Le Saint-Siège porte un grand intérêt à ce que « fait » l’Union européenne, fait observer le nonce apostolique auprès de l’Union.
Mgr Alain Lebeaupin, français, 69 ans, nonce apostolique auprès de l’Union européenne depuis 2012, aborde les changements de l’Europe depuis la visite de Jean-Paul II et le message que le pape François adressera à la plénière de Strasbourg, dans un entretien accordé à la chaîne du Parlement européen (Patrick Delfosse). Mgr Lebeaupin est parti dès samedi, 22 novembre, de Bruxelles, siège de la nonciature, pour accompagner le pape François dans sa visite à Strasbourg.
Le nonce rappelle que le pape vient pour deux rendez-vous: d’une part avec la session plénière du Parlement européen, et d’autre part au Conseil de l’Europe, et que le pape « a répondu favorablement avec joie » à l’invitation qui lui a été adressée.
Le pape a aussi voulu que sa visite « soit européenne », à Strasbourg, « auprès des institutions européennes »: « c’est dire l’intérêt que le Saint-Siège porte à ce que fait l’Union européenne », souligne Mgr Lebeaupin.
Il précise, à propos du fait que les « racines chrétiennes » de l’Europe ne sont pas mentionnées comme telle dans un traité, que la réalité est plus importante qu’une déclaration: « Même si on avait ce texte, ce qui est important ce n’est pas d’avoir ce texte, c’est d’avoir la réalité: si l’Europe se construit comme une Europe plus respectueuse de la personne humaine, si c’est une Europe où la dignité de la personne humaine est au centre de la préoccupation économique et financière, eh bien, peut être n’aura-t-on pas dans le texte des valeurs chrétiennes, mais on l’aura dans la pratique. »
« Aujourd’hui, ajoute-t-il, on se rend compte que l’Europe ne se fera pas simplement qu’avec l’économie ». Il précise que « l’Europe que rencontre le Saint-Père, est très différente de celle que le pape Jean-Paul II a rencontrée en 1988 », lors de sa visite du 8 octobre.
Le nonce évoque aussi les questions qui ont pu se poser à l’annonce de la venue d’un pape argentin: « Je pense que tout le monde était inquiet parce que c’est un pape qui n’est pas européen: que pense-t-il de l’Europe, que va-t-il dire de l’Europe? Même quand on est Européen et que l’on vit hors du continent européen, on se fait une certaine idée de l’Europe, même si l’on voit sa diversité culturelle peut être plus que quand on est en Europe même. »
Pour ce qui est de sa mission, il fait observer qu’elle s’intéresse à toutes les dimensions de l’Europe y compris sur la scène mondiale: « Comme je suis le nonce apostolique auprès de l’Union européenne, je suis tout ce qui se passe à l’intérieur de l’Europe y compris les efforts d’intégration européenne. D’abord parce que l’Eglise catholique en particulier est présente » sur le continent. Il mentionne le traité de Lisbonne. mais aussi la représentation extérieure de l’Union: « En tant que représentant du Saint-Siège auprès de l’union, nous sommes présents aussi dans le monde, nous avons par exemple le plus grand réseau diplomatique en Afrique. »
Enfin, le nonce rappelle les fondements chrétiens du siècle des Lumières: « l faut avoir une vision dynamique des choses. Le message chrétien repose sur une chose: il faut aimer son prochain. On aime Dieu, il faut aimer son prochain. Le respect des droits de l’homme, ce n’est pas quelque chose où le christianisme n’a joué aucun rôle. N’est-ce pas? Parce que même le siècle des Lumières a ses fondements chrétiens. C’est une évolution culturelle. »