Pour la fête de l’apôtre André au patriarcat œcuménique de Constantinople, le pape François évoque les voix du monde qui appellent « avec force » les chrétiens à l’unité : les pauvres, les victimes de conflits, les jeunes.
Au troisième jour de son voyage apostolique en Turquie ce 29 novembre, le pape a célébré la messe dominicale en privé à la délégation pontificale d’Istanbul, ce matin. Il a également rencontré le grand rabbin de Turquie Isak Haleva.
Puis il s’est rendu au Phanar, siège du patriarcat œcuménique de Constantinople, pour la fête de l’apôtre saint André – saint patron du patriarcat. Revêtu d’une étole rouge sur sa soutane blanche, le pape a assisté à « la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome » en l’église Saint-Georges.
A la fin de la célébration de près de trois heures présidée par le patriarche Bartholomaios Ier, le pape a prononcé un discours, soulignant l’importance de la rencontre sur le chemin de l’unité des Églises : « rencontrer, regarder le visage l’un de l’autre, échanger l’accolade de paix, prier l’un pour l’autre sont des dimensions essentielles de ce chemin vers le rétablissement de la pleine communion… Un authentique dialogue est toujours une rencontre entre des personnes avec un nom, un visage, une histoire ; et pas seulement une confrontation d’idées ».
« Dans le monde d’aujourd’hui se lèvent avec force des voix que nous ne pouvons pas ne pas entendre, et qui demandent à nos Églises de vivre jusqu’au bout le fait d’être disciples du Seigneur Jésus-Christ », a-t-il souligné.
Le pape a énuméré ces voix, la première étant « celle des pauvres », hommes et femmes souffrant de « malnutrition, du chômage croissant, de l’exclusion sociale… ».
Ces pauvres demandent aux chrétiens « de leur donner une aide matérielle, mais surtout de les aider à défendre leur dignité de personne humaine… Il demandent aussi de lutter, à la lumière de l’Évangile, contre les causes structurelles de la pauvreté : l’inégalité, le manque d’un travail digne, d’une terre et d’une maison, la négation des droits sociaux et des droits du travail ».
« Une seconde voix qui crie fort est celle des victimes des conflits en tant de parties du monde », a ajouté le pape en évoquant le Moyen-Orient marqué « par une guerre atroce et inhumaine ». Il a condamné « toute espèce de violence, spécialement sur les personnes faibles et sans défense » comme « un péché très grave contre Dieu ».
« La voix des victimes des conflits nous pousse à avancer rapidement sur le chemin de la réconciliation et de la communion entre catholiques et orthodoxes. D’ailleurs, comment pouvons-nous annoncer de manière crédible le message de paix qui vient du Christ, si, entre nous, continuent d’exister des rivalités et des querelles ? », a-t-il interrogé.
Le pape a aussi mis en relief une troisième voix : « celle des jeunes », dont beaucoup « vivent sans espérance, vaincus par le découragement et la résignation » et « cherchent la joie uniquement dans la possession de biens matériels et dans la satisfaction des émotions du moment ».
« Les nouvelles générations ne pourront jamais acquérir la vraie sagesse ni maintenir vivante leur espérance si [les chrétiens ne sont] pas capables de valoriser et de transmettre l’authentique humanisme, qui surgit de l’Évangile et de l’expérience millénaire de l’Église », a-t-il fait observer.
Évoquant l’exemple de la communauté œcuménique de Taizé, le pape a souligné : « Ce sont justement les jeunes qui aujourd’hui nous demandent de faire des pas en avant vers la pleine communion. Et cela non parce qu’ils ignorent la signification des différences qui nous séparent encore, mais parce qu’ils savent voir au-delà, ils sont capables de recueillir l’essentiel qui déjà nous unit. »
« Me trouver aujourd’hui en cette Église Patriarcale Saint-Georges pour la célébration du saint Apôtre André, le premier des appelés et le frère de saint Pierre, patron du Patriarcat Œcuménique, est vraiment une grâce particulière que le Seigneur me donne », a confié le pape par ailleurs.
Les orthodoxes et catholiques sont « déjà en chemin vers la pleine communion » et déjà ils peuvent « vivre des signes éloquents d’une unité réelle, bien qu’encore partielle… soutenus par l’intercession de l’Apôtre André et de son frère Pierre, considérés par la tradition comme les fondateurs des Églises de Constantinople et de Rome », a-t-il conclu.
Après la célébration le pape et le patriarche Bartholomaios ont béni la foule depuis le balcon du patriarcat. Puis ils ont signé une déclaration œcuménique conjointe, dans une salle du patriarcat.
Le pape déjeunera avec le patriarche à 12h30 avant de rejoindre aux environs de 14h la résidence pontificale. Son dernier rendez-vous sera pour les jeunes élèves de l’oratoire salésien, vers 15h45. Son départ de la Turquie est prévu à 17h (16h à Rome), et l’atterrissage aux environs de 18h40 à Rome Ciampino.