Face à la persécution, « ce n’est jamais l’apparente tranquillité qui peut satisfaire notre cœur, mais la véritable paix qui est un don de Dieu », déclare le pape François: « Il ne faut jamais chercher le « compromis » facile ni pratiquer un « irénisme » facile. Seul le discernement nous sauve du véritable déracinement, de la véritable « suppression » du cœur, que sont l’égoïsme, la mondanité, la perte de notre horizon, de notre espérance qu’est Jésus, Jésus seul. »
Le pape tire en ces termes l’enseignement, pour toute l’Eglise et pour chaque chrétien, de l’histoire de la Compagnie de Jésus, supprimée par Clément XIV et restaurée par le pape Pie VII, il y aura cette année 200 ans.
Le pape a présidé, samedi dernier, 27 septembre, dans l’église du Très saint nom de Jésus à l’Argentina, à Rome, la liturgie d’action de grâce à l’occasion du 200ème anniversaire de la restauration de la Compagnie de Jésus dans l’Église universelle par le pape Pie VII, avec la Bulle Sollicitudo omnium ecclesiarum du 7 août 1814.
Le pape insiste sur l’attitude à adopter dans les tribulations: « On ne se sauve jamais du conflit par la ruse ou par des stratagèmes pour résister. Dans la confusion et devant l’humiliation, la Compagnie a préféré vivre le discernement de la volonté de Dieu, sans chercher un moyen de sortir du conflit d’une façon apparemment tranquille, ou au moins élégante. »
Il invite à un discernement, et à grandir dans la confiance en Dieu: « La confiance doit grandir justement quand les circonstances nous font tomber par terre. »
Le pape François cite le père général de l’époque, le P. Lorenzo Ricci: « Ricci conclut par une exhortation à garder vivant l’esprit de charité, d’union, d’obéissance, de patience, de simplicité évangélique, de véritable amitié avec Dieu. Tout le reste est mondanité. «
« Dieu est miséricordieux, Dieu couronne de miséricorde. Dieu nous aime et nous sauve », insiste le pape.
Puis, il invite à avancer toujours, en dépit des vents contraires: « Le vaisseau de la Compagnie a été balloté par les vagues et il n’y a pas de quoi s’en étonner. La barque de Pierre aussi peut l’être aujourd’hui. La nuit et le pouvoir des ténèbres sont toujours proches. C’est fatigant de ramer. Les jésuites doivent êtres « des rameurs experts et valeureux » (Pie VII, Sollecitudo omnium ecclesiarum) : ramez donc ! Ramez, soyez forts, même si le vent est contraire ! Nous ramons au service de l’Église. Nous ramons ensemble ! »
Le pape conclut sur l’identité du jésuite: « L’identité du jésuite est celle d’un homme qui adore Dieu seul et qui aime et sert ses frères, montrant par son exemple non seulement en quoi il croit, mais aussi en quoi il espère et qui est Celui en qui il a mis sa confiance (cf. 2 Tm 1,12). Le jésuite veut être un compagnon de Jésus, quelqu’un qui a les mêmes sentiments que Jésus. »
Au cours de la liturgie solennelle, qui comprenait aussi la prière des vêpres et le chant du Te Deum, après la proclamation de l’Évangile et avant le renouvellement des promesses de la part des jésuites présents, le pape François a pronnoncé l’homélie dont nous publions notre traduction intégrale.