Le pape François redit aux religieuses contemplatives que leur contemplation du Christ est la clef de leur maternité spirituelle : « Toujours avec Jésus-Christ, toujours. L’humanité de Jésus-Christ ! Parce que le Verbe est venu dans la chair, Dieu s’est fait chair pour nous, et cela vous donnera une sainteté humaine, grande, belle, mûre, une sainteté de mère. Et l’Eglise vous veut comme cela : des mères, mère, mère. Donner la vie. »
Il ajoute cet exemple : « Lorsque vous priez par exemple pour les prêtres, pour les séminaristes, vous avez avec eux un rapport de maternité ; par la prière vous les aidez à devenir de bons pasteurs du peuple de Dieu. »
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, de l’allocution prononcée ce 4 octobre après-midi d’abondance di cœur par le pape François, au monastère Sainte-Claire d’Assise, dans la salle du choeur, où se trouve le Crucifix de San Damiano qui a parlé à saint François : « Va, répare ma maison ».
Allocution du pape François
Je pensais que cette réunion serait comme nous l’avions fait deux fois à Castelgandolfo, dans la salle capitulaire, seul avec les sœurs, mais, je vous avoue, je n’ai pas eu le courage de renvoyer les cardinaux. Faisons donc ainsi.
Bien, je vous remercie beaucoup de votre accueil et de votre prière pour l’Eglise. Quand une sœur cloîtrée consacre toute sa vie au Seigneur, il se passe une transformation que l’on n’a jamais fini de comprendre. La pente normale de notre pensée est de croire que cette sœur s’isole, seule avec l’Absolu, seule avec Dieu, que c’est une vie ascétique, pénitente.
Mais tel n’est pas le chemin d’une sœur cloîtrée catholique, ou chrétienne. Le chemin passe par Jésus-Christ, toujours ! Jésus-Christ est au centre de votre vie, de votre pénitence, de votre vie communautaire, de votre prière, et aussi de l’universalité de la prière.
Et sur ce chemin il se passe le contraire de celui qui pense qu’elle est une sœur cloîtrée ascétique. Lorsqu’elle avance sur le chemin de la contemplation de Jésus-Christ, de la prière et de la pénitence avec Jésus-Christ, elle devient grandement humaine. Les sœurs cloîtrées sont appelées à avoir une grande humanité, une humanité semblable à celle de la Mère Eglise : humaines ; comprendre toutes les choses de la vie, être des personnes qui savent comprendre les problèmes humains, qui savent pardonner, qui savent demander au Seigneur pour les personnes. Votre humanité.
Et votre humanité passe par ce chemin : l’Incarnation du Verbe, le chemin de Jésus-Christ. Et quel est le signe d’une sœur si humaine ? La joie, la joie, lorsqu’il y a la joie ! Cela me rend triste lorsque je rencontre des sœurs qui ne sont pas joyeuses. Elles sourient peut-être mais, comme un sourire d’hôtesse de l’air. Pas avec le sourire de la joie, de celle qui vient de l’intérieur : toujours avec Jésus-Christ.
Aujourd’hui à la messe, en parlant du Crucifix, je disais que François l’avait contemplé avec les yeux ouverts, avec les plaies ouvertes, avec le sang qui coulait. Et telle est votre contemplation : la réalité. La réalité de Jésus-Christ. Pas des idées abstraites, pas des idées abstraites, parce qu’elles dessèchent la tête. La contemplation des plaies de Jésus-Christ ! Et il les a emportées au Ciel : il les a ! C’est le chemin de l’humanité de Jésus : toujours avec Jésus, Dieu-homme.
Et c’est pour cela que c’est si beau lorsque les gens vont au parloir des monastères et demandent des prières et disent leurs problèmes. Peut-être la sœur ne dit-elle rien d’extraordinaire, mais un mot qui lui vient justement de la contemplation de Jésus-Christ, parce que la sœur, comme l’Eglise, est sur le chemin de devenir experte en humanité. Et voilà votre chemin : pas trop de spirituel ! Quand il y a trop de spirituels, je pense à la fondatrice des monastères de votre concurrence, sainte Thérèse, par exemple. Quand une sœur venait à elle avec ces choses … elle disait à la cuisinière : « Donne-lui un bifteck ! » Toujours avec Jésus-Christ, toujours.
L’humanité de Jésus-Christ ! Parce que le Verbe est venu dans la chair, Dieu s’est fait chair pour nous, et cela vous donnera une sainteté humaine, grande, belle, mûre, une sainteté de mère. Et l’Eglise vous veut comme cela : des mères, mère, mère. Donner la vie.
Lorsque vous priez par exemple pour les prêtres, pour les séminaristes, vous avez avec eux un rapport de maternité ; par la prière vous les aidez à devenir de bons pasteurs du peuple de Dieu. Mais souvenez-vous du bifteck de sainte Thérèse ! C’est important. E voilà le premier (point) : toujours avec Jésus-Christ, les plaies de Jésus-Christ, les plaies du Seigneur. Parce que c’est une réalité qu’Il avait après la résurrection, et il les a emportées.
Et la deuxième chose que je voulais vous dire, brièvement, c’est la vie de communauté. Pardonnez, supportez-vous, parce que la vie communautaire n’est pas facile. Le diable profite de tout pour diviser ! Il dit : « Je ne veux pas dire du mal, mais… », et la division commence. Non, cela ne va pas, parce que cela ne conduit qu’à la division.
Soignez l’amitié entre vous, la vie de famille, l’amour mutuel. Et que le monastère ne soit pas un Purgatoire, que ce soit une famille. Les problèmes, il y a ne a, il y en aura, mais comme dans une famille, cherchez la solution avec amour ; ne détruisez pas une telle pour résoudre ceci ; n’entrez pas en compétition. Soignez la vie communautaire, parce que lorsqu’il en est ainsi dans la vie communautaire, des familles, c’est justement l’Esprit Saint qui est au milieu de la communauté.
Je voulais vous dire ces deux choses : toujours la contemplation, toujours avec Jésus, Jésus Dieu et homme. Et la vie communautaire, toujours avec un cœur grand. En laissant passer, ne pas se vanter, tout supporter, sourire de tout cœur. Et le signe de cela, c’est la joie. Et moi je demande pour vous cette joie qui naît justement de la vraie contemplation et d’une belle vie communautaire. Merci ! Merci de votre accueil. Je vous demande de prier pour moi, s’il vous plaît, ne l’oubliez pas ! Avant la bénédiction, prions la Madone. Ave Maria …
Transcription en italien publiée par la Salle de presse du Saint-Siège
Traduction de Zenit, Anita Bourdin