Non aux cancers de la corruption, de l’exploitation, au poison de l’illégalité

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Discours depuis la chaire extérieure de la cathédrale de Prato

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Le pape François appelle la société à faire des « pactes de proximité » et à vaincre les « cancers » de la « corruption », de « l’exploitation » et le « poison de l’illégalité ».

Le pape François a quitté le Vatican en hélicoptère, ce mardi 10 novembre à 7 heures du matin, pour se rendre à Prato et à Florence à l’occasion du 5e Congrès national de l’Église italienne.

Combattre jusqu’au bout

Le pape a évoqué le cas de ces sept Chinois, cinq hommes et deux femmes, morts dans un incendie le 1er décembre 2013 : ils dormaient sur leur lieu de travail. « Ils vivaient et dormaient à l’intérieur du local industriel dans lequel ils travaillaient : dans un coin, on avait fabriqué un petit dortoir en carton et en plaques de plâtre, avec des lits superposés pour tirer profit de la hauteur de la structure. C’est une tragédie de l’exploitation et des conditions de vie inhumaines. Et ceci n’est pas un travail digne ! », a dénoncé le pape.

Il a exhorté à lutter efficacement contre le « cancer de la corruption », le « cancer de l’exploitation », et le « poison de l’illégalité » : « La vie de toutes les communautés requiert que l’on combatte jusqu’au bout le cancer de la corruption, le cancer de l’exploitation humaine et professionnelle et le poison de l’illégalité. En nous-mêmes et avec les autres, ne nous lassons jamais de lutter pour la vérité et la justice. »

Au nom du « caractère sacré de tous les êtres humains », le pape a rappelé l’exigence, pour chacun, du « respect », de l’« accueil » et d’un « travail digne » : « Un travail digne ! », s’est exclamé le pape.

Il a aussi invité à des « pactes de proximité » en disant : « Lorsque vous vous employez à rechercher les meilleures possibilités concrètes d’inclusion, ne vous découragez pas devant les difficultés. Ne vous résignez pas devant les situations de coexistence qui semblent difficiles ; soyez toujours animés du désir d’établir de véritables « pactes de proximité ». Voilà, la proximité ! S’approcher pour réaliser cela. »

À son arrivée à Prato, sur le terrain de sport communal Lungobisenzio, le pape avait été accueilli par l’évêque, Mgr Franco Agostinelli, par le préfet, Mme Maria Laura Simonetti et par le maire, Matteo Biffoni.

Le pape s’est ensuite dirigé en voiture vers la cathédrale où il a salué des enfants malades, les membres du Chapitre, quelques prêtres âgés et quelques religieuses contemplatives.

Vénération de la Ceinture de la Vierge Marie

Puis il a vénéré la relique de la Sacra Cintola (la « Sainte Ceinture ») de la Vierge Marie qui fait que Prato est souvent appelée la « Ville de Marie ». La Sacra Cintola ou Santo Cingolo, est une bande de laine de chèvre de 87 cm de long, de couleur verte, aux fils d’or. La Vierge l’aurait confiée à saint Thomas au moment de l’Assomption. Michele Dagomari l’aurait rapportée de Jérusalem à Prato en 1141.
La chaire extérieure de la cathédrale, due à Donatello, a été créée pour l’ostention publique de la relique de la Sacra Cintola qui aujourd’hui encore est exposée à la vénération des fidèles à Noël, à Pâques, le 1er mai, le 15 août et le 8 septembre.

Le pape François est ensuite monté à la chaire extérieure de la cathédrale, pour la rencontre avec les fidèles rassemblés sur le parvis. Après avoir été accueilli par Mgr Agostinelli, le pape a prononcé un discours où il a fait allusion à la situation sociale très spéciale de Prato.

Dans les années 90, la ville a invité de nombreux travailleurs immigrés, notamment de Chine (quelque 20 000 aujourd’hui) pour éviter la délocalisation des entreprises textiles. Mais c’est une main-d’œuvre souvent exploitée, jusqu’à 18 h par jour.

Il a aussi invité les fidèles à se confier à Marie : « Je vous encourage tous, surtout vous, les jeunes – on m’a dit que vous, les jeunes, vous aviez fait une veillée de prière hier, toute la nuit… Merci, merci ! – à ne jamais céder au pessimisme et à la résignation. Marie est celle qui, par la prière et par l’amour, dans un silence actif, a transformé le samedi de la déception en l’aube de la résurrection. Si quelqu’un se sent fatigué et oppressé par les circonstances de la vie, qu’il se confie à notre Mère, qui est proche et qui console, parce qu’elle est Mère ! Elle nous encourage et nous invite à mettre notre confiance en Dieu : son Fils ne trahira pas nos attentes et sèmera dans les cœurs une espérance qui ne déçoit pas. »

À l’issue de son discours, le pape François est descendu sur le parvis de la cathédrale pour saluer quelques représentants de la communauté ecclésiale, civile, du monde de l’entreprise et du monde ouvrier de la ville. Puis il a rejoint en voiture le terrain de sport communal d’où il a pris congé de Prato, avant de s’envoler en hélicoptère pour Florence.

Avec une traduction de Constance Roques

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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