La mission et le service du bien commun, les relations entre l’Eglise universelle et les Eglises locales, la réforme de la curie et de la secrétairerie d’Etat, l’Eglise des pauvres, la pastorale familiale et matrimoniale, le rôle des laïcs dans le gouvernement de l’Eglise : autant de thèmes abordés par le Conseil des cardinaux, à la lumière de la théologie de l’Eglise élaborée par Vatican II (1er-3 octobre). Le thème et la date du prochain synode devraient être annoncés prochainement, vraisemblablement pour une réflexion sur l’être humain, le mariage et la famille.
Deux rencontres du P. Federico Lombardi s.j., avec la presse ont permis de percevoir les premiers axes de la réforme voulue par le pape, à partir d’une réflexion sur la conception de l’Eglise, « l’ecclésiologie », reflétée par le concile Vatican II. La secrétairerie d’Etat serait davantage considérée comme un « secrétariat du pape », au « service » de l’Église universelle et des Églises locales, et non un organe de pouvoir centralisé. C’est véritablement une nouvelle « Constitution » qui est en train d’être élaborée pour remplacer « Pastor Bonus » de 1988.
Temps, lieux, méthode
Le pape a participé aux réunions mardi, mercredi (sauf l’audience du matin) et jeudi (sauf l’audience pour Pacem in Terris). Les cardinaux ont concélébré la messe du matin à Sainte-Marthe, les trois jours.
La première réunion s’est tenue mardi matin dans la bibliothèque privée de la Terza Loggia, de l’appartement pontifical (inoccupé sauf pour des rencontres officielles et les angélus), mais les suivantes se sont déroulées à Sainte-Marthe, dans une petite salle, pour des raisons de commodité, tous les membres du Conseil logeant à Sainte-Marthe.
Les travaux sont « intenses et prolongés », a souligné le P. Lombardi : le matin, de 9h à 12h30 ; l’après-midi de 16h à 19h environ.
Chacun des participants a présenté une « synthèse » des suggestions rassemblées auparavant. Un « recensement » et une « classification » des grands thèmes à aborder ont ensuite été établis.
Le tout dans un climat « serein, détendu, ouvert, dans lequel il est plus facile de trouver des points communs ».
L’ecclésiologie de Vatican II
Mardi, 1er octobre, après une brève introduction du pape, la réunion a commencé par une réflexion sur « l’ecclésiologie du concile Vatican II » : le travail des cardinaux « ne se limite pas à des questions d’organisation », mais doit « permettre une ample respiration spirituelle et ecclésiologique ».
La réflexion sur l’Eglise a abordé les points suivants, a indiqué le P. Lombardi : « la mission de l’Église, le rapport entre l’Église universelle et les Églises locales, la communion et la participation – la collégialité, l’Église des pauvres, les laïcs dans l’Église, la dimension de service de toutes les institutions ecclésiales et la responsabilité de tous pour le bien commun. »
Le synode, thème et mode d’emploi
Dans l’après-midi de mardi, 1er octobre, le thème du Synode des évêques a été développé : il est important en raison de la « participation des évêques » du monde et parce qu’il est « urgent de lancer la préparation du prochain synode », c’est pourquoi Mgr Lorenzo Baldisseri, nouveau secrétaire du synode, a participé à la rencontre.
Les thèmes abordés ont été « les nouvelles modalités pour la réalisation du synode » (extraordinaire ou ordinaire), et « les suggestions pour l’amélioration du règlement ».
Le thème, la date et la façon dont se déroulera le synode devraient être annoncés prochainement, a ajouté le P. Lombardi : « le pape a déjà fait des allusions à un thème « anthropologique », qui parle de la personne humaine et de la famille à la lumière de l’Évangile ».
La réunion a d’ailleurs été l’occasion d’une « réflexion sur la manière d’aborder, et à qui confier, l’étude des thèmes de pastorale familiale et matrimoniale auxquels le pape s’est déjà référé à diverses occasions ».
Une nouvelle Constitution
D’autres thèmes liés à la réforme de la Curie, toujours à la lumière de sa « finalité », le « service rendu à l’Église universelle » ont été abordés : « la question est complexe et détaillée », elle comprend notamment le « rapport des dicastères avec le pape », leur « coordination » et « la fonction de la Secrétairerie d’État ». Et « de nombreuses suggestions ont été transmises » au Conseil des cardinaux : une « réflexion suivie » sera nécessaire.
Mardi après-midi, 2 octobre, le Conseil a travaillé précisément sur le thème de la réforme de la Curie. Selon le P. Lombardi, « l’orientation ne se résume pas à une simple mise à jour de Pastor Bonus, avec des retouches ou des modifications marginales, mais il s’agit de la rédaction d’une Constitution avec des nouveautés très consistantes. En somme, une nouvelle Constitution. »
Quels sont les principes qui guideront cette rédaction ? Les indications du Concile, à savoir « l’intention de mettre en relief la nature de « service » rendu par la Curie à l’Église universelle et aux Églises locales, plutôt que l’exercice d’un pouvoir centralisé ».
Nécessité d’une coordination
Il précise : « Un thème particulièrement important est naturellement celui des fonctions et du rôle de service de la Secrétairerie d’État qui doit être en tout état de cause le « Secrétariat du pape ». » Cette réflexion est particulièrement « utile au Saint-Père y compris en vue des orientations qu’il voudra donner à la prochaine Secrétairerie d’État qui entrera en fonction le 15 octobre », a ajouté le P. Lombardi.
Pour ce qui est des « rapports entres les chefs de dicastères et le pape et celui de la coordination entre les différents dicastères et bureaux », le Conseil a évoqué « l’hypothèse d’une nouvelle figure de « Modérateur de la Curie » et de ses éventuelles fonctions ».
Pour ce qui est d’une « réorganisation des institutions compétentes pour l’administration des biens temporels » et de « l’administration économique », la question a été « abordée » mais non « approfondie » : les cardinaux attendent le résultat du travail des Commissions instituées par le pape pour cela.
La place des laïcs
La réunion des cardinaux a été précédée d’un travail de collecte d’informations et suggestions des Eglises locales et la secrétairerie d’Etat a également remis au pape des rapports, ainsi que les dicastères romains. Parmi les suggestions des Eglises locales, les cardinaux ont relevé la question du rôle des laïcs que le P. Lombardi formule ainsi: « Comment faire en sorte que cette dimension de la réalité de l’Église soit reconnue et suivie dans le gouvernement de l’Église de manière toujours plus adéquate et efficace ? »
Ce jeudi 3 octobre, le Conseil a repris, pour les approfondir, entre autres, les questions déjà traitées mardi sur le synode des évêques pour préparer les décisions du pape sur ce thème dans les prochains jours, et afin de lancer le nouveau synode.
Les cardinaux ne sont pas des délégués
Enfin, pour ce qui est du Conseil, le P. Lombardi a précisé deux choses. D’une part, le document « chirographe », officiel, qui institutionnalise le Conseil, lui a conféré un statut juridique et une « stabilité » pour travailler dans le temps.
Quant aux membres du Conseil, ils ne sont pas des « délégués continentaux » mais des « membres du Collège des évêques qui ont u
ne expérience riche et qui viennent de diocèses importants », situés dans des parties du monde reflétant « les problématiques et les attentes de l’Église universelle ». Ils ont la confiance du pape « qui les apprécie beaucoup : des personnes sages, animées des mêmes sentiments que lui ».
La prochaine réunion du Conseil des cardinaux – «constitué pour aider le pape François dans le gouvernement de l’Eglise et la réforme de la curie romaine » – est fixée, ce jeudi 3 octobre, au terme de trois jours de travail, aux 3-5 décembre 2013. La réunion suivante aura lieu au mois de février 2014 : « De cette manière, le travail du Conseil, surtout dans cette phase initiale, pourra avancer rapidement », commente la salle de presse du Saint-Siège.
Avec Hélène Ginabat pour la traduction des briefings et Océane Le Gall