La Commission théologique internationale « nous met en communication avec toutes les communautés de foi qui cultivent l’amour du Seigneur sur la terre », explique le P. Philippe Vallin : « Ici, on éprouve combien l’explication de la vérité reçue de l’Evangile nous associe en frères et sœurs pour que le monde se réjouisse de la paix et se détourne des moyens de l’injustice et de la guerre. »
Cinq membres de la Commission théologique internationale sortante reçoivent un nouveau mandat de la part du pape François, dont deux Français, les PP. Serge-Thomas Bonino, op, secrétaire général de la CTI, et Philippe Vallin. En tout, ce sont cinq francophones qui sont nommés par le pape, sur 30 membres.
Le P. Vallin, prêtre du diocèse de Nancy, professeur à la faculté de théologie catholique de Strasbourg (France), explique comment et dans quel esprit travaille la « Commission théologique ». Il souligne que le « professeur de théologie participe à l’émulation de charité qui caractérise la vie de l’Eglise ».
Zenit – Quelle a été votre réaction, à chaud, à votre nouvelle nomination?
P. Philippe Vallin – Comme cette nomination inaugure pour moi un second mandat, ma première réaction est d’être reconnaissant au Saint-Père et au Cardinal Müller de mettre en moi la même confiance que le pape Benoît XVI et le Cardinal Levada avait placée en 2009. Par ailleurs, je mesure après coup toute la grâce qu’il y eut à présider la sous-commission du document sur le monothéisme, avec des collègues très fraternels, très pertinents, très souples aussi. A côté de la session plénière en décembre, la CTI fonctionne au long de l’année par le travail des sous-commissions très prenant et très délicat : ce fut un bonheur que j’ai mangé comme un pain blanc, et j’ai l’espérance, certes un peu inquiète, maintenant de retrouver une sous-commission aussi motivante et aussi fraternelle.
Quels sont vos principaux domaines de recherche et d’enseignement ?
Ma spécialité est l’anthropologie dogmatique (salut / grâce / eschatologie / protologie). C’est ce qu’enseignait le Professeur Ratzinger. La joie me vient chaque jour de mesurer combien l’homme est soulevé au-dessus de lui-même par le don du Saint-Esprit : comme une belle montgolfière, sereine et silencieuse, portée par l’air chaud au-dessus de la terre et qui déploie ses formes et ses couleurs…! Que le Seigneur nous habite, nous convient si bien.
C’est un lieu commun, mais on a parfois perçu la théologie comme « décollant » du réel: un antidote?
Voilà donc comment la théologie « décolle » du réel, comme une montgolfière pour mieux l’envisager, l’admirer, et puis le servir en y revenant atterrir. Trêve de symbole : je vis dans une simple paroisse de Strasbourg et j’y partage le chemin de foi d’une communauté toute simple et bien réelle, avec ses joies et ses peines, parfois très grandes peines. Le professeur de théologie participe à l’émulation de charité qui caractérise la vie de l’Eglise : j’essaye d’éclairer les consciences, je ne me lasse pas et même je m’enthousiasme de pouvoir apporter les secours de la pure vérité chrétienne. Notre Dieu n’est ni un dieu trompeur ni même un dieu subtil : Jésus parle clair, ferme et dru. Sa franche parole est nourrissante. Mais je bénéficie moi-même de la part des autres membres de la communauté d’autres aspects de l’émulation : tonus de joie, jeunesse du cœur, obéissance discrète à l’Eglise, prière partagée…
Quelles urgences voyez-vous pour la théologie aujourd’hui? Des projets ?
La CTI nous met en communication avec toutes les communautés de foi qui cultivent l’amour du Seigneur sur la terre. Ici, on éprouve combien l’explication de la vérité reçue de l’Evangile nous associe en frères et sœurs pour que le monde se réjouisse de la paix et se détourne des moyens de l’injustice et de la guerre.
De ce point de vue, puisque vous me demandez quel projet, quel sujet pourrait à présent m’intéresser pour le quinquennium prochain : je dirais qu’il me plairait de clarifier les contours d’une théologie de l’inscription politique de l’Eglise du Christ dans l’histoire. La chrétienté non pluraliste du passé n’est plus imaginable ni souhaitable ; le repli sur l’individu-citoyen chrétien, de l’autre côté, ne correspond pas au fait de l’Eglise que le Christ a voulu expressément : il faut donc mieux définir la présence de notre communauté de foi dans les communautés civiles.
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La Commission théologique internationale publie en français deux ouvrages : Le sensus fidei dans la vie de l’Église (traduction française aux éditions du Cerf, 2014, par le Fr. Serge-Thomas Bonino, o.p.) et Dieu Trinité, unité des hommes. Le monothéisme chrétien contre la violence (à paraître le 16 octobre dans la Documentation Catholique N°2516 et aux éditions du Cerf, traduction française par le P. Philippe Vallin).
La Commission biblique publie quant à elle Inspiration et vérité de l’Ecriture Sainte (à paraître le 16 octobre dans la collection Documents d’Eglise de la Coédition Bayard – Cerf – Fleurus-Mame, traduction française par le P. Olivier Artus, professeur à l’Institut Catholique de Paris).
Une soirée académique avec les recteurs, doyens, professeurs et étudiants en théologie des universités catholiques, organisée par la Commission Doctrinale de la Conférence des évêques de France, aura lieu à la Maison de la CEF le jeudi 16 octobre de 18h à 20h.