Pour défendre l’homme contre toutes les formes d’esclavage, « nous avons besoin d’une mobilisation de taille comparable à celle du phénomène lui-même », a dit Mgr Silvano Tomasi en citant le pape François. L’observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies à Genève est en effet intervenu à la 30e session du Conseil des droits de l’homme sur les formes contemporaines d’esclavage, mardi 15 septembre.
La tâche de la communauté internationale est de « reconnaître que nous sommes confrontés à un phénomène mondial qui dépasse la compétence de toute une communauté ou d’un pays », a déclaré Mgr Tomasi en s’appuyant sur le message du pape François pour la Journée mondiale de la paix, le 1er janvier 2015 : « Non plus esclaves mais frères ».
Lutter contre les formes contemporaines d’esclavage est une obligation pour tous les hommes de bonne volonté, estime Mgr Tomasi : « Les efforts nationaux et internationaux devraient être engagés dans la prévention, la protection des victimes, la poursuite judiciaire des auteurs, le travail pour la réhabilitation psychologique et éducative des victimes afin de les réinsérer dans la société où ils vivent ou dont ils sont venus. »
Il a appelé les États à « veiller à ce que leur propre législation respecte vraiment la dignité de la personne humaine dans les domaines de la migration, de l’emploi, de l’adoption » et à « punir » les « complices » du « commerce inhumain ».
Il a également invité les organisations intergouvernementales « à coordonner les initiatives pour lutter contre les réseaux transnationaux du crime organisé qui supervisent la traite des personnes et le trafic illicite de migrants ».
Il a signalé les « nombreux efforts de l’Église catholique » et, tout particulièrement des communautés religieuses, comme autant d’exemples de la lutte contre les formes modernes d’esclavage.
L’observateur permanent du Saint-Siège a cité les chiffres de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) : « Actuellement, 35,8 millions de personnes éprouvent la privation de l’un des droits fondamentaux et universels : le droit d’être libre de l’esclavage sous toutes ses nombreuses formes. »
Il s’agit surtout de « groupes vulnérables » de la population tels que « les autochtones, les minorités, les personnes considérées comme des « castes les plus basses » et les migrants, en particulier ceux qui sont en situation irrégulière ».
« Cet esclavage s’exerce par le chantage et les menaces, a souligné Mgr Tomasi, par la confiscation de documents d’identité, par la violence physique. » Les domaines de l’agriculture, de la construction, de l’exploitation minière et de l’industrie textile sont des « secteurs présentant un risque élevé de formes contemporaines d’esclavage », a-t-il dit.
Il existe aussi « de nombreuses autres formes d’esclavage », a fait remarquer Mgr Tomasi. Elles touchent, entre autres, « des mineurs » qui deviennent « des esclaves sexuels » et des femmes qui sont « forcées de se marier ou sont vendues pour des mariages ». Il y a aussi des personnes qui font « l’objet de traite à la vente d’organes », qui sont recrutées « comme soldats » ou « pour la mendicité, pour des activités illégales telles que la production et la vente de stupéfiants », a ajouté Mgr Tomasi.
Il a invité « la communauté internationale à abattre la culture relativiste dans laquelle une personne tire profit d’un autre, traite les autres comme de simples objets ». Il a appelé à « surmonter » l’indifférence afin de la transformer « par un sens renouvelé de solidarité et de fraternité ».