La « Maison de la Miséricorde » : c’est le titre de l’intervention du cardinal Godfried Danneels, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, au synode, jeudi, 15 octobre. En voici le texte intégral, transmis aimablement par le Service de presse des évêques de Belgique.
A.B.
La « Maison de la Miséricorde »
Très Saint-Père, chers frères et sœurs dans le Seigneur,
Mon intervention n’est pas théologique, ni canonique, ni pastorale, elle est spirituelle.
Les pays d’Occident sont en général des pays florissants. Ils ont une politique sociale, et le souci des pauvres ; ils ont une médecine qui a fait de grands progrès et les hôpitaux sont de haute qualité. Aussi fait-on beaucoup matériellement pour les couples et les familles. Pour toutes ces raisons, en Occident, tous devraient être heureux, ou presque ! Et pourtant !
Malgré tous ces efforts de la société, un cri ne cesse de résonner dans le cœur de chaque homme et de chaque femme : « Des profondeurs de l’abîme je crie vers toi Seigneur » (Ps 130). Jour après jour, tous les hommes ne cessent de poser les deux mêmes questions :
– où est-ce que je trouve un lieu où l’on m’écoute en profondeur ?
– qui m’adresse une parole libératrice ?
Heureusement, au fond du cœur, chaque homme et chaque femme trouve cet endroit caché, où habite quelqu’un qui écoute et livre une parole qui libère.
C’est le lieu où Dieu réside en nous, où son Esprit nous habite.
Ce coin caché s’appelle « la Maison de la Miséricorde ».
Le mot hébraïque rahamim qui correspond au mot latin misericordia, ne contient pas le mot « cœur » ; il prend un autre mot : « sein, utérus ». Car le « lieu de la miséricorde » est un espace où règne la tendresse du cœur, une atmosphère qui ressemble à la chaleur du sein maternel. C’est une tendresse qui dépasse même celle qui règne dans l’intimité des époux. Là où habite Dieu, l’atmosphère est en effet d’une intimité maternelle : Dieu écoute, il parle, il guérit et soigne, il pardonne tout comme une maman. Même si pour son enfant une situation est insoluble, la maman trouve comment être maman.
Dieu habite là, comme un Berger, le grand Berger. Mais il y a aussi d’autres bergers, les petits pasteurs. Ce sont les prêtres et tant d’autres laïcs. Car, y a-t-il un seul homme ou une seule femme qui n’a pas un petit agneau qui lui est confié pour s’en occuper ? Les petits pasteurs : prêtres et laïcs sont le « personnel » de la « Maison de la Miséricorde ». Qu’ils soient remerciés !
Les derniers mois, des milliers de personnes ont envoyé d’innombrables questions, des suggestions en vue de ce Synode. Tout cela venait de leur cœur. Dieu les habitait, Il les a poussés à se livrer. Ils recherchaient cette atmosphère de chaleur maternelle divine. Cette tendresse maternelle de Dieu est indispensable pour rendre les hommes heureux. Merci à ceux et celles qui nous ont partagé leurs soucis. Merci aussi aux prêtres et aux autres petits bergers.
+ Godfried Cardinal Danneels