« Chrétiens et Hindous : pour une promotion commune de l’écologie humaine » : c’est le titre du message du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux à l’occasion de la fête hindoue de Diwali/Deepavali.
Célébrée autour du 11 novembre 2015, la fête dure trois jours, marquant le début d’une nouvelle année, sous le signe de la réconciliation familiale et de l’adoration à Dieu. Elle représente la victoire de la vérité sur le mensonge, de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, du bien sur le mal.
Signé par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du dicastère et par le P. Miguel Angel Ayuso Guixot, MCCJ, secrétaire, le message plaide pour une véritable « écologie humaine ».
« Prier pour une saine écologie et s’associer à la sensibilisation sur les façons de sauvegarder la Création constitue une action moralement digne », constate le message.
Il rappelle la Journée mondiale instituée par le pape François : « Le pape François a désigné la date du 1er septembre comme « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création ». Souhaitons que cette initiative contribue à sensibiliser tout le monde à la nécessité d’être de bons gardiens de la Création et à promouvoir ainsi une véritable écologie humaine. »
Voici le texte intégral du message du cardinal Tauran.
A.B.
Chrétiens et Hindous : pour une promotion commune de l’écologie humaine
Cher amis Hindous,
1. Ce 11 novembre 2015, alors que vous célébrez le Deepavali, le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux vous adresse ses plus chaleureuses salutations. Que vos célébrations à travers le monde vous accompagnent vers une expérience de bonheur et d’harmonie dans vos familles et vos communautés !
2. Le pape François, dans sa Lettre encyclique, Laudato si’, s’est récemment exprimé sur la crise environnementale et humaine de l’écologie qui menace notre planète. C’est la raison pour laquelle, en accord avec notre tradition, il nous semble opportun de partager avec vous quelques réflexions sur la nécessité de promouvoir l’écologie humaine. Nous espérons pouvoir inspirer et offrir quelques éléments pour une redécouverte de l’interdépendance de la Création. L’écologie humaine porte sur la relation et la responsabilité que les êtres humains cultivent à l’égard de la Terre et sur l’attention aux « vertus écologiques ». Parmi celles-ci, on peut énumérer l’exploitation soutenable des ressources de la terre grâce à la mise en œuvre de politiques qui, aux niveaux national et international, visent à favoriser l’interconnexion et l’interdépendance entre les êtres humains et la nature. Ces questions, comme nous le savons, ont une incidence directe, non seulement sur la santé actuelle de notre Terre – la maison de la famille humaine – mais aussi sur celle des générations à venir.
3. L’égoïsme humain, tel qu’il s’exprime dans les tendances consuméristes et hédonistes de certains individus et de certains groupes, nourrit la quête insatiable de se poser en « maîtres » et en « conquérants » plutôt que comme « gardiens » et «custodes» de la nature. En regard de notre croyance religieuse ou de nos identités respectives, nous sommes tous appelés à vivre avec une conscience majeure de notre responsabilité à l’égard de la nature, à favoriser les relations humaines et, surtout, à réorganiser nos modes de vie et nos structures économiques pour répondre aux défis écologiques auxquels nous sommes confrontés. Votre religion insiste sur l’« unité » entre la nature, l’homme et le divin. Notre foi chrétienne nous enseigne que la terre est un don de Dieu fait à tous les êtres humains. En tant que gardiens de l’ordre de la Création, nous sommes tous mandatés pour en assurer la sauvegarde de façon responsable et résolue.
4. Il existe un lien indissociable entre paix et Création, paix et êtres humains. Pour que la paix puisse prévaloir dans le monde, il faut un effort consciencieux et concerté, individuel et collectif, de la part de nous tous pour « entrer dans un dialogue en vue de la sauvegarde de la nature, de la défense des pauvres, de la construction de réseaux de respect et de fraternité » (Laudato si’, n. 201). La promotion de « l’écologie humaine » implique, à tous les niveaux, la formation et l’éducation d’une conscience et d’une responsabilité écologiques ainsi qu’une gestion judicieuse des ressources de la terre. Celles-ci commencent dans la famille, « structure fondamentale pour une « écologie humaine », au sein de laquelle l’homme reçoit les premières notions déterminantes concernant la vérité et le bien, dans laquelle il apprend ce que signifie aimer et être aimé et, par conséquent, ce que veut dire concrètement être une personne » (Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, n. 39). Les structures éducatives et gouvernementales ont la responsabilité d’éduquer les citoyens à la juste compréhension de l’écologie humaine par rapport à l’avenir.
5. Unis dans l’appartenance et la responsabilité mutuelles d’une même humanité, mais aussi en tant que croyants porteurs de valeurs et de convictions partagées, puissions-nous, hindous et chrétiens, unir nos voix à celles des personnes d’autres traditions religieuses et de bonne volonté pour nous efforcer de promouvoir une culture qui soit celle de l’harmonie en nous-mêmes, avec les autres, avec la nature et avec Dieu pour « une écologie humaine qui favorise la croissance de l’arbre de la paix » (Benoît XVI,Message pour la Journée mondiale de la Paix, 2007).
6. Bien plus, prier pour une saine écologie et s’associer à la sensibilisation sur les façons de sauvegarder la Création constitue une action moralement digne. Pour cela, le pape François a désigné la date du 1er septembre comme « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création ». Souhaitons que cette initiative contribue à sensibiliser tout le monde à la nécessité d’être de bons custodes de la Création et à promouvoir ainsi une véritable écologie humaine.
Avec ces sentiments, nous vous souhaitons un joyeux Deepavali !
Cardinal Jean-Louis Tauran
Président
P. Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ
Secrétaire
[Texte original : Français]