« Depuis la résolution intolérable du Conseil de l’Europe, qui met sur le même plan la circoncision, acte légal et l’excision, terrible mutilation hors la loi, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) demande le retrait de cette résolution visant à interdire cette pratique », indique un communiqué qui annonce une pétition en ligne: cette résolution « est inconcevable pour tous ceux qui ont vécu la Shoah ».
Le 3 septembre dernier, à l’occasion d’une rencontre avec des représentants du Congrès juif mondial (WJC), le WJC et le Saint-Siège ont décidé d’un commun accord de dénoncer les attaques contre les minorités religieuses, tels les chrétiens coptes en Egypte et les tendances à restreindre des pratiques religieuses établies, comme la circoncision (cf. Zenit du 3 septembre 2013).
Une décision réaffirmée par la Déclaration finale de la 22e rencontre du Comité International de Liaison Catholique-Juif (ILC ou IC-JLC), qui s’est tenue à Madrid du 13 au 17 octobre 2013.
« Le respect de la liberté religieuse de chacun impose que cette résolution ne soit pas mise en œuvre en France ni même en Europe et que chacun se mobilise pour l’entraver », indique le CRIF.
Et d’ajouter: « La pétition mise en ligne sur le site du CRIF a recueilli en deux jours plus de 1700 signataires qui illustrent la diversité des sensibilités religieuses, philosophiques et politiques ».
Le site du CRIF explique ceci: « Au terme de la résolution 1952, adoptée le 2 octobre par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, les 47 États membres ont été invités à prendre des mesures contre les « violations de l’intégrité physique des enfants » et en particulier la circoncision. Shimon Peres a exigé le retrait du texte tandis que le gouvernement israélien a évoqué une « tache morale ». En effet, tous les Juifs, quel que soit leur degré de religiosité, restent très attachés à la circoncision. Pour beaucoup, c’est le dernier lien qui les relie au judaïsme. Il n’est pas envisageable de rompre cette tradition qui constitue l’unique signe physique de la solidarité intergénérationnelle.«
Il proteste aussi pour les raisons suivantes: « Cette décision est une remise en cause inacceptable de la liberté religieuse garantie par l’article 9 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.
« Elle porte atteinte à l’essence même du judaïsme et des traditions qui ont accompagné l’histoire du peuple juif de par le monde.
« Elle agresse les communautés juives d’Europe déjà exposées à une résurgence sans précédent de l’antisémitisme.
« Elle est insultante quand elle met sur un pied d’égalité la circoncision et à l’excision.
« Elle est dangereuse car elle stigmatise les Juifs et ouvre de nouveau la porte à toutes les formes de caricatures.
« Elle est inconcevable pour tous ceux qui ont vécu la Shoah.
« Nous vous appelons à une grande mobilisation citoyenne contre ce projet injuste qui bafoue notre identité et nos libertés individuelles.
« Nous vous appelons à résister pour que cette décision ne soit jamais mise en application en France comme ailleurs en Europe. »
Chaque année, le 1er janvier, le martyrologe romain invite les catholiques à faire mémoire de la Circoncision de Jésus: « Dans l’octave de la Nativité du Seigneur et le jour de sa Circoncision, solennité de la Sainte Mère de Dieu Marie » (In octava Nativitatis Domini et die eius Circumcisionis, solemnitas sanctae Dei Genitrix Mariae…). Jusqu’à Vatican II, on fêtait le Nom de Jésus et de la Circoncision de Jésus ce jour-là. C’est un fait historique de la théologie catholique.
L’évangéliste Luc, que l’on fête aujourd’hui dans l’Eglise catholique, mentionne ainsi la circoncision de Jésus : « Quand, après huit jours, il fallut circoncire l’enfant, on lui donna le nom de Jésus » (Luc 2, 21) .
Parmi les signatures de la pétition du CRIF, celles des Pères Patrick Desbois, Directeur du service national pour les relations avec le Judaïsme de la Conférence des évêques de France, Jean Dujardin, ancien Secrétaire du Comité épiscopal français pour les relations avec le Judaïsme, Antoine Guggenheim, Directeur du Pôle de recherche du Collège des Bernardins, et de Florence Taubmann, Pasteur, Présidente de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France.