Mgr Paul Richard Gallagher

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Migrations : reconnaître "l’unité de notre famille humaine"

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Appel du Saint-Siège à l’ONU (1/2)

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A propos du phénomène des migrations, le Saint-Siège appelle à reconnaître « l’unité de notre famille humaine ».

Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, est en effet intervenu le 2 octobre à l’ONU à New York lors du « Débat général » à l’occasion du 70e anniversaire de l’Assemblée, sur le thème de « La route devant nous pour la paix, la sécurité et les droits humains ».

« Le Saint-Siège lance un appel urgent aux États, a déclaré Mgr Gallagher, afin qu’ils dépassent toutes les formes d’intérêt personnel nationaliste et, par-dessus tout, qu’ils reconnaissent l’unité de notre famille humaine et qu’ils aient foi en la personne humaine. L’histoire lointaine et plus récente nous enseigne que les migrants, même dans les situations de déplacement les plus dramatiques, ont toujours apporté une contribution positive à leur pays d’accueil ; mais, plus important encore, ces migrants sont des femmes et des hommes qui, en vertu de leur humanité, possèdent erga omnes le droit universel à la vie et à la dignité. »

Voici notre traduction de l’anglais de la première partie de l’intervention de Mgr Gallagher.

Nous publions la seconde, demain, 8 octobre.

A.B.

Allocution de Mgr Gallagher

Monsieur le Président,

Faisant écho aux sentiments du pape François, qui a récemment rendu visite à l’Organisation des Nations nnies, je renouvelle les félicitations du Saint-Siège pour votre élection en tant que Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale. Je salue aussi chacun des participants à ce rassemblement et j’exprime mon espoir que son travail portera du fruit et donnera un nouvel élan à l’engagement à créer un monde de paix et de sécurité, de respect des droits humains et de promotion des conditions nécessaires pour un développement humain intégral. Il est significatif que, le 24 de ce mois, nous célébrions l’entrée en vigueur de la Charte des Nations unies.

I – L’Agenda 2030

Le Sommet récemment conclu des chefs d’État et de gouvernement a adopté un plan d’action pour la prospérité des peuples et de la planète et pour renforcer la paix dans une plus grande liberté. À cette fin, les signataires de l’Agenda 2030 ont entrepris de proposer un rythme stable et durable pour l’économie mondiale. Le Saint-Siège ne peut qu’exprimer sa satisfaction, ainsi que les gouvernements qui ont pris part au processus de rédaction de l’Agenda et leurs citoyens. J’aimerais mentionner ici que, avant même l’achèvement des négociations, le pape François avait déclaré que le nouvel Agenda 2030 pour le développement durable était un signe d’espérance important pour l’humanité.

II – Guerres et conflits

Contrairement aux espoirs prometteurs suscités par l’Agenda 2030 et par le Programme d’action de la troisième Conférence internationale sur le financement pour le développement (Addis-Abeba, juillet 2015), nous avons devant nous le triste panorama de la guerre. Il est évident, à moins que les conflits ne soient correctement résolus, que tous les efforts pour surmonter la pauvreté échoueront. Le Saint-Siège est donc sérieusement préoccupé pour les conséquences mondiales des conflits ; par-dessus tout, il exprime son profond regret pour les innombrables victimes de ces guerres et joint sa voix à celles de tous ceux qui souffrent.

Nous devons reconnaître qu’au cours des soixante-dix dernières années, l’Organisation des Nations unies a réussi à éviter un grand conflit mondial et le déclenchement de nombreuses guerres entre des États membres. En même temps, elle a arrêté ou résolu un grand nombre de conflits régionaux et de cas complexes de guerre civile. Néanmoins, il y a actuellement au moins cinquante conflits ou situations de conflit latent, sans parler des actions d’organisations terroristes et criminelles internationales, mises en place comme des « quasi-États » et comme une sorte de communauté internationale « alternative ». Malheureusement, nous avons devant nous l’immense tragédie de la guerre en Syrie, avec ses milliers de morts, ses millions de personnes déplacées, et ses immenses conséquences pour la stabilité de la région.

De même, les troubles en Libye, en Centrafrique, dans la région des Grands Lacs et au Soudan du Sud, doivent rester au centre de l’attention de la communauté internationale. La situation tragique en Ukraine ne doit pas non plus être négligée, tout comme de nombreux autres conflits plus petits ou davantage contenus, les violations du droit humanitaire ou encore la guerre atypique menée par les trafiquants de drogue et par d’autres groupes criminels.

Il y a ensuite le grave conflit au Moyen-Orient, en cours depuis les premières années des Nations unies. Cette région, berceau des civilisations, est plongée dans une situation qui combine toutes les formes de conflit et tous les sujets possibles : combattants étatiques et non-étatiques, groupes ethniques et culturels, terrorisme, criminalité, etc.

Les « atrocités et les violations innommables des droits humains qui caractérisent les conflits d’aujourd’hui sont transmises en direct par les médias » et, à travers une large diffusion à répétitions, elles risquent de générer une familiarité et une indifférence anesthésiantes. Pour sa part, la communauté internationale doit percevoir sa grave responsabilité à agir résolument, en renouvelant ses structures politiques et juridiques afin de limiter et de surmonter rapidement, efficacement et dans la mesure du possible, les conséquences des crises actuelles liées à la guerre.

III – Migrations, réfugiés et personnes déplacées

L’ironie du sort veut que le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation des Nations unies soit accompagné d’un exode de peuples qui est le plus grand depuis ceux qu’avait causés la Seconde Guerre mondiale. Des populations entières sont déplacées, tandis qu’elles fuient la guerre, la persécution, l’exploitation et la pauvreté. Il est triste que ces vagues de migrations soient vues davantage en termes de charge supplémentaire et de problèmes imprévus qu’elles entraînent dans les  pays de passage ou d’arrivée qu’en termes de tribut de vies humaines payé par des millions de personnes innocentes.

En outre, en réponse à de telles migrations de masse, la crainte du terrorisme ainsi que d’autres problèmes locaux, on voit réapparaître la construction de murs et de barrières entre les peuples. C’est un triste exemple d’inhumanité, une solution de sécurité hâtive et inefficace et que nous pensions définitivement tombée dans l’oubli depuis les événements de la fin des années 1980.

En même temps, le Saint-Siège lance un appel urgent aux États afin qu’ils dépassent toutes les formes d’intérêt personnel nationaliste et, par-dessus tout, qu’ils reconnaissent l’unité de notre famille humaine et qu’ils aient foi en la personne humaine. L’histoire lointaine et plus récente nous enseigne que les migrants, même dans les situations de déplacement les plus dramatiques, ont toujours apporté une contribution positive à leur pays d’accueil ; mais, plus important encore, ces migrants sont des femmes et des hommes qui, en vertu de leur humanité, possèdent erga omnes le droit universel à la vie et à la dignité.

© Traduction de Zenit, Constance Roques (à suivre) 

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ZENIT Staff

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