« Une nation peut être considérée comme grande quand elle défend la liberté comme Lincoln l’a fait », a dit le pape François devant le Congrès américain. Et il a ajouté un hors-programme très symbolique à l’agenda de son voyage ce samedi 26 septembre, à New York, avant de s’envoler pour Philadelphie : il s’est rendu à Manhattan et il a survolé l’île de la Liberté et la Statue de la Liberté en hélicoptère, accompagné du cardinal Timothy Dolan.
Un itinéraire de la Statue de la Liberté de New York à la Cloche de la Liberté de Philadelphie en somme, puisque la Statue est dans le monde entier un symbole de New York et que cette cloche, tellement symbolique de Philadelphie, a été choisie aussi comme emblème de la VIIIe Rencontre mondiale des familles qui s’achève avec la messe présidée par le pape dimanche matin.
Le pape François a beaucoup évoqué la liberté, notamment en citant Abraham Lincoln, « gardien de la liberté », dans son discours devant le Congrès américain, le 24 septembre : « Cette année marque le 150e anniversaire de l’assassinat du Président Abraham Lincoln, le gardien de la liberté, qui a travaillé sans relâche en sorte que « cette nation, sous Dieu, [puisse] avoir une nouvelle naissance de liberté ». Bâtir un avenir de liberté demande l’amour du bien commun et la coopération dans un esprit de subsidiarité et de solidarité. »
Il a souligné l’importance de sauvegarder les libertés : « Nous sommes tous conscients de l’inquiétante situation sociale et politique du monde aujourd’hui, et nous en sommes préoccupés. Notre monde devient de plus en plus un lieu de violent conflit, de haine et d’atrocités brutales, perpétrées même au nom de Dieu et de la religion. Nous savons qu’aucune religion n’est exempte de formes d’illusion individuelle ou d’extrémisme idéologique. Cela signifie que nous devons faire spécialement attention à tout type de fondamentalisme, qu’il soit religieux ou de n’importe quel autre genre. Un équilibre délicat est nécessaire pour combattre la violence perpétrée au nom d’une religion, d’une idéologie ou d’un système économique, tout en sauvegardant aussi la liberté religieuse, la liberté intellectuelle et les libertés individuelles. »
Il a aussi diagnostiqué le danger d’une libération qui ne serait qu’extérieure : « Mais il y a une autre tentation dont nous devons spécialement nous prémunir : le réductionnisme simpliste qui voit seulement le bien ou le mal ; ou, si vous voulez, les justes et les pécheurs. Le monde contemporain, avec ses blessures ouvertes qui affectent tant de nos frères et sœurs, exige que nous affrontions toute forme de polarisation qui le diviserait en deux camps. Nous savons qu’en nous efforçant de nous libérer de l’ennemi extérieur, nous pouvons être tentés de nourrir l’ennemi intérieur. Imiter la haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure façon de prendre leur place. C’est quelque chose qu’en tant que peuple vous rejetez. »
« Notre réponse, a repris le pape, doit au contraire être une réponse d’espérance et de guérison, de paix et de justice. Nous sommes appelés à unir le courage et l’intelligence pour résoudre les nombreuses crises géopolitiques et économiques actuelles. »
Le pape a résumé sa réflexion à partir de quatre grandes figures des États-Unis : « Lincoln, la liberté ; Martin Luther King, la liberté dans la pluralité et la non-exclusion ; Dorothée Day, la justice sociale et les droits des personnes ; et Thomas Merton, la capacité au dialogue et l’ouverture à Dieu. »
Et de conclure : « Une nation peut être considérée comme grande quand elle défend la liberté comme Lincoln l’a fait, quand elle promeut une culture qui permet aux personnes de « rêver » de droits pléniers pour tous leurs frères et sœurs, comme Martin Luther King a cherché à le faire ; quand elle consent des efforts pour la justice et la cause des opprimés, comme Dorothée Day l’a fait par son travail inlassable, fruit d’une foi devenue dialogue et semence de paix dans le style contemplatif de Thomas Merton. »
Et ce samedi 26 septembre, le pape a rencontré la communauté hispanique et d’autres immigrés à l’Independence Mall de Philadelphie, avec au centre le thème de la liberté religieuse. Le pape les a encouragés à ne pas avoir honte de leurs racines.
Si la cloche Liberty Bell a été fondue en Angleterre, la statue La Liberté éclairant le monde
L’idée de ce cadeau, pour rappeler le rôle de la France dans l’indépendance et l’amitié avec les États-Unis, est due à un professeur du Collège de France, Edouard de Laboulaye, en 1875.
Le projet a été confié quelques années plus tard au sculpteur Auguste Bartholdi, qui l’a réalisée avec Eugène Viollet-le-Duc – pour le choix des cuivres et de la technique du « repoussé » – puis avec Gustave Eiffel, pour la structure interne.
Elle a été inaugurée en 1886 et elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984.