Il y a 70 ans, le 9 avril 1945, le pasteur Dietrich Bonhoeffer était exécuté, dans le camp de concentration nazi de Flossenbürg (Bavière) sur l’ordre de Hitler. Il avait été condamné à la pendaison avec l’accusation d’avoir participé à un complot contre le régime. Mgr Sanna évoque cette grande figure de résistance allemande au micro de Radio Vatican.
« Quand Bonhoeffer parle d’un chrétien adulte, il veut dire qu’il faudrait être capable de vivre en communion avec Dieu “comme s’il n’y avait pas Dieu”, explique Mgr Ignazio Sanna, théologien et archevêque d’Oristano (Italie).
La théologie de Bonhoeffer « interprète vraiment les dimensions de l’existence chrétienne », souligne l’archevêque italien. Bonhoeffer a appelé les chrétiens à devenir « adultes », « matures », à « vivre, de façon chrétienne, comme si Dieu en ce moment-ci ne nous regardait pas ».
Le pasteur lui-même a « donné cet idéal de la vie chrétienne vécue jusqu’au martyre ». Menant une vie de discipline et de l’obéissance au Christ, il a reçu sa mort avec « une attitude exceptionnelle », raconte Mgr Sanna. « Cela signifie qu’il y avait dans sa personne une profonde vie intérieure, une foi profonde et aussi, à ce moment-là, une foi dans la résurrection, dans la vie éternelle. »
L’idée de Bonhoeffer de s’ « impliquer » « dans la vie, dans la fatigue et les souffrances des gens » concerne tout chrétien, mais aussi l’Église entière. « C’est l’idée précisément d’une Église qui ne soit pas spectatrice, mais qui soit impliquée dans la vie des gens : là où sont les gens, là où est le monde, c’est là qu’est l’Église », dit Mgr Sanna.
La pensée de Bonhoeffer au centre de laquelle est toujours la figure du Christ pourrait enrichir le dialogue œcuménique, selon l’archevêque d’Oristano. « Si nous gardons les yeux fixés sur le Christ et moins sur les structures, et aussi sur les règles du droit canonique, probablement, nous sommes en mesure de faire quelques pas de plus pour trouver des motivations et des inspirations sur la façon de cheminer ensemble », conclut-il.
Né à Breslau en 1906 et ordonné pasteur en 1931, Dietrich Bonhoeffer dénonce la politique des nazis dès premiers jours de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Bonhoeffer est privé du travail à l’Université, puis interdit de parole à l’Église et, enfin, arrêté en 1943. Bonhoeffer est condamné à la pendaison pour conspiration contre le régime. Il est exécuté le 9 avril 1945 à l’âge de 39 ans.
De grands théologiens catholiques lui ont consacré des thèses, dont l’actuel préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, en 1977, sous la direction du cardinal Karl Lehmann.
Avec une traduction de Constance Roques
