Après le naufrage qui a fait quelque 800 morts en Méditerranée dans la nuit du 18 au 19 avril 2015, « la réaction des Européens sera un test révélateur pour les valeurs européennes », estime le cardinal Reinhard Marx, président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne (COMECE).
« L’Union Européenne (UE) ne peut rester sans réagir face à cette catastrophe humaine », écrit-il dans une déclaration : « La catastrophe actuelle pousse aujourd’hui les Etats européens à prendre des mesures drastiques pour lutter contre ce phénomène tragique ». Le cardinal recommande en particulier de « réinstaurer les instruments de « Mare Nostrum » et élargir la mission « Triton » sur la protection des frontières extérieures de l’UE ».
« Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour qu’une tragédie telle que celle de samedi ne se reproduise jamais ! Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ne peuvent plus se permettre de renvoyer la problématique des migrants aux calendes grecques, dès que la catastrophe actuelle ne fera plus les gros titres des journaux », insiste-t-il.
A.K.
Déclaration de la COMECE
« On ne peut tolérer que la Mer Méditerranéenne devienne un grand cimetière ! » Tel fut l’appel du Pape François aux Etats européens pour un « soutien réciproque » et contre des « solutions particularistes », lors de son discours devant le Parlement Européen le 25 novembre 2014. La tragédie qui a coûté la vie à environ sept cent migrants dans les eaux de la Méditerranée dans la nuit de samedi nous rappelle ces paroles du Pape mais interroge également dans quelle mesure l’Union Européenne prend au sérieux les valeurs, si souvent évoquées, sur lesquelles elle est fondée. Cette nouvelle catastrophe en Méditerranée constitue un échec pour tout ce qui fait de l’Union Européenne une communauté de valeurs.
Alors que les chiffres ont encore été revus à la hausse, il apparaît que bien plus de 1000 migrants ont péri en Mer Méditerranée ces 10 derniers jours. L’UE ne peut rester sans réagir face à cette catastrophe humaine. Dans les faits, on pourrait blâmer le pouvoir d’attraction de l’UE pour les réfugiés, les mesures européennes dont tirent avantage les trafiquants ou encore le manque d’action pour contrer les causes qui poussent les migrants à fuir leurs pays d’origine. Mais tout ceci ne justifie pas de fermer les yeux sur la tragédie humanitaire qui se joue en Méditerranée et à laquelle doit faire face l’Union Européenne.
La sphère politique en Europe a trop souvent déploré le décès de réfugiés sans pour autant en tirer les conséquences. La catastrophe actuelle pousse aujourd’hui les Etats européens à prendre des mesures drastiques pour lutter contre ce phénomène tragique. La réaction des Européens sera un test révélateur pour les valeurs européennes. Si l’Union Européenne décide de faire honneur à ses convictions, alors elle ne peut que réinstaurer les instruments de « Mare Nostrum » et élargir la mission « Triton » sur la protection des frontières extérieures de l’UE. Le sauvetage de vies humaines en Méditerranée ne peut rester un simple enjeu politique. Il s’agit d’un véritable devoir humain et d’une exigence de l’aspiration morale de l’Europe.
Il est vrai qu’en plus de la réunion extraordinaire des Ministres des Affaires Etrangères et de l’Intérieur de l’Union Européenne de ce lundi, la catastrophe fera l’objet d’un sommet européen extraordinaire à l’appel du Président Tusk. Je salue le fait que les Ministres des Affaires Etrangères de l’Union Européenne se soient engagés à renforcer les mesures en Méditerranée et à augmenter le budget alloué aux missions de l’UE dans cette région. Cependant, il faudra que leurs paroles soient suivies par des actes lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de jeudi : L’Europe doit dès à présent œuvrer à trouver des propositions concrètes pour la mise en place d’une politique d’asile et de migration humaine qui soit supportée et mise en application de manière solidaire par tous les Etats membres de l’Union Européenne. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour qu’une tragédie telle que celle de samedi ne se reproduise jamais ! Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ne peuvent plus se permettre de renvoyer la problématique des migrants aux calendes grecques, dès que la catastrophe actuelle ne fera plus les gros titres des journaux.
Nos prières vont aux victimes de cette catastrophe ainsi qu’à leurs proches. Nous ne prions pas les yeux fermés, mais grands ouverts vers ceux qui en ont besoin.