La Croix du Christ “est amour et miséricorde”, et non pas une « défaite », explique le pape François, pour éviter tout contre-sens en ce Vendrredi Saint, 3 avril, marqué traditionnellement par la célébration de la Passion et par la méditation des 14 stations du Chemin de Croix.
Le pape François donne la clef d’interpétation de ces actes liturgiques dans un tweet posté sur son compte @Pontifex_fr, et cette clef c’est “l’amour” et plus précisément, dans le sens de la célébration du prochain Jubilé extraordinaire la “miséricorde”: “La Croix du Christ n’est pas une défaite : la Croix est amour et miséricorde.”
Aucun dolorisme par conséquent, aucune contemplation morbide, au contraire, le salut qui conduit à la joie, comme le pape l’écrit dans “Evangelii Gaudium”: “L’Évangile, où resplendit glorieuse la Croix du Christ, invite avec insistance à la joie” (EG 5).
Au § 86, le pape met la croix en relation avec l’espérance: “C’est justement sur la Croix que le Seigneur, transpercé, s’est donné à nous comme source d’eau vive. Ne nous laissons pas voler l’espérance !”
Style de Jésus, style du chrétien
Au § 269, le pape souligne que ce “style” de Jésus est un appel à l’imitation lancé aux baptisés, au coeur de la société: “Le don de Jésus sur la croix n’est autre que le sommet de ce style qui a marqué toute sa vie. Séduits par ce modèle, nous voulons nous intégrer profondément dans la société, partager la vie de tous et écouter leurs inquiétudes, collaborer matériellement et spirituellement avec eux dans leurs nécessités, nous réjouir avec ceux qui sont joyeux, pleurer avec ceux qui pleurent et nous engager pour la construction d’un monde nouveau, coude à coude avec les autres. Toutefois, non pas comme une obligation, comme un poids qui nous épuise, mais comme un choix personnel qui nous remplit de joie et nous donne une identité.”
Au § 274, ce style se décline en don de soi pour les autres, c’ets même ce qui donne un sens à la vie du baptisé: “Tout être humain fait l’objet de la tendresse infinie du Seigneur, qui habite dans sa vie. Jésus Christ a versé son précieux sang sur la croix pour cette personne. Au-delà de toute apparence, chaque être est infiniment sacré et mérite notre affection et notre dévouement. C’est pourquoi, si je réussis à aider une seule personne à vivre mieux, cela justifie déjà le don de ma vie. C’est beau d’être un peuple fidèle de Dieu. Et nous atteignons la plénitude quand nous brisons les murs, pour que notre cœur se remplisse de visages et de noms !”
Le Christ conduit à Marie
Et au § 285, le pape revient au lien entre la croix et la miséricorde pour tourner le regard vers Marie, debout au pied d ela Croix: “Sur la croix, quand le Christ souffrait dans sa chair la dramatique rencontre entre le péché du monde et la miséricorde divine, il a pu voir à ses pieds la présence consolatrice de sa Mère et de son ami. En ce moment crucial, avant de proclamer que l’œuvre que le Père lui a confiée est accomplie, Jésus dit à Marie : « Femme, voici ton fils ». Puis il dit à l’ami bien-aimé : « Voici ta mère » (Jn 19, 26-27). Ces paroles de Jésus au seuil de la mort n’expriment pas d’abord une préoccupation compatissante pour sa mère, elles sont plutôt une formule de révélation qui manifeste le mystère d’une mission salvifique spéciale. Jésus nous a laissé sa mère comme notre mère. C’est seulement après avoir fait cela que Jésus a pu sentir que « tout était achevé » (Jn 19, 28). Au pied de la croix, en cette grande heure de la nouvelle création, le Christ nous conduit à Marie. Il nous conduit à elle, car il ne veut pas que nous marchions sans une mère, et le peuple lit en cette image maternelle tous les mystères de l’Évangile.”