Rendez visite aux prêtres et aux religieuses en maison de retraite, exhorte le pape François: ce sont comme des pèlerinages à un « sanctuaire ».
Le pape François a évoqué, dans son homélie de la messe de ce vendredi matin, 18 octobre, en la chapellle de la Maison Sainte Marthe, au Vatican, le « crépuscule » des apôtres, avec les grandes figures de Moïse, Jean-Baptiste et Paul: au milieu des angoisses, Dieu ne les a pas abandonnés.
Le pape a ainsi évoqué les prêtres et les religieuses qui vivent en maison de retraite et il a invité les catholiques à rendre visite à ces « sanctuaires de sainteté ».
Le pape a fait observer qu’au début de la vie apostolique, les disciples sont « jeunes » et « forts » et même les « démons s’enfuient à leur prédication ». Mais la première lecture présente Paul à la fin de sa vie: « c’est le crépuscule de l’apôtre ».
« Et lorsque je pense au crépuscule de l’apôtre, il me vient dans le cœur le souvenir de ces sanctuaires d’apostolicité et de sainteté que sont les maisons de retraite des prêtres et des sœurs : de bons prêtres, de bonnes religieuses, qui ont vieilli, avec le poids de la solitude, dans l’attente que le Seigneur vienne frapper à la porte de leur cœur. Ce sont de véritables sanctuaires d’apostolicité et de sainteté que nous avons dans l’Église. Ne les oublions pas, hein ! »
Des pèlerinages à ces sanctuaires-là
Le pape invite à regarder au-delà des apparences pour découvrir la beauté de ces lieux. « J’entends souvent, a-t-il dit, que l’on fait des pèlerinages au sanctuaire de la Vierge, de saint François, de saint Benoît, beaucoup de pèlerinages ».
« Mais je me demande si nous, chrétiens, nous avons envie de rendre une visite, qui sera un véritable pèlerinage, à ces sanctuaires de sainteté et d’apostolicité que sont les maisons de retraite des prêtres et des sœurs. Il y a quelques jours, l’un d’entre vous m’a dit que lorsqu’il allait dans un pays de mission, il allait au cimetière et il voyait toutes les tombes des vieux missionnaires, prêtres ou sœurs, qui étaient là depuis cinquante, cent, deux cents ans, inconnus. Et il m’a dit ‘Mais, on peut tous les canoniser, parce qu’à la fin, ce qui compte, c’est simplement cette sainteté au quotidien, cette sainteté de tous les jours’. Dans les maisons de retraite, ces sœurs et ces prêtres attendent le Seigneur un peu comme Paul, un peu tristes, c’est vrai, mais aussi avec une certaine paix, le visage joyeux. »
« L’apôtre a des débuts joyeux, enthousiastes, enthousiastes avec Dieu à l’intérieur, non ? fait observer le pape. Mais le déclin ne lui est pas épargné non plus. Et cela me fait du bien de penser au déclin de l’apôtre… Il me vient à l’esprit trois images : Moïse, Jean-Baptiste et Paul. Moïse est celui qui est à la tête du peuple de Dieu ; courageux, il luttait contre ses ennemis et il luttait aussi avec Dieu pour sauver son peuple : il était fort ! Et à la fin, il est seul, sur le Mont Nebo, il regarde la Terre promise, mais il est dépouillé de la possibilité d’y entrer. Il n’a pas pu entrer dans la promesse. »
Le dépouillement final
Jean-Baptiste lui aussi affronte des « doutes angoissants » et il « finit sous le pouvoir d’un gouvernant faible, ivre et corrompu, sous le pouvoir de l’envie d’une personne adultère et du caprice d’une danseuse ».
Paul parle de ceux qui l’ont abandonné ou qui se sont acharnés contre sa prédication: personne ne l’a assisté au tribunal. Mais Paul affirme: « le Seigneur, lui, m’a assisté et m’a rempli de force afin que, par moi, le message fût proclamé et qu’il parvînt aux oreilles de tous les païens ».
« C’est ce qu’il y a de grand dans cet apôtre qui fait de sa vie ce que Jean-Baptiste annonçait : ‘Il faut qu’il grandisse et que je diminue’. L’apôtre est celui qui donne sa vie pour que le Seigneur grandisse (…). Et Pierre aussi, avec la promesse : ‘Quand tu seras vieux, on te mènera où tu ne voudrais pas aller’ », a rappelé le pape.
Il a invité à « penser à cette étape de la vie » qu’est le crépuscule de l’apôtre et à prier : « Garde ceux qui sont à ce moment du dépouillement final, pour qu’ils te disent encore une fois seulement : ‘Oui, Seigneur, je veux te suivre !’ »
Avec Hélène Ginabat pour la traduction