Angélus du 6 décembre
Avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
En ce second dimanche de l’Avent, la liturgie nous met à l’école de Jean le Baptiste, qui prêchait « un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Lc 3,3). Et nous, peut-être nous demandons-nous : « Pourquoi devrions-nous nous convertir ? La conversion concerne l’athée qui devient croyant, le pécheur qui devient juste, mais nous, nous n’avons pas besoin, nous sommes déjà chrétiens ! Par conséquent, nous sommes en règle ». Et ceci n’est pas vrai. En pensant de cette façon, nous ne nous rendons pas compte que c’est précisément de cette présomption – que nous sommes chrétiens, tous bons, que nous sommes bien – que nous devons nous convertir : de la supposition, en somme, que tout va bien et que nous n’avons aucun besoin de conversion. Mais essayons de nous interroger : est-il vrai que dans les différentes situations et circonstances de notre vie, nous avons en nous les mêmes sentiments que Jésus ? Est-il vrai que nous ressentons ce que ressent Jésus ? Par exemple, quand nous subissons un tort ou un affront, réussissons-nous à réagir sans animosité et à pardonner de tout cœur à celui qui s’excuse auprès de nous ? Comme il est difficile de pardonner ! Comme c’est difficile ! « Tu me le paieras ! » : ces mots viennent de l’intérieur ! Quand nous sommes appelés à partager les joies et les douleurs, savons-nous sincèrement pleurer avec ceux qui pleurent et nous réjouir avec ceux qui se réjouissent ? Quand nous devons exprimer notre foi, savons-nous le faire avec courage et simplicité, sans avoir honte de l’Évangile ? Et nous pouvons nous poser beaucoup d’autres questions. Nous ne sommes pas en règle, nous devons toujours nous convertir, avoir les sentiments qu’avait Jésus.
La voix du Baptiste crie encore dans les déserts actuels de l’humanité, qui sont – quels sont les déserts d’aujourd’hui ? – les esprits fermés et les cœurs durs, et elle nous provoque à nous demander si, effectivement, nous sommes sur la bonne voie, nous vivons une vie selon l’Évangile. Aujourd’hui comme alors, il nous avertit avec les paroles du prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur ! » (v. 4). C’est une invitation pressante à ouvrir notre cœur pour accueillir le salut que Dieu nous offre sans cesse, presque avec obstination, parce qu’il nous veut tous libres de l’esclavage du péché. Mais le texte du prophète dilate cette voix, annonçant à l’avance que « tout homme verra le salut de Dieu » (v. 6). Et le salut est offert à tout homme et à tout peuple, sans exclure personne, à chacun de nous. Personne parmi nous ne peut dire : « Je suis saint, je suis parfait, je suis déjà sauvé ». Non. Nous devons toujours accueillir cette offrande du salut. L’Année de la miséricorde est pour cela : pour aller plus loin sur ce chemin du salut, ce chemin que Jésus nous a enseigné. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés par l’intermédiaire de Jésus-Christ, l’unique médiateur (cf. 1 Tm 2,4-6).
Chacun de nous est donc appelé à faire connaître Jésus à ceux qui ne le connaissent pas encore. Mais cela n’est pas du prosélytisme. Non ! C’est ouvrir une porte. « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1 Cor 9,16), déclarait saint Paul. Si le Seigneur Jésus a changé notre vie, et s’il la change chaque fois que nous allons à lui, comment ne pas éprouver la passion de le faire connaître à ceux que nous rencontrons au travail, à l’école, dans notre immeuble, à l’hôpital, dans les lieux de rencontre ? Si nous regardons autour de nous, nous trouvons des personnes qui seraient disponibles pour commencer ou recommencer un cheminement de foi, si elles rencontraient des personnes amoureuses de Jésus. Ne devrions-nous pas, et ne pourrions-nous pas, être ces chrétiens ? Je vous laisse avec une question : « Mais suis-je vraiment amoureux de Jésus ? Suis-je convaincu que Jésus m’offre et me donne le salut ? » Et, si je suis amoureux, je dois le faire connaître. Mais nous devons être courageux : abaisser les montagnes de l’orgueil et de la rivalité, combler les ravins creusés par l’indifférence et par l’apathie, rendre droits les sentiers de nos paresses et de nos compromis.
Que la Vierge Marie, qui est Mère et qui sait comment faire, nous aide à faire tomber les barrières et les obstacles qui empêchent notre conversion, c’est-à-dire notre chemin à la rencontre du Seigneur. Lui seul, Jésus seul peut accomplir toutes les espérances de l’homme !
Après l’angélus
Chers frères et sœurs,
Je suis avec une vive attention les travaux de la Conférence sur le climat, qui se tient actuellement à Paris et il me revient à l’esprit une question que j’ai posée dans l’encyclique Laudato si’ : « Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? » (n. 160). Pour le bien de la maison commune, de nous tous et des générations futures, à Paris, tout effort devrait être orienté à atténuer l’impact des changements climatiques et, en même temps, à combattre la pauvreté et faire fleurir la dignité humaine. Ces deux choix vont ensemble : stopper les changements climatiques et combattre la pauvreté, pour que fleurisse la dignité humaine. Prions pour que l’Esprit-Saint éclaire ceux qui sont appelés à prendre des décisions aussi importantes et qu’il leur donne le courage de garder toujours comme critère de choix le plus grand bien de la famille humaine tout entière.
Demain, nous célébrons le cinquantième anniversaire d’un événement mémorable entre catholiques et orthodoxes. Le 7 décembre 1965, veille de la conclusion du concile Vatican II, dans une déclaration commune du pape Paul VI et du patriarche œcuménique Athénagoras, étaient effacées de la mémoire les sentences d’excommunication échangées entre l’Église de Rome et celle de Constantinople en 1054. Il est vraiment providentiel que ce geste de réconciliation historique, qui a créé les conditions d’un nouveau dialogue entre orthodoxes et catholiques, dans l’amour et dans la vérité, soit justement évoqué au début du Jubilé de la miséricorde. Il n’y a pas de cheminement authentique vers l’unité sans demande de pardon à Dieu et entre nous pour le péché de la division. Souvenons-nous dans notre prière du cher patriarche œcuménique Bartholomaios et des autres chefs des Églises orthodoxes et demandons au Seigneur que les relations entre catholiques et orthodoxes soient toujours inspirées par l’amour fraternel.
Hier, à Chimbote (Pérou), ont été proclamés bienheureux Michele Tomaszek e Zbigniew Strzalkowski, franciscains conventuels, et Alessandro Dordi, prêtre Fidei donum, tués en haine de la foi en 1991. Que la fidélité de ces martyrs à la suite de Jésus nous donne la force à tous, mais spécialement aux chrétiens persécutés dans diverses parties du monde, de témoigner avec courage de l’Évangile.
Je vous salue tous, pèlerins venus d’Italie et de différents pays – il y a pas mal de drapeaux – en particulier la chorale liturgique de Milherós de Poiares et les fidèles de Casal de Cambra, au Portugal. Je salue les participants au congrès du Mouvement d’engagement éducatif de l’Action catholique, les fidèles de Biella, Milan, Cusano Milanino, Nettuno, Rocca di Papa e Foggia ; les confirmés de Roncone et les confirmands de Settimello, l’orchestre de Calangianus et la chorale de Taio.
Je souhaite à tous un bon dimanche et une bonne préparation au début de l’Année de la miséricorde. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !
© Zenit, traduct
ion de Constance Roques