Francis (Philadelphia 2015)

Courtesy of Fr Metzinger - Fr Denis Metzinger with one of the photos of Pope Francis (Philadelphia 2015)

La famille ne peut être transformée selon l’air du temps, par le P. Metzinger

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Rencontre à l’occasion de la fête de la Sainte Famille

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« Dans ses catéchèses, le pape François a bien rappelé que LA FAMILLE est une réalité anthropologique qui ne peut donc pas être transformée selon l’air du temps », fait observer le P. Metzinger.
Le Père Denis Metzinger est prêtre du diocèse de Paris depuis 1988. Il est actuellement curé de paroisse et responsable de l’Institut de la Famille. Il est aussi vicaire épiscopal pour la pastorale familiale du diocèse de Paris.
« La question posée est donc, comment l’Eglise, avec quelles ressources – la Parole de Dieu, les frères, les communautés paroissiales – peut aider les personnes à vivre la situation qui est la leur ? Comment réveiller le baptême initialement reçu ? C’est toute la famille-Eglise qui est concernée et non une partie contre une autre. C’est donc avec une grande Espérance que j’attends l’exhortation post-synodale. Je me réjouis que 2016 sera encore une année pour la famille ! », ajoute le P. Metzinger dans cet entretien accordé à l’occasion de la fête de la Sainte Famille.
On peut aussi retrouver le P. Metzinger sur KTO en cliquant ici.
Zenit – Qu’est-ce au juste que l’Institut de la Famille ?
 
Père Denis Metzinger – Au sein de l’Ecole Cathédrale (centre de formation des fidèles du diocèse de Paris), l’Institut de la Famille est un lieu pastoral qui manifeste le souci de l’Eglise à Paris de soutenir, d’aider et d’encourager la famille. Nous nous adressons aux couples mariés ou non… aux personnes âgées… aux jeunes parents en attente d’une naissance… bref à toutes les étapes. C’est un soutien apporté aux paroisses et à tous ceux qui veulent connaître ‘ce que dit l’Eglise’. Ce sont chaque année plus de 900 auditeurs qui viennent suivre nos rencontres. Parmi eux certains veulent aller plus loin et s’inscrivent à un cours semestriel ou annuel de l’Ecole Cathédrale au sein de ce lieu porteur qu’est le collège des Bernardins restauré et visité par Benoît XVI en Septembre 2008.
 
Que signifie fêter liturgiquement la Sainte Famille de Jésus, Marie, Joseph ?
 
Comme toute fête liturgique, c’est déjà rendre grâce à Dieu ! Là, nous rendons grâce pour sa proximité. En venant dans le monde, il ne vient pas chez nous ‘par au dessus’ mais comme chacun d’entre nous en naissant au sein d’une famille ! Une famille singulière, je vous l’accorde, mais avouez que précisément chaque famille est singulière puisqu’elle existe par un échange d’Amour rayonnant. On a trop tendance à un certain conformisme ‘tous pareils’ La contemplation de la Sainte Famille, oblige chaque famille à se demander comment donner place à Dieu dans notre aventure !
 
Un moment spécial en France ?
 
Je ne le crois pas. Nous sommes dans l’ambiance paisible de Noël et d’une certaine façon ce fut pour de nombreux catholiques une célébration de la famille. Il était beau de voir dans nos églises lors de ces messes de Noël les familles réunies : les grands et arrières-grands parents soutenus par les petits-enfants… et c’est la célébration eucharistique – à laquelle chacun participe à sa façon- qui crée l’évènement pour la famille, avant même le repas et l’échange des cadeaux ! Je sais que cette Année Sainte sera aussi une belle occasion dans de nombreuses paroisses de célébrer sous le regard de Dieu, la famille !
 
La famille est en butte à toutes sortes de forces de désagrégation et de dispersion dans le monde: familles désunies des réfugiés, des émigrés, des couples séparés, lois qui érodent la famille… L’image de la Sainte Famille n’est-elle pas hors de la réalité? Un idéal inaccessible et finalement qui n’arrive pas à consoler?
 
L’image est une chose… la réalité en est une autre ! Se tourner vers la Sainte Famille ce n’est pas admirer des personnages de plâtres… c’est tenter de percevoir ce qui anime chacun de ses membres : Précisément dans le don mutuel de Marie et Joseph… dans la fidélité à la mission reçue… dans le désir de protéger le plus faible qu’est l’Enfant et ce au milieu des difficultés inhérentes à la vie quotidienne. La Sainte Famille n’est pas une famille rêvée… elle a connu les difficultés ; les déplacements ; les peurs face aux ennemis. Il n’est pas demandé aux baptisés de ‘mimer’ la famille de Jésus ! Il est demandé à l’homme, à la femme, aux enfants de puiser quotidiennement à la source de leur baptême pour être rendu capable d’aimer non par caprice mais par Amour ! Dans notre société hyper égoïste, il ne faut pas s’étonner que cela dérange. Le témoignage indispensable demande et beaucoup de force (intérieure) et beaucoup d’humilité (extérieure). Jamais l’Amour ne s’impose !
 
On attend du pape François un document qui noue la gerbe de deux synodes et d’un inter-synode, pas sans crainte, mais déjà certains disent: le synode ne m’a pas concerné, je ne m’y suis pas retrouvé. Comment se préparer à accueillir ce document et que faut-il en attendre ?
 
Evidemment… déjà au temps de Jésus ce genre de réactions « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins assis sur la place, qui s’interpellent en disant : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré ” (Luc 7,32).
Ceux qui d’avance ne sont pas contents ne sont-ils pas la preuve que la discussion a bien été ouverte ! Il nous faut remercier le pape François d’avoir depuis 3 ans, placé la famille au cœur de l’Eglise ! Là où l’individualisme ambiant de nos sociétés l’avait mis au musée de la préhistoire. Il faudrait vivre avec des lunettes noires pour croire qu’il n’y a pas de problèmes, c’est même triste à mon sens que dès que l’on emploie le mot famille on y ajoute un qualificatif : moderne, blessée, tradi, etc… pour noyer le poisson certains évitent le singulier et disent ‘les familles’ on croit alors faire plaisir à tous ! Dans ses catéchèses, le pape François a bien rappelé que LA FAMILLE est une réalité anthropologique qui ne peut donc pas être transformée selon l’air du temps. La question posée est donc, comment l’Eglise, avec quelles ressources : la Parole de Dieu ; les frères ; les communautés paroissiales ; peut aider les personnes à vivre la situation qui est la leur ? Comment réveiller le baptême initialement reçu ? C’est toute la famille-Eglise qui est concernée et non une partie contre une autre. C’est donc avec une grande Espérance que j’attends l’exhortation post-synodale. Je me réjouis que 2016 sera encore une année pour la famille !
 
Le cardinal Vingt-Trois avait souhaité faire un compte-rendu du synode en novembre dernier ?
 
En effet, il avait demandé à l’Institut de la Famille d’organiser une rencontre qui serait aussi pour lui l’occasion de dialoguer avec des couples. Celle-ci était prévue de longue date pour le dimanche 15 novembre dernier. Cinq cents personnes s’étaient inscrites . Nous avons dû annuler cette rencontre suite aux terribles attentats (13 novembre au soir) qui ont ensanglantés Paris. Non par peur de se rassembler, mais pour vivre ces jours dans une solidarité priante avec toutes les familles touchées par cette barbarie.
Il était techniquement difficile d’organiser à nouveau une telle rencontre. Alors, nous avons monté une opération plus légère…sous forme d’émission de télévision. Précisément des couples interrogent l’archevêque – président délégué des deux synodes- sur les joies et peines de la vie familiale et sur la préparation au mariage. Ils sont très intimidés et très curieux….L’émission est prévue Mardi 29 décembre à 20h40 sur KTO TELEVISION CATHOLIQUE, la télé catholique francophone. Je crois que tous vos lecteurs pourront aussi la retrouver sur : www.ktotv.com
 
Un dernier mot ?
A tous les jeunes qui s’interrogent… n’ayez pas peur ! Mariez-vous pour constituer une famille. La famille, ça vaut la joie, ça vaut la peine !

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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