Opening session of the Synod of Bishops on the Family

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Ce qui montre clairement que l'on est chrétien…

Homélie de Mgr Péan (Haïti)

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« L’un des signes qui montre clairement que l’on est chrétien (…), c’est l’amour du prochain et, d’une façon spéciale, l’amour de l’ennemi », fait observer Mgr Péan.

C’est en effet Mgr Yves-Marie Péan, C.S.C. (Congrégation de la Sainte-Croix), évêque des Gonaïves (Haïti), qui a prononcé, en français, ce vendredi 16 octobre, dans la nouvelle salle du synode, la brève homélie qui accompagne la prière de l’office de Tierce le matin, lorsque le synode se réunit en assemblée générale.

Il indique la vocation des pasteurs à accompagner les familles pour que la société vive de plus en plus de cette valeur de l’amour, y compris de l’amour des ennemis : « Nous sommes conviés à accompagner constamment les couples, les parents et les enfants et à les éduquer à l’amour, à la charité, à la compassion, à la bonté et la miséricorde afin qu’ils reproduisent autour d’eux des œuvres d’amour, de bonté et de miséricorde. »

Il a indiqué la vocation des familles chrétiennes : « Puissent les familles chrétiennes ne pas se replier sur elles-mêmes, sur leurs intérêts mesquins et égoïstes, mais vivre d’amour, de partage, de générosité et de solidarité ! »

A.B.

 

Homélie de Mgr Péan

Très Saint-Père,
Chers frères et sœurs

La Parole de Dieu est une lumière sur notre route. En tant que pèlerins et passagers sur cette terre, elle nous guide, nous réchauffe et nous transforme. Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, est clair, direct et persuasif : « Ne rendez à personne le mal pour le mal. Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12,17a, l9b-20a, 21).

L’un des signes qui montre clairement que l’on est chrétien, que l’on se réclame de Jésus-Christ, de son évangile et des valeurs fondamentales du Royaume, c’est l’amour du prochain et, d’une façon spéciale, l’amour de l’ennemi. C’est l’effort que l’on fait pour pardonner et aimer même son ennemi : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire. »

La détresse, les angoisses, la pauvreté, les méfiances et les peurs de toutes sortes relevées au niveau des individus, des familles elles- mêmes et de l’ensemble de la société ne peuvent s’expliquer qu’à partir d’une crise profonde découlant d’un manque d’amour et de charité.

En ce moment de grâce du Synode sur la Famille, nous sommes tous encouragés, pasteurs de l’Église, chrétiens et personnes de bonne volonté, à proclamer l’évangile de la famille édifiée sur l’amour. Nous sommes conviés à accompagner constamment les couples, les parents et les enfants et à les éduquer à l’amour, à la charité, à la compassion, à la bonté et la miséricorde afin qu’ils reproduisent autour d’eux des œuvres d’amour, de bonté et de miséricorde. Cette éducation ne se fera pas à partir d’une théorie, mais d’une praxis dans les petits détails de la vie quotidienne. Alors, comment donc créer au sein de chaque famille et de toutes nos institutions un climat d’amour, de compassion et de tendresse ? « Si je n’ai pas l’amour, dit saint Paul, je ne suis rien. » « S’il me manque l’amour, je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante ; s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien. » Nous devons reconnaître à la charité le privilège d’être le principe immédiat de notre union à Dieu. Autrement dit, une famille est unie à Dieu ou mieux accepte réellement Dieu dans son sein dans la mesure où elle est vit d’amour et de charité.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a pu faire la découverte du primat absolu de la charité : « La charité, dit-elle, me donna la clé de ma vocation. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang. Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, que l’Amour est éternel. »

Chers frères et sœurs, saint Paul, dans sa lettre aux Romains, veut donc nous faire comprendre que la charité est le principe de toute la vie morale chrétienne. « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » En effet, la plénitude de la loi est la pratique de la charité. La charité n’est pas authentique, qui ne se manifeste pas dans les œuvres. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Pour nous chrétiens, l’amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles. En effet, la charité des œuvres donne une force incomparable à la charité des mots, des paroles et des théories. La charité est appelée alors à se faire nécessairement service de la culture, de la politique, de l’économie, de la famille, pour que partout soient respectés les principes fondamentaux dont dépendent les destinées de l’être humain et l’avenir de la civilisation. Aussi, tous les actes vertueux peuvent-ils donc être exercés sous l’influence de la charité, de la tendresse, de la bonté et de la miséricorde.

Puissent les familles chrétiennes ne pas se replier sur elles-mêmes, sur leurs intérêts mesquins et égoïstes, mais vivre d’amour, de partage, de générosité et de solidarité ! Puissent-elles travailler à l’émergence d’une nouvelle société transformée par l’évangile, d’une culture chrétienne d’amour, de bonté, de compassion et de miséricorde, de nouvelles structures sociales, politiques et économiques susceptibles de favoriser l’intégration des pauvres, des anonymes, des blessés de la vie, des personnes âgées ou qui vivent dans la solitude et ainsi créer un nouveau souffle porteur de vie, de futur et donner un contenu réel à un nouveau printemps pour notre monde désenchanté et que les pauvres de toutes sortes puissent se reprendre à espérer ! Que le témoignage de la Sainte Famille de Nazareth nous inspire ! Et que Dieu, dans son amour, nous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ! Amen.

[Texte original : Français]

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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