« La logique de l’Évangile (…) s’affirme silencieusement mais efficacement avec la force de la vérité », explique le pape François à l’occasion de la fête du Christ Roi de l’univers, avant la prière de l’angélus de midi, dimanche, 22 novembre.
« La logique mondaine repose sur l’ambition, sur la compétition, elle combat avec les armes de la peur, du chantage et de la manipulation des consciences. La logique de l’Évangile, c’est-à-dire la logique de Jésus, en revanche, s’exprime dans l’humilité et dans la gratuité, s’affirme silencieusement mais efficacement avec la force de la vérité », a expliqué le pape.
Des milliers de personnes avaient affronté un triple contrôle de sécurité mis en place pour la première fois pour accéder à la place qui est territoire du Vatican.
Voici notre traduction complète, de l’italien, des paroles du pape François à l’angélus, depuis la fenêtre du bureau qui donne place Saint-Pierre.
A.B.
Paroles du pape François avant l’angélus
Chers frères et sœurs, bonjour !
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ Roi. Et l’Évangile d’aujourd’hui nous fait contempler Jésus qui se présente à Pilate comme le roi d’un royaume qui « n’est pas de ce monde » (Jn 18,36). Cela ne signifie pas que le Christ est le roi d’un autre monde, mais qu’il est roi d’une autre façon, et pourtant, il est roi dans ce monde. Il s’agit d’une opposition entre deux logiques. La logique mondaine repose sur l’ambition, sur la compétition, elle combat avec les armes de la peur, du chantage et de la manipulation des consciences. La logique de l’Évangile, c’est-à-dire la logique de Jésus, en revanche, s’exprime dans l’humilité et dans la gratuité, s’affirme silencieusement mais efficacement avec la force de la vérité. Les royaumes de ce monde s’appuient sur la toute-puissance, les rivalités, l’oppression ; le royaume du Christ est un « royaume de justice, d’amour et de paix » (Préface).
Quand Jésus a-t-il révélé qu’il était roi ? Dans l’événement de la Croix ! Celui qui regarde la croix du Christ ne peut pas ne pas voir la gratuité surprenante de l’amour. L’un de vous pourrait dire : « Mais, Père, cela a été un échec ! » C’est précisément dans l’échec du péché – le péché est un échec – dans l’échec des ambitions humaines, c’est là qu’est le triomphe de la Croix, qu’est la gratuité de l’amour. L’amour se voit dans l’échec de la Croix, cet amour qui est gratuit, que Jésus nous donne. Parler de puissance et de force, pour le chrétien, signifie faire référence à la puissance de la Croix et à la force de l’amour de Jésus : un amour qui demeure ferme et intègre, même confronté au refus, et apparaît comme l’accomplissement d’une vie dépensée dans l’offrande totale de soi en faveur de l’humanité. Sur le Calvaire, les passants et les chefs se moquent de Jésus, cloué à la croix, et lui lancent un défi : « Sauve-toi toi-même, descends de la croix ! » (Mc 15,30). « Sauve-toi toi-même ! ». Mais paradoxalement, la vérité de Jésus est justement celle que ses adversaires lui jettent à la figure, sur le ton de la dérision : « Il ne peut pas se sauver lui-même ! » (v. 31). Si Jésus était descendu de la croix, il aurait cédé à la tentation du prince de ce monde ; lui, en revanche, il ne peut pas se sauver lui-même justement pour pouvoir sauver les autres, justement parce qu’il a donné sa vie pour nous, pour chacun d’entre nous. Dire : « Jésus a donné sa vie pour le monde », c’est vrai, mais c’est plus beau de dire : « Jésus a donné sa vie pour moi ». Et aujourd’hui, sur la place, que chacun d’entre nous dise dans son cœur : « Il a donné sa vie pour moi », pour pouvoir sauver chacun de nous de ses péchés.
Et cela, qui l’a compris ? Un des deux malfaiteurs qui sont crucifiés avec lui, qu’on appelle le « bon larron », l’a bien compris et il le supplie : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Mais celui-ci était un malfaiteur, il était corrompu et il était là, condamné à mort justement pour toutes les brutalités qu’il avait commises dans sa vie. Mais dans le comportement de Jésus, dans la douceur de Jésus, il a vu l’amour. Et c’est cela la force du royaume du Christ : c’est l’amour. C’est pourquoi le royaume de Jésus ne nous opprime pas, mais nous libère de nos faiblesses et de nos misères, nous encourageant à parcourir la voie du bien, de la réconciliation et du pardon. Regardons la croix de Jésus, regardons le bon larron et disons tous ensemble ce qu’a dit le bon larron : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Tous ensemble : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Demander à Jésus, quand nous nous voyons faibles, pécheurs, vaincus, de nous regarder et dire : « Tu es là. Ne m’oublie pas ! » Face à toutes ces lacérations dans le monde et aux trop nombreuses blessures dans la chair des hommes, demandons à la Vierge Marie de nous soutenir dans notre engagement à imiter Jésus, notre roi, en rendant présent son royaume par des gestes de tendresse, de compréhension et de miséricorde.
Angelus Domini…
Paroles du pape François après l’angélus
Hier, à Barcelone, ont été proclamés bienheureux Frédéric de Berga et ses vingt-cinq compagnons martyrs, tués en Espagne pendant la persécution féroce contre l’Église au siècle dernier. Il s’agit de prêtres, de jeunes profès dans l’attente de leur ordination et de frères laïcs appartenant à l’Ordre des frères mineurs capucins. Confions à leur intercession tous nos frères et sœurs qui, malheureusement aujourd’hui encore, dans différentes parties du monde, sont persécutés à cause de leur foi dans le Christ.
Je vous salue tous, pèlerins venus d’Italie et de divers pays : les familles, les groupes paroissiaux, les associations. Je salue en particulier ceux du Mexique, d’Australie et de Paderborn (Allemagne). Je salue les fidèles d’Avola, Mestre, Foggia, Pozzallo, Campagna et la Val di Non ; et aussi les groupes de musiciens – que j’ai entendus ! – qui fêtent sainte Cécile, patronne du chant et de la musique. Qu’on vous entende après l’angélus, parce que vous jouez bien !
Mercredi prochain, j’entamerai mon voyage en Afrique, pour visiter le Kenya, l’Ouganda et la République centrafricaine. Je vous demande à tous de prier pour ce voyage, afin qu’il soit pour tous ces chers frères, ainsi que pour moi, un signe de proximité et d’amour. Demandons ensemble à la Vierge Marie de bénir ces chères terres, afin qu’il y règne la paix et la prospérité.
Ave Maria…
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !
© Traduction de Zenit, Constance Roques