Le pape lancé un « appel urgent à la communauté internationale, afin qu’elle sache adopter toutes les stratégies valides pour promouvoir la recherche de la paix » en Irak.
Le pape François a reçu en audience au Vatican les membres du synode de l’Église chaldéenne, ce lundi matin, 26 octobre 2015. Le synode se déroule à Rome du 24 au 29 octobre, comme nous l’annoncions le 23 octobre.
« Votre visite me permet de lancer de nouveau un appel urgent à la communauté internationale, afin qu’elle sache adopter toutes les stratégies valides pour promouvoir la recherche de la paix dans des pays terriblement dévastés par la haine, pour ramener le souffle vital de l’Amour dans des lieux qui, depuis toujours, ont été à la croisée de peuples, de cultures et de nations. Que la paix tant désirée puisse se lever à l’horizon de l’histoire, afin que les drames meurtriers causés par la violence laissent place à un climat de coexistence partagée », dit le pape.
« Puisse la miséricorde de Dieu, dans l’imminence de l’Année jubilaire, soulager les blessures de la guerre qui déchirent le cœur de vos communautés », ajoute le pape François à l’adresse des communautés chaldéennes.
Le pape en appelle à l’unité : « Je vous exhorte à tout mettre en œuvre, inlassablement, pour construire l’unité dans toutes les provinces d’Irak. »
Voici notre traduction intégrale des paroles prononcées par le pape en italien.
Discours du pape François
Béatitude,
Chers frères dans l’épiscopat,
Je vous accueille avec joie et je remercie Sa Béatitude le patriarche Louis Raphaël Ier Sako pour ses paroles courtoises. Je saisis cette occasion pour rejoindre, à travers vous, les fidèles et tous les habitants des terres bien-aimées d’Irak et de Syrie, en cette période particulièrement douloureuse et délicate, avec tout le réconfort et la solidarité chrétienne. Puisse la miséricorde de Dieu, dans l’imminence de l’Année jubilaire, soulager les blessures de la guerre qui déchirent le cœur de vos communautés, afin que personne ne se décourage en ce moment où les clameurs de la violence semblent surpasser les prières éplorées pour la paix.
Aujourd’hui, la situation sur vos terres d’origine est gravement compromise par la haine fanatique du terrorisme qui continue de provoquer une forte hémorragie de fidèles qui s’éloignent de la terre de leurs pères sur laquelle ils ont grandi, solidement enracinés dans le sillage de la tradition. Cet état de fait menace certainement dans ses fondements la présence chrétienne vitale sur cette terre qui a vu le patriarche Abraham se mettre en chemin et entendu résonner la voix des prophètes invitant Israël à l’espérance pendant son exil ; qui a vu les premières Églises fondées dans le sang de nombreux martyrs et le témoignage de la plénitude de l’Évangile ; qui a apporté sa contribution à la croissance des sociétés pendant des siècles de coexistence pacifique avec nos frères fidèles de l’islam. Mais malheureusement, notre époque est marquée par d’innombrables exemples de persécution, y compris jusqu’au martyre.
L’Église chaldéenne qui souffre de ces circonstances causées par la guerre, connaît aussi les besoins des fidèles dans la diaspora, qui éprouvent le désir de rester fermes dans leurs racines et de s’insérer dans les nouveaux contextes. Je confirme par conséquent, aujourd’hui plus que jamais, tout le soutien et la solidarité du Siège apostolique en faveur du bien commun de l’Église chaldéenne tout entière. Je prie afin que les chrétiens ne soient pas contraints d’abandonner l’Irak et le Moyen-Orient – je pense en particulier aux fils et aux filles de votre Église, avec leur riche tradition.
Je vous exhorte à tout mettre en œuvre, inlassablement, pour construire l’unité dans toutes les provinces d’Irak, en favorisant le dialogue et la collaboration entre tous les acteurs de la vie publique, contribuant à guérir les divisions et empêchant que d’autres ne surgissent.
Votre visite me permet de lancer de nouveau un appel urgent à la communauté internationale, afin qu’elle sache adopter toutes les stratégies valides pour promouvoir la recherche de la paix dans des pays terriblement dévastés par la haine, pour ramener le souffle vital de l’Amour dans des lieux qui, depuis toujours, ont été à la croisée de peuples, de cultures et de nations. Que la paix tant désirée puisse se lever à l’horizon de l’histoire, afin que les drames meurtriers causés par la violence laissent place à un climat de coexistence partagée.
Le synode que vous vivez ces jours-ci à Rome est un « chemin ensemble », un moment propice de confrontation entre les diversités qui enrichissent la communion fraternelle entre vous, sous le regard du Christ Bon Pasteur. Comme j’ai pu le dire en commémorant les cinquante ans du Synode des évêques, « marcher ensemble est un concept facile à exprimer avec des mots, mais pas aussi facile à mettre en pratique. […] Ne l’oublions jamais ! Pour les disciples de Jésus, hier, aujourd’hui et toujours, l’unique autorité est l’autorité du service, l’unique pouvoir est le pouvoir de la croix, selon les paroles du Maître : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut parmi vous être le premier sera votre esclave » (Mt 20, 25-27). Parmi vous il ne devra pas en être ainsi : dans cette expression nous rejoignons le cœur même du mystère de l’Église – « Parmi vous il ne devra pas en être ainsi » – et nous recevons la lumière nécessaire pour comprendre le service hiérarchique » (Discours pour la commémoration du cinquantième anniversaire de l’institution du Synode des évêques, 17 octobre 2015).
Je vous invite donc à suivre l’exhortation de l’apôtre Paul à avoir entre vous les mêmes sentiments que le Christ (cf. Ph 2,5), en œuvrant avec miséricorde, dans l’humilité, la patience et l’accueil réciproque qui génèrent la communion.
Que le synode soit vécu avec un sens de la responsabilité, de la participation et du partage, en ayant toujours devant les yeux l’image du Bon Pasteur, qui a à cœur le salut de ses brebis et qui prend particulièrement soin de celle qui est perdue. Soyez vous aussi comme cela : zélés dans la recherche du salut des âmes, des prêtres comme des laïcs, sachant bien que l’exercice de la communion exige parfois une véritable kénose, un abaissement et un dépouillement de soi.
<p>Je vous encourage à être paternels avec les prêtres et avec tous les consacrés, qui sont vos premiers collaborateurs, et, dans le respect de la tradition et des normes, à être accueillants envers eux, bienveillants et compréhensifs à l’égard de leurs besoins, proposant des parcours pour qu’ils soient toujours plus conscients des exigences de leur ministère au service des fidèles. Ce faisant, vous parviendrez à combler les distances qui séparent et à discerner les réponses aux urgences actuelles de l’Église chaldéenne, dans votre patrie comme dans la diaspora. De cette façon, les réflexions qui émergeront pourront offrir des solutions profitables à vos exigences actuelles et des points de convergence pour résoudre les problématiques liturgiques et d’ordre général.
Vous exhortant à poursuivre votre engagement pastoral dans la communion fraternelle et dans un esprit missionnaire, à vous tous, pasteurs chaldéens, je confie mes paroles d’encouragement pour les fidèles : qu’elles résonnent sur vos lèvres avec ma caresse pour ré
chauffer leurs cœurs.
Je confie l’Église chaldéenne à la protection maternelle de la Vierge Marie et je vous donne, ainsi qu’aux prêtres, religieux et religieuses et à tous les fidèles, la bénédiction apostolique, gage d’espérance et de consolation dans l’amour de Dieu miséricordieux.
© Traduction de Zenit, Constance Roques