Pendant le Jubilé de la miséricorde, le pape François accorde un pouvoir spécial à tous les prêtres catholiques pour pardonner, dans le sacrement de la réconciliation, qui a une responsabilité dans un avortement. Un pouvoir habituellement réservé aux évêques.
Le pape consacre un passage important de sa lettre à Mgr Rino Fisichella sur le Jubilé de la miséricorde (8 décembre 2013-20 novembre 2016), et en date de ce 1er septembre.
Il annonce ainsi sa décision : « J’ai décidé, nonobstant toute chose contraire, d’accorder à tous les prêtres, pour l’Année jubilaire, la faculté d’absoudre du péché d’avortement tous ceux qui l’ont provoqué et qui, le cœur repenti, en demandent pardon. »
Il demande aux prêtres de se préparer pour cette œuvre de miséricorde qui demande beaucoup de tact : « Que les prêtres se préparent à cette tâche importante en sachant unir des paroles d’authentique accueil à une réflexion qui aide à comprendre le péché commis, et indiquer un itinéraire de conversion authentique pour pouvoir obtenir le pardon véritable et généreux du Père qui renouvelle tout par sa présence. »
Le pape diagnostique la question de la protection de la vie humaine comme névralgique: « L’un des graves problèmes de notre temps est sans aucun doute le changement du rapport à la vie. Une mentalité très répandue a désormais fait perdre la sensibilité personnelle et sociale adéquate à l’égard de l’accueil d’une vie nouvelle. »
Il explique ainsi le fait que « le drame de l’avortement est vécu par certains avec une conscience superficielle, qui semble ne pas se rendre compte du mal très grave qu’un tel acte comporte ».
« Beaucoup d’autres, en revanche, bien que vivant ce moment comme un échec, considèrent ne pas avoir d’autres voies à parcourir, continue le pape. Je pense, en particulier, à toutes les femmes qui ont eu recours à l’avortement. Je connais bien les conditionnements qui les ont conduites à cette décision. Je sais qu’il s’agit d’un drame existentiel et moral. J’ai rencontré de nombreuses femmes qui portaient dans leur cœur la cicatrice de ce choix difficile et douloureux. Ce qui a eu lieu est profondément injuste ; pourtant, seule sa compréhension dans sa vérité peut permettre de ne pas perdre l’espérance. »
Dans son entretien avec La Civilta Cattolica, en septembre 2013, le pape avait cité cet exemple: « Elle avait subi l’échec de son mariage pendant lequel elle avait avorté : elle s’est ensuite remariée et elle vit à présent sereine avec cinq enfants. L’avortement lui pèse énormément et elle est sincèrement repentie. Elle aimerait aller plus loin dans sa vie de chrétienne. Que fait le confesseur ? »
Le pape indique comme remède le pardon de Dieu dans le sacrement de la réconciliation : « Le pardon de Dieu à quiconque s’est repenti ne peut être nié, en particulier lorsqu’avec un cœur sincère, cette personne s’approche du Sacrement de la Confession pour obtenir la réconciliation avec le Père. »
Mgr Fisichella avait déjà annoncé, en mai dernier, cette volonté du pape François de donner aux prêtres le pouvoir de pardonner aussi l’avortement dans l’acte de la confession sacramentelle.
Habituellement, les évêques – qui ont le pouvoir de pardonner un avortement – peuvent autoriser les prêtres de leur diocèse à le pardonner à des moments particuliers – pendant l’Avent, en préparation à Noël, pendant le Carême, en préparation à Pâques –, ou à l’occasion d’événements spéciaux, comme cela a été récemment le cas dans le diocèse de Turin à l’occasion de l’ostension du Saint-Suaire.
Le pardon n’est pas réservé aux femmes qui ont subi un avortement mais aussi aux médecins ou à toute personne ayant une responsabilité.
Rappelons que dans sa Lettre aux femmes, de 1995, le saint pape Jean-Paul II écrivait notamment : « Le choix de l’avortement, qui reste toujours un péché grave, avant même d’être une responsabilité à faire endosser par les femmes, est un crime qu’il faut mettre au compte de l’homme et de la complicité du milieu de vie » (n. 5).
Le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme « le droit inaliénable à la vie de tout individu innocent » (2273) et c’est pourquoi la « coopération formelle à un avortement constitue une faute grave » (2272) qui entraîne une excommunication automatique – sauf lorsqu’il a lieu sous la contrainte.