Comité International de Liaison Catholique-Juif: déclaration finale

Lutter contre l’antisémitisme et la persécution des chrétiens

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« Héritage commun », « liberté religieuse », « persécution des chrétiens », « montée de l’antisémitisme », et « éducation » sont les cinq grands points d’une déclaration, en anglais, publiée par la salle de presse du Saint-Siège, à l’issue de la 22e rencontre du Comité International de Liaison Catholique-Juif (ILC ou IC-JLC), qui s’est tenue à Madrid du 13 au 17 octobre 2013.

Cette structure interreligieuse, qui fête déjà ses 42 ans, est l’instance de dialogue la plus haute et la plus étendue entre l’Eglise catholique et le judaïsme. Elle est composée de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, émanant du Conseil Pontifical pour l’Unité, et de l’IJCIC (Comité juif international de consultations interreligieuses). Ont collaboré à l’organisation de cette édition la CEE (Conférence épiscopale espagnole) et la FGJE (Fédération des Communautés juives en Espagne).

Voici notre traduction, rapide, de travail, depuis l’original en anglais. Nous laissons de côté les deux premiers paragraphes de présentation de la rencontre.

Déclaration conjointe

Notre héritage commun

 Juifs et chrétiens partagent l’héritage du témoignage biblique de la relation de Dieu ave la famille humaine à travers l’histoire. Nos Ecritures portent témoignage aux individus et au peuple dans son ensemble, appelé, enseigné, guidé et protégé par la Providence divine. A la lumière de cette historie sacrée, les participants catholiques et juifs de la rencontre ont répondu à des situations émergentes et à des difficultés concernant la foi et la pratique religieuses dans le monde d’aujourd’hui

Il y a presque cinquante ans, le concile Vatican II a promulgué la Déclaration « Nostra Aetate », plaçant l’Eglise catholique sur un chemin nouveau dans ses relations avec le peuple juif. L’institution de l’ILC, comme instrument pour les relations formelles entre le Saint-Siège et la Communauté juive internationale, a été parmi les fruits les plus significatifs de « Notra Aetate ». Une discussion ouverte dans un esprit de confiance mutuelle et de respect a caractérisé notre rencontre de Madrid et poursuit le progrès fait par l’enseignement et la mise en oeuvre des principes énoncés dans cette Déclaration fondamentale. Dans cette 22erencontre, nous réaffirmons la relation unique entre catholiques et juifs, sur la base d’un héritage spirituel commun et de notre responsabilité partagée pour défendre la dignité humaine.

En tant que catholiques et en tant que juifs, nous nous efforçons de construire un monde dans lequel les droits humains sont reconnus et respectés et où tous les peuples et toutes les sociétés puissent s’épanouir dans la paix et la liberté. Nous nous engageons à fortifier notre collaboration à la poursuite d’une distribution des ressources toujours plus juste et plus équitable, de façon à ce que tous puissent bénéficier des progrès de la science, de la médecine, de l’éducation, et du développement économique. Nous nous considérons comme des partenaires pour guérir notre monde créé pour refléter toujours plus clairement la vision biblique originelle : « Et Dieu vit que tout ce que Dieu avait fait, et voilà que c’était très bon » (Gn 1, 31).

Dans les petits groupes de discussion, les délégués ont examiné la montée actuelle de l’antisémitisme, le phénomène grandissant de la persécution des chrétiens, dans différentes parties du monde, et les menaces contre la liberté religieuse, dans de nombreuses sociétés. A la lumière de nos idéaux religieux communs, nous avons examiné les difficultés réelles concernant nos traditions religieuses aujourd’hui, y compris la violence, le terrorisme, l’extrémisme, la discrimination et la pauvreté. Nous sommes profondément attristés de voir le Nom de Dieu profané par le mal formulé en termes religieux.

Liberté religieuse

Encouragés dans notre travail par l’expression par le pape François de sa préoccupation pour le bien-être universel de tous, en particulier des pauvres et des opprimés, nous partageons la foi dans la dignité de tout individu comme un don de Dieu. Cela exige qu’on accorde à toute personne une pleine liberté de conscience et la liberté de l’expression religieuse des individus et des institutions, de façon privée et publique. Nous déplorons l’abus de la religion, l’utilisation de la religion à des fins politiques. Juifs et chrétiens nous condamnons ensemble la persécution pour des raisons religieuses.

Nous appelons les leaders politiques et les gouvernements, les individus, et les responsables religieux et les institutions, à agir pour assurer la sécurité physique et la protection légale de ceux qui exercent le droit fondamental à la liberté religieuse ; à protéger le droit de chacun à manifester sa foi religieuse ; à éduquer ses enfants en accord avec cette foi. Parmi les revendications religieuses attaquées aujourd’hui et qui tombent sous le droit d’être protégées, sont l’abattage rituel, la circoncision des garçons, et l’usage et la visibilité des symboles religieux en public.

Persécution des chrétiens

L’ILC a recommandé à la Commission vaticane pour les relations religieuses avec le judaïsme et à l’IJCIC de travailler ensemble sur des situations impliquant la persécution de minorités chrétiennes dans le monde, lorsqu’elles surviennent ; d’attirer l’attention sur ces problèmes et de soutenir les efforts pour garantir la pleine citoyenneté  à tous les citoyens indépendamment de leur identité religieuse ou ethnique au Moyen Orient et ailleurs. Plus encore, nous encourageons les efforts pour promouvoir le bien-être des minorités chrétiennes et des communautés juives au Moyen Orient.

Montée de l’antisémitisme

Comme le pape François l’a dit à diverses reprises, « un chrétien ne peut pas être antisémite ». Nous encourageons tous les responsables religieux à continuer à être une voix forte contre ce péché. La célébration du 50eanniversaire de Nostra Aetate, en 2015, est un moment privilégié pour réaffirmer sa condamnation de l’antisémitisme. Nous lançons un appel pressant pour que les enseignements antisémites soient éliminés de la prédication et des manuels partout dans le monde. De même, toute expression de sentiment antichrétien est également inacceptable.

Education

Nous recommandons que les séminaires juifs et catholiques incluent dans leurs parcours un enseignement sur Nostra Aetate, et sur les documents suivants du Saint-Siège mettant en oeuvre la Déclaration du Concile.

Alors qu’une nouvelle génération de responsables juifs et chrétiens se lève, nous soulignons la façon profonde dont Nostra Aetate a changé la relation entre juifs et catholiques. Il est impératif que la génération qui vient embrasse ces enseignements et s’assure qu’ils atteignent tous les coins du monde.

Devant ces défis, nous, catholiques et juifs, renouvelons notre engagement à éduquer nos communautés respectives dans la connaissance et le respect réciproque. Nous sommes d’accord pour coopérer pour améliorer les vies de ceux qui sont aux marges de la société : les pauvres, les malades, les réfugiés, les victimes du trafic d’êtres humains, et de protéger la création de Dieu des dangers des changements climatiques.

Nous ne pouvons pas faire cela tout seuls. Nous appelons tous ceux qui ont une position d’autorité et d’influence à nous rejoindre pour servir le bien commun de façon à ce que tous puissent vivre dans la dignité et la sécurité, et à ce que la justice et la paix l’emportent.

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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