« Soyez partout un témoignage prophétique et une présence éducative, en pratiquant un accueil inconditionnel des jeunes, en relevant le défi des relations interculturelles… dans un milieu imprégné par le monde virtuel et les nouvelles technologies » : c’est l’exhortation du pape aux personnes consacrées impliquées auprès des jeunes.
Le pape François a reçu les participants au XXIII chapitre général des Filles de Marie Auxiliatrice (FMA) sur le thème « Être aujourd’hui avec les jeunes une maison qui évangélise », samedi dernier, 8 novembre 2014, Vatican.
Appelées aussi Soeurs salésiennes, les FMA ont été fondées en 1872 par Don Bosco et Marie-Dominique Mazzarello. Elles se consacrent dans le monde entier au service des jeunes, surtout les plus défavorisés.
Dans la société actuelle où l’on souffre « d’indigence mais aussi d’un manque d’amour et de relations », le pape les a encouragées à « sortir », à « se mettre en marche vers toutes ces zones de frontière géographiques et existentielles, avec une attention préférentielle pour les pauvres et les différentes formes d’exclusion ».
Il s’agit de faire de leurs maisons « des cadres de vie où l’on évangélise », animés par « un climat de coresponsabilité » qui « forme les jeunes à devenir eux-mêmes des acteurs d’évangélisation pour d’autres jeunes ».
Pour la mission, a-t-il recommandé, « il faut toujours mettre le Christ au centre de son existence » par « la prière persévérante, par l’adoration, en ‘perdant son temps’ devant le tabernacle ».
A l’intérieur des communautés, le pape a exhorté à « l’unité » : « Jamais entre vous de convoitise et de jalousies !… Le plus dangereux c’est le terrorisme du jacassement… le commérage est une bombe que l’on jette sur la communauté et qui la détruit. »
Suivant l’exemple de leurs fondateurs, saint Jean Bosco et sainte Dominique Mazzarello, le pape a encouragé les religieuses à témoigner « des valeurs qui relèvent de l’identité salésienne, comme celle de la rencontre ».
A.K.
Discours du pape François
Chères sœurs, mère Yvonne a remercié pour l’audience mais celle-ci n’aurait pu se faire sans son insistance ! Je ne sais pas si cette supérieure générale sait gouverner, je ne sais pas, ce sont des choses qui vous regardent, mais je sais qu’elle sait frapper aux portes, et fort, oui ! Je vous le garantis ! Je vous remercie, Mère, pour ce que vous avez dit. Moi aussi je me permets d’être insistant en pensant à la Patagonie… Je n’en dis pas plus!
Ces jours-ci, votre attention s’est focalisée sur le thème « Être aujourd’hui avec les jeunes une maison qui évangélise », qui entre bien dans le cadre social et ecclésial actuel, marqué par tant de formes de misère spirituelle et matérielle. En effet, aujourd’hui on souffre d’indigence mais aussi d’un manque d’amour et de relations. Dans ce contexte, vous pouvez spécialement saisir les fragilités des jeunes auxquels vous consacrez votre énergie et votre amour, selon le style de Don Bosco et dans le sillage de Mère Mazzarello. Vous êtes toutes appelées à offrir le message de l’Évangile, qui se résume dans l’amour du père miséricordieux envers chaque personne.
Des orientations fondamentales pour la vie de chaque religieuse et de chaque communauté sortent de vos travaux.
Avant tout, l’engagement à vous laisser guider par la perspective de « sortir », de se mettre en marche vers toutes ces zones de frontière géographiques et existentielles, avec une attention préférentielle pour les pauvres et les différentes formes d’exclusion. Il y en a tellement !
Puis la conscience qu’il est nécessaire de mettre en œuvre des parcours opportuns de changement et de conversion pastorale, transformant ainsi vos maisons en cadres de vie où l’on évangélise, où les jeunes, surtout, ont la possibilité de vivre la même mission que vous. Il s’agit d’instaurer un climat de coresponsabilité qui aide chaque individu à progresser dans sa foi et favorise l’adhésion personnelle à Jésus afin qu’Il reste un personnage qui fascine. De cette manière, on forme les jeunes à devenir eux-mêmes des acteurs d’évangélisation pour d’autres jeunes.
Je ne peux que vous encourager à aller de l’avant avec enthousiasme, en suivant les pistes que l’Esprit Saint vous suggère. Ouvrez vos cœurs pour accueillir les motions intérieures de la grâce de Dieu ; élargissez votre regard pour reconnaître les besoins les plus authentiques et les urgences d’une société et d’une génération qui changent. Soyez partout un « témoignage prophétique » et une « présence éducative », en pratiquant un accueil inconditionnel des jeunes, en relevant le défi des relations interculturelles et en trouvant des parcours qui rende efficaces vos interventions apostoliques dans un milieu – celui des jeunes – imprégné par le monde virtuel et les nouvelles technologies, surtout numériques.
Pour faire cela il faut toujours mettre le Christ au centre de son existence ; il faut se laisser façonner par la Parole de Dieu qui éclaire, oriente et soutient; il faut alimenter l’esprit missionnaire par la prière persévérante, par l’adoration, en « perdant son temps » devant le tabernacle.
Vous êtes en même temps appelées à témoigner d’un idéal de communion fraternelle entre vous, avec des sentiments d’accueil réciproque, en acceptant les limites et en mettant en valeur les qualités et les dons de chacune, selon l’enseignement de Jésus : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35). Je veux répéter un conseil que j’ai donné ces jours-ci à un autre groupe de religieux : l’unité. Jamais, jamais entre vous de convoitise et de jalousies, ne permettez pas ces choses ! L’« unité » chez vous. Mais le plus dangereux c’est le terrorisme dans la vie religieuse : le terrorisme du jacassement est entré. Si tu as quelque chose contre une sœur, vas-y et dis-le lui en face. Mais jamais ce terrorisme. Car le commérage est une bombe que tu jettes sur la communauté et qui la détruit. L’unité sans ce terrorisme des racontars.
Et cette unité exige – vous le savez bien – un sérieux chemin de formation qui comprend aussi un apprentissage dans les sciences humaines qui peuvent vous aider dans votre mission. Il vous est en effet demandé de savoir écouter avec disponibilité et compréhension tous ceux qui ont recours à vous pour un soutien moral et humain. De savoir interpréter les situations auxquelles vous êtes soumises dans votre travail, pour pouvoir inculturer le message évangélique. A ce propos, la mission ad gentes vous offre un champ très vaste pour vous donner avec amour.
Au cours des travaux du chapitre vous n’avez pas manqué de réfléchir à votre activité apostolique de chaque jour, qui vous met en contact avec les joies, les attentes et les souffrances des personnes. Étant présentes dans les cours avec les enfants, dans les salles de classe avec les élèves, avec les jeunes dans les villes réelles ou dans les « quartiers virtuels », sur les marchés avec les jeunes femmes, vous côtoyez des réalités et des problèmes toujours nouveaux qui vous interpellent. Soyez pour tous des missionnaires d’espérance et de joie, en témoignant des valeurs qui relèvent de votre identité salésienne, comme celle de la rencontre, qui est un aspect fondamental de votre charisme : source toujours fraîche et vitale à laquelle vous pouvez puiser cet amour qui revitalise la passion pour Dieu et pour les jeunes. Que les inévitables difficultés, rencontrées sur votre chemin, ne ralentissent pas l’enthousiasme de votre action apostolique. Bien au contraire, que l’exemple de saint Jean Bosco et de sa
inte Dominique Mazzarello vous pousse à contribuer avec encore plus d’enthousiasme à la nouvelle évangélisation, au travers de vos activités dans le domaine de l’éducation et de l’école, de la catéchèse et de la formation des jeunes à l’apostolat.
Chères sœurs, vous savez bien que l’Église a une grande estime pour la vie consacrée. En effet celle-ci s’inscrit dans le cœur même de la communauté et elle est un élément décisif pour sa mission à laquelle elle offre une contribution spécifique par le témoignage d’une vie totalement donnée à Dieu et aux frères. Que ceci, avec l’aide maternelle de la très sainte Vierge Marie, que vous vénérez sous le titre de Marie Auxiliatrice, soit l’engagement de chacune et de toute votre congrégation ! Par ce souhait, je vous donne de tout cœur, ainsi qu’à toutes vos consœurs, la bénédiction apostolique. Et je vous demande de prier pour moi, de ne pas oublier la Patagonie ! Merci.
Traduction de Zenit