« En quel sens l’Église est-elle sainte, si nous voyons que l’Église historique, dans son chemin au long des siècles, a eu beaucoup de difficultés, de problèmes, de moments d’obscurité ? Comme une Église faite d’êtres humains, de pécheurs, peut-elle être sainte ? », demande le pape François avant de répondreen repartant du Christ: « Le Christ a aimé l’Église ».
C’est ainsi que l’Eglise est la maison où chacun peut être transformé par l’amour.
Lors de l’audience générale du mercredi matin, place Saint-Pierre (cf. l’album de Zenit sur facebook pour les photos), le pape François a poursuivi sa catéchèse sur le Credo, dans le cadre de l’Année de la foi, et il a commenté l’adjectif concernant l’Eglise: « sainte ».
Voici notre traduction intégrale de l’italien de la catéchèse du pape François.
Catéchèse du pape sur l’Eglise
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans le « Je crois en Dieu », après avoir professé : « Je crois en l’Église, une », nous ajoutons l’adjectif « sainte » ; nous affirmons ainsi la sainteté de l’Église, et c’est une caractéristique qui a été présente dès les débuts dans la conscience des premiers chrétiens, qui s’appelaient simplement « les saints » (cf. Ac 9,13.32.41 ; Rm 8,27 ; 1 Co 6,1), parce qu’ils avaient la certitude que c’est l’action de Dieu, l’Esprit-Saint qui sanctifie l’Église. Mais en quel sens l’Église est-elle sainte, si nous voyons que l’Église historique, dans son chemin au long des siècles, a eu beaucoup de difficultés, de problèmes, de moments d’obscurité ? Comme une Église faite d’êtres humains, de pécheurs, peut-elle être sainte ? Des hommes pécheurs, des femmes pécheresses, des prêtres pécheurs, des sœurs pécheresses, des évêques pécheurs, des cardinaux pécheurs, des papes pécheurs, tous, tous comme ça. Comment une Église comme cela peut-elle être sainte ?
1. Pour répondre à cette question, je voudrais me laisser guider par un passage de la Lettre de saint Paul aux chrétiens d’Éphèse. L’apôtre, prenant l’exemple des relations familiales, affirme que « le Christ a aimé l’Église : il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier » (5,25-26). Le Christ a aimé l’Église, il s’est donné tout entier sur la croix. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que l’Église est sainte parce qu’elle procède de Dieu qui est saint, qui lui est fidèle et ne l’abandonne pas au pouvoir de la mort et du mal (cf. Mt 16,18). Elle est sainte parce que Jésus-Christ, le Saint de Dieu (cf. Mc 1,24), lui est uni de manière indissoluble (cf. Mt 28,20) ; elle est sainte parce qu’elle est guidée par l’Esprit-Saint qui purifie, transforme, renouvelle. Elle n’est pas sainte en raison de nos mérites, mais parce que Dieu la rend sainte, elle est le fruit de l’Esprit-Saint et de ses dons. Ce n’est pas nous qui rendons l’Église sainte, c’est Dieu, l’Esprit-Saint qui, dans son amour, rend l’Église sainte.
2. Vous pourrez me dire : mais l’Église est faite de pécheurs, nous le voyons tous les jours. Et c’est vrai ; nous sommes une Église de pécheurs ; et nous, pécheurs, nous sommes appelés à nous laisser transformer, renouveler, sanctifier par Dieu. Il y a eu dans l’histoire la tentation de certains qui affirmaient : l’Église est seulement l’Église des purs, de ceux qui sont totalement cohérents, et les autres doivent en être éloignés. Cela, ce n’est pas vrai, c’est une hérésie. L’Église, qui est sainte, ne refuse pas les pécheurs – elle ne nous refuse pas, nous tous ; elle ne refuse pas parce qu’elle nous appelle tous – elle les accueille, elle est ouverte à ceux qui sont les plus éloignés, elle appelle tout le monde à se laisser envelopper par la miséricorde, la tendresse et l’amour du Père, qui offre à tous la possibilité de le rencontrer, de cheminer vers la sainteté. « Mais, mon Père, je suis un pécheur, j’ai de grands péchés, comment puis-je sentir que je fais partie de l’Église ? ». Mon cher frère, ma chère sœur, c’est précisément ce que désire le Seigneur, que tu lui dises : Seigneur, je suis là, avec mes péchés. Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui soit ici sans ses péchés ? Y a-t-il quelqu’un ? Personne. Personne d’entre nous, tous, nous portons avec nous nos péchés, mais le Seigneur veut nous entendre lui dire : « Pardonne-moi, aide-moi à avancer, transforme mon cœur ! » Et le Seigneur peut transformer les cœurs.
Dans l’Église, le Dieu que nous rencontrons n’est pas un juge impitoyable, mais il est comme le Père de la parabole de l’Évangile. Tu peux être comme le fils qui a quitté la maison, qui a touché le fonds en s’éloignant de Dieu. Quand tu as la force de dire : je veux rentrer à la maison, tu trouveras la porte ouverte. Dieu vient à ta rencontre parce qu’il t’attend toujours, Dieu t’attend toujours. Dieu te prend dans ses bras, il t’embrasse et il fait la fête. Le Seigneur est comme cela, la tendresse de notre Père est comme cela. Le Seigneur veut que nous fassions partie d’une Église qui sait ouvrir les bras pour accueillir tout le monde, qui n’est pas la maison d’un petit nombre, mais la maison de tous, où tous peuvent être renouvelés, transformés, sanctifiés par son amour, les plus forts et les plus faibles, les pécheurs, les indifférents, ceux qui se sentent découragés et perdus. L’Église offre à tous la possibilité de parcourir le chemin de la sainteté, qui est le chemin du chrétien : il nous fait rencontrer Jésus-Christ dans les sacrements, en particulier ceux de la Confession et de l’Eucharistie ; il nous communique la Parole de Dieu, il nous fait vivre dans la charité, dans l’amour de Dieu pour tous. Interrogeons-nous alors : est-ce que nous nous laissons sanctifier ? Sommes-nous une Église qui appelle et accueille les pécheurs à bras ouverts, qui donne du courage, de l’espérance, ou sommes-nous une Église fermée sur elle-même ? Sommes-nous une Église où l’on vit l’amour de Dieu, où l’on prête attention à l’autre, où l’on prie les uns pour les autres ?
3. Une dernière question : que puis-je faire, moi qui me sens faible, fragile, pécheur ? Dieu te dit : n’aie pas peur de la sainteté, n’aie pas peur de viser haut, de te laisser aimer et purifier par Dieu, n’aie pas peur de te laisser guider par l’Esprit-Saint. Laissons-nous contaminer par la sainteté de Dieu. Tout chrétien est appelé à la sainteté (Cf. Const. dogm. Lumen gentium, 39-42) ; et la sainteté ne consiste pas avant tout à faire des choses extraordinaires mais à laisser Dieu agir. C’est la rencontre de notre faiblesse avec la force de sa grâce, c’est avoir confiance en son action qui nous permet de vivre dans la charité, de tout faire avec joie et humilité, pour la gloire de Dieu et dans le service du prochain. Il y a une phrase célèbre de l’écrivain français Léon Bloy ; dans les derniers moments de sa vie, il disait : « Il y a une seule tristesse dans la vie, celle de ne pas être saints ». Ne perdons pas l’espérance de la sainteté, empruntons tous cette voie. Est-ce que nous voulons être saints ? Le Seigneur nous attend, tous, les bras ouverts, il nous attend pour nous accompagner sur cette route de la sainteté. Vivons avec joie notre foi, laissons-nous aimer par le Seigneur… demandons ce don à Dieu dans la prière, pour nous et pour les autres. Merci !
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat