Le cardinal Napier affirme « l’optimisme » des évêques africains en cette troisième et dernière semaine du synode.
Le cardinal Wilfrid Fox Napier, OFM, archevêque de Durban, en Afrique du Sud, et l’un des présidents délégués du synode, a en effet rencontré la presse en fin de matinée, au Vatican, ce mardi 20 octobre. Il a presque toujours dit « nous » : la voix de l’Afrique au synode.
L’importance du travail en groupes
Il a témoigné que les évêques africains au synode sont « optimistes », tout d’abord en raison de « la bonté de Dieu » et du fait du « témoignage du pape François » qui guide le synode, et de celui des évêques du synode.
Il a tenu à dire merci « aux milliers de personnes qui prient pour le synode », il dit sentir que cette prière aide les Pères « pendant les moments difficiles du synode ».
Il confie que l’an dernier, le rapport de la mi-parcours du synode disait des choses présentées seulement par deux ou trois personnes, ce qui a donné « l’impression de pousser le synode dans une certaine direction », qu’un « agenda » était mis en place.
Et puis il y a eu cette lettre, privée, adressée au pape, et sa réponse le mardi suivant : « Cela a produit une grande différence, la confiance. »
Il a salué le « nouveau processus » qui donne « plus de temps pour réfléchir en petits groupes, évêques, laïcs, délégués fraternels », par rapport au synode de 2014 (qui ne durait que deux semaines) : c’est un « travail ensemble, comme une équipe ».
Il se dit heureux d’avoir ainsi pu apprendre « ce qui se passe dans différentes parties de l’Église où de nombreuses bonnes familles et bons mariages nous aident à comprendre où nous devons aller en tant que synode ».
Il a indiqué l’importance du titre du synode : l’an dernier, les « défis » de la famille, cette année, la « vocation » et la « mission » de la famille dans l’Église et dans le monde contemporain : « Quand vous venez, vous êtes guidés par le titre. »
La préparation au mariage
« Nous avons réfléchi profondément : pourquoi cela ne va-t-il pas ? » Il relève que la préparation au mariage est « une clef à mettre en place » aussi en Afrique. En voyant ce qui se passe en Occident, « on ne veut pas que la même chose nous arrive ». Il recommande la mise en place d’un « processus au cours duquel les jeunes discernent leurs vocations », car « l’un des grands défis à relever » c’est de comprendre le mariage aussi « comme une vocation ».
Il fait observer que « beaucoup de mariages ont des difficultés après cinq ou six ans », ce qui nécessite un « accompagnement des nouveaux mariés par d’autres couples » ou dans des mouvements, à l’intérieur de petites communautés chrétiennes.
La question suivante est : « Que fait-on pour ceux qui ont cassé ? » Cela nécessite, ajoute le cardinal Napier, que « plus de catholiques soient formés pour assister » les familles.
Quant aux procès canoniques en nullité, il souhaite qu’ils soient jugés « le plus vite possible » parce que la justice ne souffre « pas de délai ».
Il a demandé tout de suite à l’un de ses vicaires d’étudier le motu proprio du pape François « pour voir les implications pour l’évêque », avec la suppression du délai d’un second jugement. « Bien sûr, si le procès en première instance n’a pas été fait correctement, il y a toujours la possibilité d’aller en appel, ce qui allonge les délais au lieu de les raccourcir » : d’où l’intérêt de bien soigner les instructions.
Cohabitation en vue du mariage
Il évoque aussi la « cohabitation » en Afrique, bien différente de la cohabitation en Occident où elle est souvent refus du mariage : en Afrique, c’est un prélude au mariage, elle « fait partie » du mariage. Alors, « comment l’intégrer dans la préparation au mariage ? »
Elle « s’impose parfois aux couples quand la dot n’est pas encore prête ». Mais c’est une « cohabitation pour le mariage, pas contre le mariage ».
Il souligne que cette question est typiquement une question sur laquelle les évêques africains devraient plancher ensemble : « C’est l’une de ces choses que le synode ne peut résoudre, mais les évêques africains peuvent y réfléchir ensemble. »
Il s’agit d’examiner d’où vient cet usage, en lien avec « les coutumes du mariage africain », qui est un « mariage entre deux familles », et suppose une « négociation » : la famille de l’épouse dit « ce que sera la dot », l’époux doit « trouver l’argent », cela « prend du temps », « ils commencent à vivre ensemble ; cela fait partie des étapes du mariage ».
Il souhaite aussi que la réalité des célibataires ait une « place dans la pastorale des paroisses ».
Il souligne aussi d’autres défis qui « brisent les familles » comme la drogue ou l’alcool…
« Nos attentes, dit-il, au nom de ses confrères africains, c’est que ce synode donne un élan aux Églises locales, que nous ayons de plus en plus de bons mariage avec de bons enseignements de l’Église, car les bons mariages, et les bonnes familles ont un impact sur la société. »
Il a participé au conclave de 2013 qui souhaitait la réforme de l’Église. Pour le cardinal Napier, « en soutenant la famille, on réforme l’Église qui a un impact sur la société ».
Il conclut sur l’appel de l’Église à avoir une parole prophétique et cite l’exemple de Jean-Baptiste : cela inclut un appel au « repentir ».
Certes, ce synode est « plus pastoral » et se soucie de « servir les personnes dans des situations de difficulté ». Mais avoir un langage « politiquement correct » serait-ce « vraiment prophétique » ?