Benoît XVI considère saint Colomban de Luxeuil comme un des « Pères de l’Europe », et de son « unité spirituelle », rappelle le cardinal Parolin. Le saint moine a aussi été un « un grand diffuseur de la confession », aujourd’hui reconnue comme « le sacrement de la miséricorde ».
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, de la lettre adressée par le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, à l’évêque de Plaisance-Bobbio, à l’occasion de la XVIIIe Rencontre internationale des communautés colombaniennes, qui fêtent les 1 400 ans de la mort de saint Colomban, le 21 novembre 615, à Bobbio.
Le cardinal Parolin avait rendu hommage à l’œuvre « européenne » de saint Colomban le 27 novembre 2014, à l’occasion de l’ouverture de l’Année Saint Colomban au monastère de Bobbio, fondé par le saint.
Appelé Colomban de Luxeuil, ce moine était né en 543 en Irlande, à Leinster. Il a évangélisé la Gaule, l’Allemagne, l’Helvétie et l’Italie du Nord. Un « grand évangélisateur du Continent européen » a reconnu le pape François le 12 octobre 2014.
Le pape émérite Benoît XVI avait consacré toute une catéchèse du mercredi à saint Colomban le 11 juin 2008.
A.B.
Lettre du card. Parolin
Excellence,
Pour les 1 400 ans de la mort de saint Colomban, à Bobbio le 23 novembre 615, le pape François me charge de vous transmettre ses heureuses salutations, ainsi qu’à cette communauté diocésaine et à tous ceux qui participent au XVIIIe Meeting international des communautés colombaniennes, provenant de divers pays d’Europe.
Irlandais de souche et de formation, Colomban a toujours nourri une idée « européenne » de son engagement ecclésial. Dans la lettre qu’il adresse au pape Grégoire le Grand en l’an 600, il fait directement référence au devoir de collaboration de tous les chrétiens pour que toutes les populations du continent vivent dans la paix et l’unité (cf. Epistula I, 1). Sa vie de prière, d’ascèse et d’étude, commencée au monastère de Bangor, à l’école de l’abbé Comgall, ne l’a jamais rendu ni distant ni inattentif face aux vicissitudes religieuses et politiques de l’époque. Au contraire, il est intervenu plusieurs fois, d’un ton ferme, évoquant la figure sévère de saint Jean Baptiste.
Après 30 ans de permanence dans un monastère, Colomban avait fait sien l’idéal ascétique propre aux communautés irlandaises, celui de la peregrinatio pro Christo, et il était parti en pèlerinage à travers l’Europe dans le but de faire redécouvrir la lumière de l’Evangile à certaines régions, déchristianisées après l’immigration de peuples du nord-est. Il a débarqué sur les côtes bretonnes avec un groupe de moines, recevant un accueil bienveillant du roi des Francs et donnant aussitôt le coup d’envoi à un gros travail d’évangélisation sur le continent, non pas en imposant le Credo, mais en attirant les gens par le style de vie des moines : le témoignage d’hommes qui priaient, travaillaient la terre, étudiaient et menaient une vie sobre, basée sur les choses spirituelles et matérielles essentielles, et rigoureuse sur le plan moral.
Saint Colomban fut un canal privilégié de la grâce de Dieu, attirant des flots de pèlerins et de pénitents, et accueillant dans ses nombreux et nouveaux monastères tant de jeunes ayant embrassé la Regula monachorum. Convaincu comme il était que la grâce est l’aide spécifique que la providence donne à chaque créature humaine qui, avec foi, accueille l’amour de Dieu dans son existence, il fut un grand diffuseur de la confession. Ce sacrement, de nature personnelle, devait être répété toute la vie, comme moyen unique pour entreprendre un sérieux chemin de conversion.
Son itinéraire d’évangélisation et d’attraction au Christ impliqua de nombreuses nations, faisant de ses monastères des phares de rayonnement spirituel, intellectuel et social : Bangor en Irlande, Annegray et Luxeuil en France, Saint-Gall en Suisse, la région de Bergen en Allemagne.
La dernière étape du saint Abbé sur terre fut Bobbio, en Italie : Bobium civitas columbanensis. Le monastère dans lequel il vécut les dernières années de sa vie, jusqu’à sa mort, est devenu un centre culturel comparable à celui de Mont-Cassin. On y trouve aujourd’hui sa dépouille. Saint Colomban, jusqu’au bout de sa mission, a encouragé l’unité spirituelle des peuples d’Europe, luttant pour panser les plaies provoquées par la présence dans le nord de l’Italie de l’hérésie arienne, qui avait brisé la communion entre les Lombards et l’évêque de Rome.
Saint Colomban, que nous pouvons considérer, comme dit Benoît XVI, comme un des « Pères de l’Europe » (cf. catéchèse, audience générale du 11 juin 2008), était convaincu que seule une civilisation ouverte à Dieu pouvait favoriser, dans le cœur de l’Europe, la fraternité entre les peuples. Sa grande culture, son énergie spirituelle et son style de morale nous montrent clairement là où il nous faut puiser pour que cette civilisation, à notre époque aussi, puisse se renforcer sur le sol européen.
Les célébrations jubilaires contribueront à mieux faire connaître le profil humain et spirituel de ce grand évangélisateur totius Europae (Epistula I, 1).
Le Saint-Père accueille chaleureusement les multiples initiatives pastorales et culturelles organisées à cette occasion. Après avoir invoqué la céleste intercession de saint Colomban pour le bon cheminement de toutes les communautés ecclésiales dont il est le saint Patron et pour les peuples d’Europe, il vous envoie de tout cœur sa bénédiction apostolique.
© Traduction de Zenit, Océane Le Gall