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Canada : les responsables religieux contre l’euthanasie

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Déclaration commune de chrétiens, juifs et musulmans

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Des responsables chrétiens, juifs et musulmans du Canada invitent le nouveau gouvernement fédéral à se concentrer sur les soins palliatifs et non sur l’euthanasie et le suicide assisté.

Ils ont publié une déclaration commune le 28 octobre et ils l’ont présentée lors d’une conférence de presse, à Ottawa, le 29 octobre, indique la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC).

Plus de 30 dénominations chrétiennes, de même que plus de 20 responsables juifs et musulmans à travers le Canada ont appuyé la déclaration sur les soins palliatifs, sur « le respect de la dignité de la personne humaine, la solidarité humaine et le soutien psychologique, spirituel et émotionnel comme l’unique réponse éthique et morale pour les soins en fin de vie », indique la CECC.

Les signataires de la déclaration ont souligné « le caractère sacré de toute vie humaine et la dignité égale et inviolable de tous les êtres humains ».

« De plus, nous soutenons, dit le document, que le respect de la vie humaine est le fondement et la raison de notre compassion, de notre responsabilité et de notre engagement à prendre soin de tous les êtres humains, nos frères et sœurs qui souffrent. » 

Les représentants de différentes églises ont désapprouvé « une tendance inquiétante » à définir « la dignité humaine » « de manière subjective et émotionnelle ».

« Pour nous, ont-ils souligné, la dignité humaine désigne avant tout la valeur de la vie de la personne devant son Créateur et au sein d’un réseau de relations familiales et sociétales. Nous sommes convaincus que les seules façons d’aider les gens à vivre et à mourir dans la dignité consistent : à veiller à ce qu’ils soient entourés d’amour et de sollicitude ; à leur fournir des soins holistiques qui incluent aussi bien le contrôle de la douleur qu’un soutien psychologique, spirituel et affectif; et à améliorer et à augmenter les ressources consacrées aux soins palliatifs et aux soins à domicile. »

Les auteurs de la déclaration ont insisté que « toute action visant à mettre fin à une vie humaine » était « contraire à la morale et à l’éthique ». Ils ont encore une fois démontré la différence entre l’euthanasie et le suicide assisté et le refus ou le retrait de traitements disproportionnés.

« Nous comprenons que, dans certaines circonstances, il est moralement et légalement acceptable de refuser ou d’arrêter un traitement, dit le document. Le refus d’un traitement médical, notamment de soins extraordinaires, est bien différent de l’euthanasie ou du suicide assisté. L’euthanasie consiste à tuer délibérément une personne, avec ou sans son consentement, dans le but affiché de mettre un terme à ses souffrances. On parle de suicide assisté quand une personne en aide, en conseille ou en encourage une autre à se suicider. Il y a une différence fondamentale entre tuer une personne et la laisser mourir de mort naturelle. »

« L’euthanasie et le suicide assisté traitent la vie de personnes défavorisées, malades, handicapées ou mourantes comme si elle valait moins que celle des autres, souligne la déclaration. Un tel message contredit le respect dû à l’égale dignité de nos sœurs et frères vulnérables. »

À la lumière du récent jugement de la Cour suprême du Canada qui a invalidé en février dernier l’article du Code pénal interdisant à un médecin d’aider quelqu’un à s’enlever la vie dans des circonstances précises, les dirigeants religieux canadiens se sont adressés aux gouvernements du pays et des provinces.

« Nous exhortons les législateurs et les législatrices fédéraux, provinciaux et territoriaux à adopter et à défendre des lois qui rehaussent la solidarité humaine, ont-ils écrit, à rendre accessibles dans tout le pays des soins à domicile et des soins palliatifs de qualité ; à mettre en œuvre des règlements (…) qui assurent le respect de la liberté de conscience de tous les travailleurs (…) de la santé qui ne voudront ni ne pourront voir dans le suicide assisté ou dans l’euthanasie une solution médicale à la douleur et à la souffrance. »

Le 6 février 2015, la Cour suprême du Canada a déterminé, par une décision unanime, qu’il était contraire à la Charte canadienne des droits et des libertés d’avoir une prohibition totale de l’aide médicale à mourir. La Cour a toutefois suspendu la déclaration d’invalidité des articles du Code pénal pour un an afin de laisser du temps aux gouvernements fédéral et provinciaux de réécrire leur loi. Dans l’intervalle, le suicide assisté avec l’aide d’un médecin ainsi que les autres types d’aide à mourir demeurent illégaux.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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